Une jeune entreprise française, Ablatom, vient de créer un microscope révolutionnaire capable d’identifier instantanément les matériaux précieux cachés dans n’importe quel objet. Baptisé ABLASCAN™, cet appareil utilise un laser et l’intelligence artificielle pour « voir » ce qui est invisible à l’œil nu : les atomes qui composent la matière. L’objectif : aider la France et l’Europe à mieux exploiter et recycler les métaux rares indispensables aux batteries, aux éoliennes ou encore à la défense.
Pourquoi c’est important
Lithium, cobalt, terres rares… Ces matériaux aux noms parfois mystérieux sont aujourd’hui essentiels pour fabriquer nos batteries de voitures électriques, nos smartphones ou nos éoliennes. Le problème demeure que la France et l’Europe dépendent largement d’autres pays pour s’approvisionner, notamment la Chine. Savoir où trouver ces matériaux et comment les recycler efficacement devient donc une question de survie économique.
Florian Trichard, le fondateur d’Ablatom, un chercheur en chimie devenu entrepreneur, l’explique simplement : « C’est un instrument de souveraineté. Il contribue à bâtir une France et une Europe capable de produire, recycler et innover sans dépendre des autres ». Son microscope a été présenté début 2025 au grand salon technologique de Las Vegas, attirant l’attention de grandes entreprises comme Michelin.
Un laser qui « lit » la matière
Le fonctionnement d’ABLASCAN™ peut sembler futuriste, mais son principe reste accessible. Imaginez un laser ultra-puissant qui tire sur un matériau – une batterie usagée, un morceau de roche, une pièce métallique – pendant une fraction de seconde. Ce tir laser vaporise une minuscule quantité de matière (quelques milliardièmes de gramme) et crée une sorte de petit nuage lumineux appelé plasma.
Ce plasma émet de la lumière, un peu comme un feu d’artifice. Chaque atome produit sa propre « couleur » caractéristique, invisible à l’œil nu mais détectable par des capteurs sophistiqués. L’intelligence artificielle analyse ensuite ces signaux lumineux et identifie instantanément quels atomes sont présents : du lithium, du cuivre, du carbone, du fer, etc. L’appareil peut détecter la quasi-totalité des éléments chimiques connus.
Le grand avantage est le suivant. Là où les méthodes classiques demandent plusieurs jours d’analyse en laboratoire, ABLASCAN™ fournit ses résultats en 15 minutes. Il est 10 à 100 fois plus rapide que les techniques traditionnelles.
Des applications concrètes et variées
Les usages possibles de ce microscope touchent de nombreux secteurs. Dans le recyclage, il peut identifier rapidement les métaux précieux cachés dans nos vieux téléphones ou ordinateurs, facilitant leur récupération. Pour les batteries de voitures électriques, il permet de vérifier la qualité de fabrication et de cartographier la répartition du lithium, améliorant leur sécurité et leur durée de vie.
Dans le domaine nucléaire, ABLASCAN™ peut détecter les signes de fragilisation des métaux des centrales avant qu’un problème grave ne survienne. Les géologues peuvent l’utiliser directement sur le terrain pour savoir si une roche contient des minerais intéressants, sans avoir à envoyer des échantillons en laboratoire pendant des semaines. L’appareil peut scanner des surfaces jusqu’à 200 centimètres carrés avec une précision microscopique.
Un soutien régional fort
La région Auvergne-Rhône-Alpes, où est installée l’entreprise près de Lyon, accompagne financièrement ce projet depuis ses débuts. Fabrice Pannekoucke, le président de la région, y voit un symbole de réussite industrielle française : « Soutenir des entreprises comme Ablatom, c’est investir dans notre capacité à produire, transformer et valoriser nos ressources ici, en France. ABLASCAN symbolise ce que notre région sait faire de mieux : allier recherche de pointe, innovation industrielle et impact économique local ».
Née en 2017 d’un laboratoire de recherche lyonnais (l’Institut Lumière-Matière, rattaché à l’université et au CNRS), Ablatom compte déjà plusieurs clients industriels dont elle garde pour l’instant les noms confidentiels. L’entreprise utilise d’ailleurs la même technologie laser que celle qui équipe les robots de la NASA sur Mars pour analyser les roches de la planète rouge. La différence : elle l’a adaptée, miniaturisée et rendue accessible pour un usage terrestre et commercial.
Source : Ablatom











