6 collectifs agricoles adoptent l’agrivoltaïsme pour s’adapter aux aléas climatiques

Yonne : 6 collectifs agricoles adoptent l'agrivoltaïsme pour s'adapter aux aléas climatiques

Ils sont près d’une soixantaine d’agriculteurs icaunais à avoir fait le même constat sur le département : l’agrivoltaïsme est une des meilleures solutions pour atténuer les impacts des aléas climatiques qui les frappent de plus en plus fréquemment et précocement : gel au mois d’avril, grêle au mois de mai, sécheresse et canicule dès le mois de juin…

De l’idée à l’action, ces exploitants ont décidé il y a 2 ans de se regrouper en collectifs pour étudier la faisabilité et la pertinence de combiner productions agricole et énergétique sur leurs parcelles pour la plupart à faibles rendements.

Dans une vidéo, ils expliquent sans détour les contraintes auxquelles ils font face aujourd’hui et ce qu’ils attendent concrètement de la solution agrivoltaïque à l ’étude sur leurs parcelles.

À Arcy-sur-Cure, l’association des « Champs ensoleillés du Beugnon » regroupe 6 exploitants principalement céréaliers. Leur projet vise à installer une éleveuse ovine et à tester des cultures nouvelles telles que la luzerne et les plantes à parfum aromatiques et médicinales (PPAM). La prise en compte des enjeux environnementaux a conduit à réduire la surface du projet de 160 ha à 130 ha. Après avoir pris conseil auprès de la Fédération Nationale Ovine (FNO) et d’autres pairs, ils ont dimensionné techniquement, juridiquement et économiquement le projet d’installation d’une nouvelle exploitation ovine à Arcy -sur- Cure, afin d’offrir à l’éleveuse de bonnes conditions d’entrée et une perspective de circuit court pour faire vivre l’élevage.

À Blannay et Voutenay-sur-Cure, les 7 agriculteurs de l’association « Agribio Energies », voisins de parcelles, ont pour objectif de développer une agriculture biologique et de mettre en œuvre des cultures résilientes sur une surface de 90 ha. Leur projet intitulé « Les récoltes du soleil » se concentrent sur des cultures basses en agriculture biologique : luzerne, soja, épeautre, lentille, ainsi que des cultures auxiliaires de type mélange prairial afin de permettre à un éleveur de St-Père d’accéder à du foncier agricole sécurisé pour agrandir sa troupe ovine et y faire paître son cheptel.

Sur les communes de Arthonnay, Quincerot, Mélisey, Thorey, Trichey, Rugny et Quincerot, 15 exploitations agricoles se retrouvent au sein de l’association des Energies des Hauts-Plateaux de l’Yonne (EHPY) pour représenter une surface mutualisée de 200 ha de terres peu profondes et caillouteuses. À ce jour, les projets étudiés concernent principalement la production de céréales bio, la culture de PPAM et l’élevage ovin. L’ambition est de commercialiser les productions sous une marque locale et de contribuer à la réflexion portée par l’intercommunalité qui a un projet de cuisine centrale.

À Noyers, Censy et Annay-sur-Serein, les 12 membres d e l’association des « Champs solaires nucériens » ont d’abord étudié une zone de 320 ha de sols argilo-calcaires très superficiels à très faible réserve utile. Dans ce contexte pédoclimatique complexe, les seuils de rendement baissent année après année. L’évitement des enjeux environnementaux et paysagers a conduit à sélectionner une surface de 190 ha. Le projet agrivoltaïque vise à réintroduire l’élevage ovin sur ces plateaux par l’installation de jeunes agriculteurs mais aussi par la pratique de la polyculture élevage avec certains exploitants.

Également, l’élevage de poulets de chair et de poules pondeuses sont projetés tout comme la mise en place de nouveau atelier s agricoles de plantes aromatiques (thym, origan, sauge, romarin) et de truffières. Dans le cadre de la concertation avec le public, une attention toute particulière est apportée au cadre patrimonial du village de Noyers -sur- Serein, inscrit comme l’un des plus beaux villages de France.

