FMC, une jeune entreprise allemande de Dresde, vient de récolter 100 millions d’euros pour développer des puces mémoire innovantes qui consomment beaucoup moins d’électricité dans les centres de données utilisés pour l’intelligence artificielle. C’est important car aujourd’hui, ces gigantesques salles remplies d’ordinateurs dévorent plus de 4% de toute l’électricité produite aux États-Unis, et cette consommation pourrait plus que doubler d’ici 2030 pour atteindre 426 térawattheures.
Le financement de 77 millions d’euros provient de plusieurs fonds d’investissement menés par HV Capital et le DeepTech & Climate Fonds, rejoints par d’autres investisseurs comme Bosch Ventures et Air Liquide Venture Capital. L’Union européenne et l’Allemagne ajoutent 23 millions d’euros supplémentaires via des programmes de soutien public.
Une technologie qui divise par deux la consommation électrique
Pour comprendre simplement, dans nos ordinateurs et smartphones, les données circulent constamment entre deux types de mémoire. La mémoire rapide (RAM) qui s’efface quand on éteint l’appareil, et la mémoire permanente (disque dur ou SSD) qui garde tout, même éteint. Ces va-et-vient constants consomment beaucoup d’énergie.
FMC a développé des puces appelées DRAM+ et 3D-CACHE+ qui combinent les deux avantages. Elles sont rapides et elles conservent les données sans électricité. En conséquences, les systèmes informatiques fonctionnent deux fois plus vite tout en consommant moitié moins d’énergie. Cette prouesse technique repose sur un matériau spécial, l’oxyde d’hafnium, qui permet à la puce de « se souvenir » des informations sans avoir besoin de courant électrique.
« Jusqu’à présent, on mesurait la performance de l’IA par sa vitesse. Maintenant, c’est l’efficacité énergétique qui devient le critère le plus important« , a indiqué Thomas Rückes, le dirigeant de FMC.
L’Europe veut reprendre le contrôle des puces électroniques
Ce projet s’inscrit dans la volonté européenne de moins dépendre des fabricants de puces asiatiques et américains, qui dominent actuellement ce marché de plus de 100 milliards d’euros. Aujourd’hui, trois géants se partagent presque toute la production mondiale de mémoire : les coréens SK hynix et Samsung, et l’américain Micron. SK hynix contrôle à lui seul 62% du marché des mémoires ultra-rapides utilisées dans l’IA.
FMC est installée à Dresde, dans une région surnommée « Silicon Saxony » (la Silicone Saxonne) qui regroupe plus de 500 entreprises spécialisées dans la microélectronique. C’est le plus grand pôle technologique européen dans ce domaine, où des géants comme Infineon et Bosch ont déjà leurs usines. L’entreprise prévoit de travailler avec les grands fabricants mondiaux pour produire ses puces en grande quantité dans des usines ultra-modernes capables de traiter des galettes de silicium de 300 millimètres.
« FMC réduit durablement la facture énergétique des centres de données tout en renforçant l’indépendance technologique de l’Europe« , a souligné pour sa part le Dr. Torsten Löffler, représentant du fonds d’investissement public DTCF.
Source : FMC











