La fusion nucléaire, souvent considérée comme la source d’énergie ultime, pourrait bientôt franchir un cap décisif grâce aux travaux de chercheurs du MIT. Leur innovation vise à résoudre un problème majeur : la dégradation rapide des parois du réacteur due à l’accumulation d’hélium. Cette avancée pourrait accélérer le développement de centrales à fusion, offrant une énergie propre et abondante pour répondre aux besoins énergétiques futurs.
La fusion nucléaire repose sur la combinaison d’atomes légers pour former des atomes plus lourds, libérant ainsi une quantité colossale d’énergie. Ce processus génère des neutrons à haute énergie qui traversent les parois du réacteur, transférant leur chaleur à un liquide de refroidissement. Le problème survient lorsque ces neutrons interagissent avec les matériaux des parois, produisant des atomes d’hélium qui s’accumulent et fragilisent la structure.
Le professeur Ju Li du MIT donne son avis sur la question : «Les atomes d’hélium aiment se regrouper dans des zones où l’énergie nécessaire pour s’insérer est faible.» Ces zones, appelées joints de grains, sont des espaces naturels entre les cristaux métalliques composant les parois. L’accumulation d’hélium à ces endroits provoque des fissures, réduisant considérablement la durée de vie du réacteur.
Une solution ingénieuse : détourner l’hélium
L’équipe du MIT a développé une approche novatrice pour résoudre ce problème. Leur idée ? Ajouter des nanoparticules d’un matériau spécifique aux parois métalliques du réacteur. Ces particules agissent comme des «pièges à hélium», attirant les atomes loin des joints de grains vulnérables.
So Yeon Kim, chercheuse impliquée dans l’étude, précise à son tour : «Nous avons cherché des composés capables d’absorber l’hélium plus efficacement que les joints de grains du métal.»
Après avoir examiné près de 50 000 composés, l’équipe a identifié le silicate de fer comme candidat prometteur pour protéger les parois en fer du réacteur.
Les expériences menées ont confirmé l’efficacité de cette approche. En ajoutant seulement 1% de silicate de fer aux parois métalliques, les chercheurs ont observé une réduction de moitié du nombre de bulles d’hélium et une diminution de 20% de leur taille. Plus important encore, ces bulles étaient réparties uniformément dans le matériau plutôt que concentrées aux joints de grains.
Vers des réacteurs à fusion plus durables
L’innovation du MIT pourrait prolonger significativement la durée de vie des réacteurs à fusion, rendant cette technologie plus viable économiquement. Les chercheurs ont déjà développé des poudres compatibles avec l’impression 3D, ouvrant la voie à la fabrication de composants intégrant directement leur solution.
Le professeur Li tient pour sa part à souligner : «Nous sommes prêts à imprimer en 3D des matériaux structurels capables de relever tous les défis posés par l’enceinte sous vide d’un réacteur à fusion.» Cette avancée pourrait accélérer le développement de centrales à fusion commerciales, rapprochant ainsi la perspective d’une source d’énergie propre, sûre et pratiquement inépuisable.
La fusion nucléaire promet de fournir une énergie abondante sans émissions de carbone, utilisant le deutérium extrait de l’eau de mer comme combustible. En surmontant l’obstacle de la dégradation rapide des matériaux, les travaux du MIT contribuent à rendre cette technologie plus réalisable à grande échelle.
Bien que des défis subsistent, cette recherche représente un pas important vers la concrétisation de la fusion nucléaire comme source d’énergie viable. Elle illustre comment des innovations en science des matériaux peuvent avoir un impact considérable sur le développement de technologies énergétiques d’avenir.
Légende illustration : Échantillons du composite de l’équipe du MIT : La marque noire sur l’échantillon affiché indique l’endroit où l’échantillon a été soumis à l’implantation d’hélium. L’imagerie ultérieure au microscope électronique à transmission permet aux chercheurs de déterminer à quel endroit de la microstructure de l’échantillon des bulles d’hélium se sont formées. Crédit : Gretchen Ertl
Article: « Demonstration of Helide formation for fusion structural materials as natural lattice sinks for helium » – DOI: j.actamat.2024.119654