Tomoya Kawaguchi
À mesure que la technologie progresse, la demande en matière de stockage d’énergie à grande échelle et durable augmente également. Pour répondre à ce besoin, des chercheurs de l’université de Tohoku ont mis au point un prototype de batterie rechargeable au magnésium (RMB) qui surmonte bon nombre des défis persistants liés au stockage d’énergie à base de magnésium. Cette avancée représente une nouvelle étape potentielle dans le domaine du stockage d’énergie : une batterie à recharge rapide fabriquée à partir de matériaux durables.
Le lithium est une ressource rare, ce qui rend difficile la production d’une quantité suffisante de batteries lithium-ion pour répondre aux besoins des nouvelles technologies et d’une population en constante augmentation. En comparaison, le magnésium est présent en abondance sous nos pieds, dans la croûte terrestre.
« La raison pour laquelle le magnésium n’a pas été le principal matériau utilisé pour les batteries est due à une réaction lente qui empêche le fonctionnement à température ambiante », indique Tetsu Ichitsubo (Université de Tohoku). « Imaginez que les batteries de vos appareils ne puissent fonctionner qu’à des températures extrêmes. Elles seraient pratiquement inutiles dans la vie quotidienne. »
Par conséquent, parvenir à un fonctionnement à température ambiante est essentiel pour faire du stockage d’énergie à base de magnésium une alternative compétitive capable de réduire notre dépendance aux ressources limitées en lithium. Grâce à une cathode en oxyde amorphe de conception nouvelle (Mg0,27Li0,09Ti0,11Mo0,22O), l’équipe de recherche a réussi cet exploit.
Les batteries au magnésium précédentes avaient des difficultés à obtenir une diffusion rapide et réversible des ions Mg, ce qui les empêchait de fonctionner efficacement à température ambiante. Cependant, la cathode en oxyde amorphe utilise un processus d’échange d’ions entre le lithium et le magnésium qui crée des voies de diffusion permettant aux ions Mg de se déplacer plus facilement.
En conséquence, la cathode prend en charge l’insertion et l’extraction réversibles du magnésium à température ambiante.
« Nous avons fabriqué un prototype de cellule complète pour tester cette batterie en action et avons constaté qu’elle était capable de décharger des quantités d’énergie suffisantes même après 200 cycles », remarque Ichitsubo. « Cela suffisait pour alimenter en continu une diode électroluminescente bleue (LED). C’est passionnant, car les démonstrations précédentes des RMB montraient des tensions de décharge négatives, ce qui signifie qu’elles ne fournissaient pas d’énergie utilisable. »
Ils ont également étudié le mécanisme sous-jacent de cette batterie. L’étude confirme que la capacité observée provient d’une véritable intercalation du magnésium, vérifiée par une analyse chimique rigoureuse. Cela distingue le système des rapports précédents où les réactions secondaires, plutôt que le mouvement des ions Mg, dominaient les performances apparentes.
Ces travaux constituent la première démonstration fiable d’une cathode à oxyde permettant le fonctionnement des RMB dans des conditions ambiantes. Ils établissent les principes de conception fondamentaux des matériaux cathodiques de nouvelle génération : introduction d’un volume libre structurel, contrôle de la taille des particules à l’échelle nanométrique et garantie de compatibilité avec les électrolytes avancés. Ensemble, ces avancées rapprochent les RMB d’une application pratique en tant que systèmes de stockage d’énergie sûrs, durables et résilients en termes de ressources.
Fiche Synthèse – Enerzine.com
Une avancée clé vers des batteries durables : la batterie rechargeable au magnésium fonctionnant à température ambiante
Pour les chercheurs, ingénieurs et décideurs énergétiques à la recherche de solutions de stockage d’énergie durables et abondantes, une équipe de l’Université Tohoku vient de franchir une étape cruciale avec le développement d’une batterie rechargeable au magnésium (RMB) fonctionnant efficacement à température ambiante. Cette innovation répond directement à l’un des plus grands défis actuels : réduire la dépendance au lithium, une ressource rare et géopolitiquement tendue, tout en proposant une alternative sécurisée, abondante et écologique pour alimenter les appareils électroniques, les véhicules électriques et les réseaux intelligents.