Enfin, l’association agrivoltaïque de Grimault, à l’initiative du projet de ferme agrivoltaïque de Villiers-la-Grange, regroupe 11 agriculteurs sur une zone d’étude de 80 ha de terres à très faibles rendements. Le projet est hybride : élevage ovin en pâturage tournant dynamique, production céréalière, culture de plantes aromatiques et productions truffières.

À Précy-le-Sec, le collectif du même nom regroupe 11 exploitants installés sur des terres à très faibles rendements, peu profondes et caillouteuses. Sur leur zone de projet d’une
surface de 110 ha, ils cherchent à diversifier l’activité pour gagner en résili ence. La réflexion s’oriente en grande partie sur de l’élevage ovin.

A l’exception de ce dernier projet, le plus récent, tous ont fait l’objet d’une concertation avec leurs territoires respectifs

Au paroxysme des difficultés, la recherche d’un nouveau filet de sécurité

Dénominateur commun à ces projets : ils sont tous situés dans ce qu’on appelle la « zone intermédiaire », espace géographique caractérisé par une forte exposition aux handicaps
naturels comme le faible rendement des sols à la fois calcaire, caillouteux voire pierreux, et la pression accrue du dérèglement climatique sous toutes ses formes extrêmes : gel,
grêle, intempéries excessives, sécheresse précoce, canicule record…

Une définition partagée avec la Chambre d’agriculture de l’ Yonne qui parle dans cette situation d’une « agriculture de faible résilience au paroxysme des difficultés ». « Au regard des contraintes naturelles qui caractérisent la zone intermédiaire, un rééquilibrage des aides doit intervenir afin de doter les exploitations de ladite zone d’un filet de sécurité en matière de modèle économique durable » précise aussi la chambre.

Régulièrement pénalisés par les sinistres climatiques successifs qui impactent directement le coût du système assurantiel des exploitations, ces agriculteurs icaunais assument aujourd’hui pleinement leur choix d’expérimenter un nouveau filet de sécurité :

L’agrivoltaïsme

Une innovation qu’ils souhaitent aussi mettre en œuvre pour apporter des réponses adaptées aux enjeux récurrents de leur filière liés aux caractéristiques de leur territoire : développer des circuits de proximité, produire avec moins d’intrants, limiter l’irrigation, réintroduire l’élevage dans les systèmes d’exploitations, diversifier les sources de valeur ajoutée par la création de nouveaux ateliers : volailles de chair, poules pondeuses, plantes aromatiques, trufficulture, etc…

Objectif global de la stratégie agrivoltaïque des 6 collectifs de l’Yonne co-construite en partenariat avec GLHD : consolider le modèle économique de leurs exploitations pour réduire l’impact des difficultés économiques qui les frappent de plus en plus fréquemment et leur donner les moyens de se transformer et de se diversifier afin de mieux valoriser leurs sols à faible potentiel.

L’ensemble des projets représenterait une puissance installée de près de 600 MWc, soit environ 1% de la consommation énergétique régionale qui s’est fixé un objectif de 32% à l’horizon 2030.

20 kilomètres de haies recréées

Les projets agrivoltaïques décrits dans ce document v ont entraîner la création de 20 kilomètres de haies en bordures des parcelles. L’information n’est pas anodine. En effet, les haies avaient disparu pendant les trente glorieuses au motif qu’elles représentaient un obstacle à la productivité agricole. Leur retour est aujourd’hui largement conseillé et encouragé dans nos campagnes. Et pas seulement pour faciliter l’insertion de parcs photovoltaïques dans les paysages.

Elles sont notamment identifiées parmi les solutions fondées sur la nature pour augmenter les capacités de stockage de carbone. Selon la stratégie nationale bas carbone (SNBC), l’objectif est d’augmenter d’ici à 2050 la taille du puits de carbone de l’hexagone constitué en grande partie de son couvert végétal.

