Une jeune entreprise chinoise basée à Pékin, Noetix Robotics, vient de commercialiser un robot ayant une forme humaine au prix de 9 988 yuans, soit environ 1 200 euros. Baptisé Bumi, ce petit robot de 94 centimètres pèse 12 kilogrammes et s’adresse aux familles et aux écoles. Selon l’article publié dans le South China Morning Post, le lancement en prévente a immédiatement rencontré un véritable succès. Ainsi, plus de 100 exemplaires vendus la première heure, et 500 robots écoulés en seulement deux jours sur la plateforme de vente en ligne JD.com. Le tarif proposé positionne Bumi comme l’un des robots humanoïdes les plus abordables au monde, bien loin des dizaines de milliers de dollars habituellement demandés pour ce type de technologie, comme le robot domestique 1X annoncé récemment.
Pourquoi Bumi coûte-t-il si peu cher ?
Pour comprendre l’exploit de Noetix, il faut savoir que les robots humanoïdes coûtent généralement entre 6.000 dollars pour le modèle R1 de la société Unitree et 20 000 dollars pour l’Optimus de Tesla. Certains modèles industriels atteignent même plusieurs millions de dollars. Bumi, lui, coûte l’équivalent d’un iPhone haut de gamme vendu en Chine. Comment l’entreprise a-t-elle réussi à diviser le prix par quatre ou cinq ? Selon le fondateur Jiang Zheyuan interrogé par TechNode, trois choix stratégiques expliquent cet exploit.
Premièrement, Noetix fabrique elle-même les composants essentiels du robot comme les circuits électroniques qui contrôlent ses mouvements au lieu de les acheter à des fournisseurs extérieurs, ce qui élimine les coûts intermédiaires. Deuxièmement, l’entreprise a complètement repensé la construction du robot en utilisant des matériaux légers appelés « composites » (des plastiques renforcés), réservant le métal uniquement aux zones soumises à des forces importantes. En conséquence, Bumi pèse seulement 12 kilogrammes. Cela leur permet d’utiliser des moteurs plus petits, moins coûteux, et une batterie plus légère. Troisièmement, presque toutes les pièces ( moteurs, capteurs, processeurs Rockchip ) proviennent de fournisseurs chinois locaux, ce qui réduit les frais de transport et accélère la fabrication.
Un compagnon éducatif, pas un assistant ménager
Contrairement à ce que l’on voit dans les films de science-fiction, Bumi n’est pas conçu pour faire le ménage ou préparer les repas. L’entreprise a choisi une approche réaliste. Il sert avant tout à éduquer et à divertir les enfants. Les vidéos de démonstration montrent Bumi en train de danser, d’interagir avec les enfants et de servir d’outil d’apprentissage pour l’école. Comme l’explique le fondateur, la taille modeste de 94 centimètres a été soigneusement choisie : « Nous voulions éviter l’effet « uncanny valley » avec les enfants tout en veillant à ce que le robot puisse s’intégrer naturellement dans les maisons et les salles de classe. ».
Bumi possède en effet 21 articulations mobiles, lui donnant la capacité de marcher, garder son équilibre et même danser. Il comprend les commandes vocales et peut converser simplement avec les utilisateurs grâce à son système de reconnaissance vocale intégré. Pour les aspects éducatifs, Noetix a développé une interface de programmation visuelle simple, permettant aux enfants d’apprendre les bases du codage sans connaissances techniques préalables. Quant à la batterie, elle offre une à deux heures d’utilisation selon l’intensité des mouvements.
Un financement qui valide le projet
Le lancement de Bumi coïncide avec une levée de fonds importante. Près de 300 millions de yuans, soit 41 millions de dollars ont été apportés par des investisseurs, notamment le fonds d’investissement Vertex Ventures. Cet argent frais valide le pari de Noetix par le fait de prouver qu’un prix accessible peut accélérer l’adoption des robots humanoïdes par le grand public.
L’entreprise prévoit de produire 1 000 robots par mois d’ici fin 2025 grâce à ses usines installées à Pékin et Changzhou, avec un troisième site de production en projet. Bumi a également la capacité de s’intégrer à l’écosystème Joy Inside 2.0 et offre des interfaces de programmation ouvertes, permettant aux développeurs d’enrichir ses fonctionnalités.
Vers des robots dans chaque foyer ?
L’arrivée de Bumi arrive dans une tendance plus large observée en Chine. Le marché chinois des robots humanoïdes pourrait dépasser les 10 000 unités vendues en 2025 et marquer le début d’une commercialisation de masse selon les analystes du secteur. En effet, les technologies deviennent plus matures, le gouvernement chinois soutient activement l’industrie robotique, et les infrastructures de production peuvent absorber des volumes croissants.
Les familles vont-elles réellement intégrer des robots humanoïdes dans leur quotidien ? Les premiers chiffres de vente suggèrent un intérêt réel, mais le succès à long terme dépendra de la capacité de Noetix à élargir les usages possibles et à fidéliser une communauté d’utilisateurs.
Source : Noetix Robotics











