UE : “L’industrie du biodiesel dans une mauvaise passe”

D’après le dernier baromètre "biocarburant 2011" du projet européen EurObserv’ER, les biocarburants ont continué en 2010 à se substituer à la consommation d’essence et de diesel dans les pays de l’union européenne.

Ils l’ont cependant fait à un rythme plus lent, confirmant la perte de vitesse de la croissance de la consommation de biocarburants dans l’union européenne. Dans le secteur des transports, l’augmentation n’a été que de 1,7 Mtep en 2010 contre une augmentation de 2,7 Mtep en 2009. la consommation totale de biocarburants devrait finalement être de l’ordre de 13,9 Mtep en 2010.

Avec une consommation totale de 13,8 Mtep en 2010, le taux d’incorporation des biocarburants dans le contenu énergétique de l’ensemble des carburants utilisés dans les transports de l’Union européenne ne devrait finalement pas dépasser les 4,7 %, à un peu plus d’un point de l’objectif de la directive sur les biocarburants de 2003 qui visait un taux d’incorporation de 5,75 % en 2010.

Cet objectif n’aura finalement été rempli que par une poignée de pays, soit 7 sur un total de 27, à savoir la Suède, l’Autriche, la France, l’Allemagne, la Pologne, le Portugal et la Slovaquie. Ces trois derniers pays ont attendu la dernière année pour atteindre leurs objectifs, tandis que les quatre premiers ont devancé leurs engagements européens depuis 2008.

Il convient en effet de préciser que l’objectif des 5,75 % reste valable jusqu’au 1er janvier 2012.
Les pays qui n’auront pas su tenir leurs engagements en 2010 auront donc une année de plus pour répondre aux exigences de la directive. Après cette date, cet objectif sera remplacé par celui spécifique de la nouvelle directive sur les énergies renouvelables qui vise pour 2020 une part de 10 % de renouvelables dans la consommation d’énergie finale des transports.

Cet objectif à 10 ans, qui inclut la part de l’électricité renouvelable utilisée dans les transports, devrait être rempli à 90 % par les biocarburants. Pour les pays ayant dépassé les objectifs d’incorporation de la directive biocarburants de 2003, la plus grande partie des efforts a donc déjà été réalisée. Il ne fait donc pas de doute que ces pays respecteront les objectifs de la nouvelle directive. Les efforts à réaliser seront plus importants pour les autres pays, car ils auront à changer de braquet pour atteindre les objectifs de 2020.

UE : "L'industrie du biodiesel dans une mauvaise passe"

L’industrie européenne du biodiesel dans une mauvaise passe

Les conditions de production de l’industrie du biodiesel ne se sont pas améliorées en 2010. La surcapacité de production, la diminution des marges et les importations massives pourraient conduire le secteur européen à amorcer une restructuration avec en ligne de mire la fermeture de capacités de production.

Selon l’EBB (European Biodiesel Board), la production de biodiesel européen n’a augmenté que de 5,8 %, soit une production de 9 570 000 tonnes en 2010, contre 9 046 000 tonnes en 2009. Si l’on rapproche ces chiffres des données de consommations européennes relevées par EurObserv’ER (12 084 034 tonnes en 2010 contre 10 872 416 tonnes en 2009), le volume théorique d’importation aurait atteint plus de 2 500 000 tonnes en 2010 contre un peu plus de 1 800 000 tonnes en 2009. La part des importations sur le marché européen aurait donc nettement augmenté, passant de 16,8 % en 2009 à 20,8 % en 2010. L’industrie européenne souffre de la concurrence du biodiesel importé, l’industrie espagnole étant particulièrement exposée. Le continent sud-américain a bénéficié en 2010 d’une récolte de soja (autre plante permettant la production de biodiesel) très abondante, ce qui lui a permis d’exporter une grande quantité de biodiesel à bas prix sur le marché européen. À l’inverse, l’augmentation du prix de l’huile de colza, principale matière première utilisée pour la fabrication de biodiesel en Europe, a affecté la rentabilité économique des unités de production européennes, accentuant la pression sur les marges.

UE : "L'industrie du biodiesel dans une mauvaise passe"

Pour 2011, les acteurs de la filière ne s’attendent pas à une forte augmentation des importations du biodiesel argentin mais à une forte augmentation des importations provenant d’Indonésie. Selon le PDG de Diester Industrie cité dans un article de Reuters, les importations indonésiennes pourraient passer de 120 000 tonnes à 500 000 tonnes en 2011. Il précise cependant que les propriétés chimiques de l’huile de palme limitent ses possibilités d’incorporation dans le carburant à 700 000 tonnes sur le marché européen.

La hausse des importations est préoccupante pour l’industrie européenne car le taux d’utilisation des capacités de production européennes est resté très faible en 2010
, en moyenne de 43 % pour une capacité de production de 22 257 000 tonnes (ta bleau 4).Il est resté à peine plus élevé qu’en 2009 où le taux était de 41,3 % pour une capacité de production de 21 904 000 tonnes. Certaines unités européennes ont dû être temporairement fermées car leur taux d’utilisation ne garantissait plus des marges suffisantes, marges déjà largement entamées par l’augmentation du prix des matières premières.

Dans cet environnement difficile, la filière européenne a accueilli avec satisfaction l’annonce du renforcement des mesures antidumping concernant le biodiesel importé d’Amérique du Nord. Dans un avis publié au Journal officiel de l’Union européenne, elle indique que des taxes antidumping seront désormais également appliquées au biodiesel importé du Canada, pur ou mélangé à plus de 20 % à d’autres carburants, qu’il ait été ou non produit dans ce pays. Pour les États-Unis, les taxes seront dues, que le biodiesel soit importé pur ou mélangé, et ce quel que soit son taux dans le mélange final.

L’Union avait déjà instauré en 2009 des taxes antidumping sur le biodiesel provenant des États-Unis, pour 211,20 à 237 euros la tonne, mais uniquement quand il était importé pur ou mélangé à hauteur de plus de 20 % à d’autres carburants. Ce résultat fait suite à une plainte de l’EBB (European Biodiesel Board) qui accusait ses concurrents américains de contourner les taxes en faisant transiter leur biodiesel par le Canada ou Singapour, ou en modifiant la composition de leurs mélanges pour qu’il y représente moins de 20 %. Deux producteurs canadiens de biodiesel, Biox Corporation et Roth say Biodiesel, qui représentent environ 90 % de la production au Canada, ont toutefois été exemptés des taxes antidumping.

Enfin, la situation de l’industrie européenne des biocarburants ne devrait pas s’améliorer en 2011, car la sécheresse printanière devrait affecter les rendements des deux principaux pays producteurs de colza, l’Allemagne et la France, ce qui devrait maintenir le cours de l’huile de colza à un niveau élevé et donc limiter une fois de plus les marges des industriels.

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Alexandre

Pas un mot sur le carburant FOSSILE consommé pour PRODUIRE et TRANSPORTER le biodiesel…Les taxes ne devraient pas être motivés par la concurrence mais par les transports (ce qui indirectement limitrait la concurrence de toute manière)

Pierrotb001

Savez vous que le bio-diesel utilise de l’huile de palme…qui tue des babouins en indonésie! Et le diesel aussi d’ailleurs (inclus 7% de végétal sur produi fini )