Växjö : un modèle suédois de développement écologique

Cette commune de 80 000 habitants a ainsi diminué de 24 % ses émissions de CO2 entre 1993 et 2005. Et elle espère les réduire de moitié d’ici à 2010. Un engagement salué par la Commission européenne, qui lui a décerné le premier prix de l’énergie durable pour l’Europe.

Växjö est devenu un exemple, sur le plan national comme à l’étranger, pour tous ceux qui veulent démontrer que la durabilité est payante. Un mode de pensée écologique collectif, au cours des dernières décennies, a permis d’obtenir des gains économiques, en même temps qu’un air plus pur et des eaux plus claires. Tout avait démarré par une catastrophe écologique. Dans les années 60, deux des lacs de Växjö furent gravement pollués. Un immense projet de sauvetage fut lancé dans les années 70 et les méthodes utilisées sur le Lac Trummen obtinrent une reconnaissance mondiale grâce à leur efficacité.

Depuis, de nombreuses autres mesures ont été prises en faveur de l’environnement. Sarah Nilsson, responsable de la planification énergétique au sein de la municipalité, fait partie des concepteurs du programme « Pas de combustible fossile à Växjö ». Un programme adopté à l’unanimité par les responsables politiques locaux en 1996, stipulant que les émissions de dioxyde de carbone fossile par habitant devront avoir diminué de moitié en 2010, par rapport à 1993.

La Société suédoise de conservation de la nature a également exercé une influence importante. Växjö avait besoin d’une autorité environnementale, de quelqu’un qui puisse désigner les problèmes et déterminer si Växjö est sur la bonne voie. La société a envoyé des experts pour former élus et fonctionnaires qui sont aujourd’hui incollables sur le réchauffement climatique et les gaz à effet de serre.

Plus de 60 % de la surface de Växjö est couverte de forêts. Ce qui fait de la production de bois l’un des principaux secteurs industriels. La biomasse bois peut paraître un choix d’énergie écologique évident pour une telle population, mais lorsque la centrale thermique de Växjö a commencé à chercher des alternatives au pétrole au début des années 1980, c’était loin d’être le cas. Les frais d’investissement étaient alors considérables et il existait peu ou quasiment pas de fournisseurs de biomasse.

Depuis, Växjö est devenu le pionnier suédois de la biomasse bois, dans un pays lui-même très boisé. Aujourd’hui 14.000 appartements, 1.700 maisons, l’hôpital, des hôtels et des entreprises sont connectés au réseau de chaleur. Aujourd’hui, les deux tiers du chauffage de Växjö proviennent de ce combustible. En outre, dix ans après le lancement du programme « Pas de combustible fossile à Växjö », les émissions de CO2 par habitant ont baissé de 21 %. La plupart des diminutions ont été réalisées dans le secteur du chauffage, mais également dans ceux de l’électricité et des transports.

La biomasse a également été bénéfique pour le porte-monnaie des usagers. Les investissements et efforts initiaux commencent à porter leurs fruits, à la fois pour ceux qui se chauffent par la centrale locale, et sous forme de bénéfices pour ceux qui l’exploitent. Sarah Nilsson reconnaît que le travail environnemental représente, tout d’abord, un combat important. Quels que soient les changements à apporter, ils sont incontestablement plus onéreux au départ que la solution présente.

Pour aider les politiciens à voir au-delà des finances actuelles, Växjö a lancé un "ecobudget", un modèle de budget environnemental. Il est conçu pour démontrer aux décideurs comment économiser des ressources naturelles, un peu comme on doit éviter de dilapider ses avoirs financiers.

Le prochain défi majeur de Växjö concerne les transports. Les énergies renouvelables ne couvrent que 2 à 3 % de la consommation en carburant des véhicules. Et ce malgré les primes à l’achat de voitures propres, les parkings gratuits et autres mesures incitatives mises en place par la ville pour encourager. Växjö mise donc sur la fabrication locale de biocarburants. Depuis quelques années, la station de traitement des eaux usées produit du biogaz à partir des boues d’épuration. Le combustible permet de couvrir en partie les besoins en électricité du site et, depuis peu, il est vendu aux particuliers. Certes, la production reste limitée. Mais Steve Karlsson, responsable du projet, espère pouvoir l’augmenter en utilisant les déchets ménagers produits par les habitants.

L’université de Växjö dirige pour sa part un programme international de recherche, financé en partie par l’Union européenne, visant à développer un nouveau biocarburant le diméthyléther (DME) à partir de la biomasse. Des experts originaires de huit pays européens participent à ce projet, baptisé Chrisgas et financé par l’Union Européenne et l’Agence suédoise à l’énergie.

En 2006, les élus se sont fixé de nouveaux objectifs pour les dix ans à venir. Växjö s’est engagée à réduire de 20 % sa consommation d’électricité par habitant d’ici à 2015, et à diminuer de 70 % ses émissions de CO2 avant 2025. La municipalité veut aussi encourager l’agriculture biologique, augmenter le recyclage des déchets ménagers, réduire sa consommation de papier, étendre la surface de ses réserves naturelles et limiter les rejets de nitrates dans les lacs. Quand on demande au Maire de Växjö si l’écologie est compatible avec le développement économique, sa réponse est immédiate : « Nous savons ici qu’économie et écologie sont deux concepts qui vont ensemble, même si ce n’est pas évident au premier abord ».

A quelques semaines du « Grenelle » de l’Environnement souhaité par le Président de la République, l’exemple de Växjö nous montre à quel point les collectivités locales ont un rôle d’expérimentation et de laboratoire déterminant à jouer pour sortir de l’ère des énergies fossiles et montrer que développements économique et écologique sont désormais inséparables.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par René Tregouet

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