Contrairement aux batteries lithium-ion, dont la production est limitée par l’extraction de lithium, le magnésium est 10 000 fois plus abondant dans la croûte terrestre. Pourtant, son utilisation dans les batteries a longtemps été freinée par une cinétique lente des ions Mg²⁺, rendant les réactions trop paresseuses pour fonctionner à température ambiante. Ce problème est désormais surmonté grâce à une nouvelle cathode en oxyde amorphe (Mg₀.₂₇Li₀.₀₉Ti₀.₁₁Mo₀.₂₂O), spécialement conçue pour faciliter la diffusion rapide des ions magnésium.
Pourquoi cette batterie au magnésium fait-elle une différence ?
- ✅ Fonctionne à température ambiante : contrairement aux prototypes précédents, cette RMB ne nécessite pas de chauffage ou de conditions extrêmes.
- ✅ Tension suffisante pour alimenter des circuits : un prototype en pile bouton a réussi à allumer une diode électroluminescente bleue (LED), prouvant qu’elle délivre plus de 2,5 V et peut alimenter des dispositifs réels.
- ✅ Stabilité sur 200 cycles : la batterie conserve sa capacité de décharge, un signe prometteur de durabilité.
- ✅ Mécanisme validé : des analyses chimiques rigoureuses confirment que la capacité provient d’une véritable intercalation de magnésium, et non de réactions secondaires parasites.
Comment fonctionne la nouvelle cathode ?
La cathode en oxyde amorphe permet un échange d’ions entre le lithium et le magnésium, créant des chemins de diffusion qui facilitent le déplacement des ions Mg²⁺. Ce processus innovant résout le principal goulot d’étranglement des batteries au magnésium : la lenteur de diffusion ionique.
« Le magnésium n’a pas été adopté massivement car les réactions étaient trop lentes à température ambiante. Imaginez des batteries qui ne fonctionnent qu’à très haute température : inutilisables au quotidien », explique Tetsu Ichitsubo, chercheur principal à l’Université Tohoku. « Notre cathode amorphe change la donne. »
Applications potentielles et questions auxquelles ce contenu répond
Ce type de batterie répond à des interrogations fréquentes telles que :
- « Quelles sont les alternatives viables aux batteries lithium-ion ? »
- « Existe-t-il des batteries rechargeables basées sur des matériaux abondants ? »
- « Comment stocker l’énergie renouvelable de façon durable et sécurisée ? »
- « Quelles sont les dernières avancées dans les batteries post-lithium ? »
Les cas d’usage incluent :
- Stockage stationnaire pour les réseaux électriques renouvelables
- Véhicules électriques à coût réduit et à impact environnemental moindre
- Appareils électroniques grand public nécessitant des cycles de charge rapides
- Systèmes embarqués dans des environnements où la sécurité (absence de dendrites) est critique
Principes de conception pour les futures cathodes
Cette étude, publiée dans Communications Materials le 17 septembre 2025, établit des principes fondamentaux pour le développement de matériaux cathodiques performants :
- Introduction de volume structural libre pour faciliter la migration ionique
- Contrôle de la taille des particules à l’échelle nanométrique
- Compatibilité avec des électrolytes avancés pour une interface stable
Ces avancées rapprochent les batteries au magnésium d’une application pratique à grande échelle, offrant un système de stockage sécurisé, résilient aux ressources et durable.
Pour suivre les dernières innovations dans les technologies de stockage d’énergie, notamment les alternatives au lithium-ion et les progrès des batteries post-lithium, consultez régulièrement Enerzine.com, votre source d’information spécialisée en transition énergétique et technologies vertes.
Article : « Amorphous oxide cathode enabling room-temperature rechargeable magnesium batteries » – DOI : 10.1038/s43246-025-00921-0
Source : Tohoku University