L’innovation technologique continue de repousser les limites de ce qui est possible, transformant des matériaux ordinaires en supports de stockage de données d’avant-garde. Une récente étude menée par l’Institut de Physique de l’État Solide à l’Université Technologique de Vienne (TU Wien) révèle comment un simple morceau de plastique, façonné par une imprimante 3D, est en mesure de devenir une unité de stockage de haute technologie pour des données précieuses, grâce à l’utilisation de rayons terahertz.
Le hologramme comme dispositif de stockage de données
Contrairement à une image ordinaire où chaque pixel occupe une position fixe, un hologramme est formé par l’apport simultané de toutes les zones du support. Ainsi, même en retirant une partie de l’hologramme, il est toujours possible de reconstituer l’image complète, bien que de manière potentiellement plus floue. Cette caractéristique unique permet de stocker l’information de manière distribuée sur l’ensemble du hologramme.
Evan Constable, de l’Institut de Physique de l’État Solide à TU Wien, explique : « Nous avons appliqué ce principe aux faisceaux terahertz. »
Ces rayonnements électromagnétiques, invisibles à l’œil nu, se situent dans une gamme de fréquences allant de cent à plusieurs milliers de gigahertz. En dirigeant ces rayons vers une fine plaque de plastique, presque transparente aux rayons terahertz mais possédant un indice de réfraction supérieur à celui de l’air ambiant, il est possible de modifier légèrement l’onde incidente en chaque point de la plaque.
Un morceau de plastique bon marché comme unité de stockage
En ajustant précisément l’épaisseur de la plaque en chaque point, les chercheurs ont réussi à encoder une adresse de portefeuille Bitcoin (composée de 256 bits) dans un morceau de plastique. Lorsqu’on illumine cette plaque avec des rayons terahertz de la longueur d’onde correcte, une image par rayons terahertz est créée, reproduisant exactement le code souhaité.
« De cette manière, vous pouvez stocker en toute sécurité une valeur de dizaines de milliers d’euros dans un objet qui ne coûte que quelques centimes », souligne Evan Constable.
Pour que la plaque génère le code correct, il est d’abord nécessaire de calculer l’épaisseur que doit avoir la plaque en chaque point, afin qu’elle modifie l’onde terahertz de la manière souhaitée.
Evan Constable et ses collaborateurs ont rendu le code permettant d’obtenir ce profil d’épaisseur disponible gratuitement sur Github.
« Une fois que vous avez ce profil d’épaisseur, il vous suffit d’utiliser une imprimante 3D ordinaire pour imprimer la plaque et vous avez ainsi stocké l’information souhaitée de manière holographique », explique Constable.
Cette recherche vise non seulement à rendre possible l’holographie avec des ondes terahertz, mais également à démontrer l’avancement de la technologie pour travailler avec ces ondes et la précision avec laquelle cette gamme encore inhabituelle de rayonnement électromagnétique peut déjà être utilisée aujourd’hui.
Article : « Encoding terahertz holographic bits with a computer-generated 3D-printed phase plate » – DOI:10.1038/s41598-024-56113-2
Légende illustration : Un morceau de plastique bon marché comme unité de stockage high-tech pour des objets de valeur. TU