Leur rôle important dans l’atténuation des effets du dérèglement climatique avait déjà été formalisé au titre des mesures agro-environnementales et climatiques 2015-2022.

Localisées de manière favorable au regard des enjeux de co-visibilité, les haies représentent aussi des écosystèmes à part entière, lieux de vie et de nourriture, d’abri et d’ombre, de reproduction de nombreuses espèces animales et végétales inféodées à ce type de milieu. Source de bois local et durable aussi.

Dans ce cadre, les services de l’État ont l’habitude de souligner que les haies « constituent un obstacle physique qui diminue la vitesse des ruissellements ainsi que celle du vent, limitant ainsi le transport des particules solides (limons et sables), des éléments fertilisants et des matières actives (objectifs lutte contre l’érosion et qualité des eaux). Le réseau racinaire dense, puissant et profond des ligneux composant la haie remonte les éléments minéraux ayant migré en profondeur (objectif protection de l’eau), favorise l’infiltration des eaux en excès et stabilise le sol (objectifs lutte contre les risques naturels et lutte contre l’érosion). »

Outre leur contribution efficace au stockage de carbone dans les sols, les haies apportent donc de multiples fonctions environnementales.

On note enfin qu’elles peuvent représenter un apport intéressant en matière d’attractivité du territoire. En valorisant le paysage, elles participent à ce qu’on appelle l’agritourisme.

À propos de GLHD
La société Green LightHouse Développement a été créée à Martillac près de Bordeaux en
février 2018 par David Portales et Jean-Marc Fabius après avoir conduit chacun des projets
d’énergies renouvelables en France et à l’international pendant plus de 20 ans.

La mise en commun de leur retour d’expérience les a fait converger vers une vision partagée : le développement de projets photovoltaïques en synergie avec des exploitants éleveurs et cultivateurs représenterait un gisement d’opportunités particulièrement pertinent pour accompagner la transition dans plusieurs dimensions, agricole, alimentaire, écologique, économique, énergétique, sociétale. Les deux fondateurs de GLHD ont pour partenaires et actionnaires majoritaires Cero Generation et EDF Renouvelables.

[ Communiqué ]

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Louis

Quelle contre information, totalement orientée et présentée par la société GLHD (détenue par EDF), promoteur venant démarcher les agriculteurs pour industrialiser les sols. Cette société a comme adn la production électrique, pas le développement dr l’agriculture ou territoires.

Implanter des panneaux solaires pour replanter des haies …. Laisser nous rire : le gouvernement a mis 50 millions d’euros sur la table pour que les agriculteurs replantent des haies, aucun projet n’a été déposé par les agriculteurs mentionnés par cet article. Maintenant, GLHD vient nous dire que les panneaux solaires sont nécessaires…

Les agriculteurs sont les clients / utilisés comme faire valoir de cette société.

La liste de communes présentées dans cet article pour l’Yonne pose sérieusement en question cette démarche qui s’inscrit dans une anarchie totale et défiguration des territoires.

Sans schéma directeur départemental, sans appel d’offres des agriculteurs et collectivités, il est important de n’autoriser aucun projet de ce type. Surtout de cette société.

Guydegif(91)

Belle analyse et remise en question des pratiques à ce jour par ces groupes d’agriculteurs de l’Yonne et environs, pour se tourner vers des solutions d’amélioration des cultures retenues en remplacement d’anciennes, moins adaptées, et de l’élevage en complément pour consolider leurs activités.

Louis, désolé, votre argumentation à charge contre GLHD est peu constructive…!

Par contre, au-delà des solutions agro-voltaïques que laissent envisager GLHD,(selon leur site), il serait judicieux de voir et d’analyser pour le contexte, des solutions AgriPV que mettent en oeuvre des acteurs comme TSE, Sun’Agri et Ombréa….
Faudrait donc que les agriculteurs des 6 collectifs agricoles élargissent le scope de leur recherche de partenaires AgriPV….
Certains beaux exemples déjà mis en oeuvre ou en cours existent sur tout le territoire, comme source d’inspiration.
YA+KA
Slts
Guy