“Alstom doit rester sous souveraineté française” selon Mélenchon

L’équipementier américain GE convoiterait la division Énergie d’Alstom, l’un des fleurons industriels et stratégiques français, qui représente plus de 70% de son activité pour un chiffre d’affaires de 14 milliards d’euros.

Si les discussions qui durent depuis 2 mois avec GE devaient aboutir, l’opération financière qui en découlerait avoisinerait alors les 10 à 13 milliards d’euros.

Toutefois, comme la branche transport n’est pas visée, une contre-offre de l’allemand Siemens pourrait changer la donne. En effet, le ministère allemand de l’Economie a précisé lundi que l’intérêt de Siemens pour les activités énergie d’Alstom constituait "une grande chance et un gros potentiel" en vue de créer deux "champions européens", l’un dans l’énergie, l’autre dans le ferroviaire.

Avec un chiffre d’affaires cumulé de 20 milliards d’euros en 2013 (pour 92.900 salariés, dont 18.000 en France), l’industriel hexagonal semble avoir de plus en plus de mal à exister face aux mastodontes du secteur à l’appétit vorace que sont General Electric (CA 146 milliards – 300.000 salariés) et Siemens (CA 75 milliards – 360.000 salariés).

Avec plus de 2 milliards de dette, Alstom pâtit à la fois d’un euro fort et d’une concurrence effrénée sur le marché mondial de l’énergie qui tend à s’essouffler depuis le début de la crise financière de 2008. Malgré un carnet de commandes rempli pour les 3 années à venir, il a également du mal à percer rapidement et durablement sur les marchés émergents.

Pour le syndicaliste CFE-CGC, Didier Lesou, "La pire des solutions serait celle de Siemens parce que c’est un concurrent et que de fait il y aurait des doublons", et donc des pertes d’emplois, alors qu’avec son homologue américain (GE), les activités resteraient "complémentaires".

De son côté, Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) a "mis en garde" le président de la République sur le fait que le groupe Alstom était "au coeur de l’identité de la France industrielle". "Vous avez déjà laissé la finance mettre la main sur EADS, sur le ciment, sur les communications. Ça suffit maintenant. Il faut que la France retrouve ses droits; Alstom, qui est le cœur de la politique écologique du futur, doit rester sous souveraineté française", a-t-il indiqué sur France 2.

Avec ses 29% de participation au capital, Bouygues (actionnaire de référence), chercherait plutôt à récupérer du "cash" depuis que sa filiale télécoms connaît des difficultés.

Enfin, le conseil d’administration d’Alstom doit se réunir ce mardi en fin d’après-midi pour décider s’il ouvre les négociations avec l’allemand Siemens.

         

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Arno

Mélenchon à raison concernant Alstom car sans cette entreprise la transition énergétique sera quasi impossible pour un état souverain.

Bachoubouzouc

En effet, il ne vaudrait mieux pas qu’Asltom passe sous le contrôle d’un groupe étranger, qui débuterait chez nous et pas chez lui tout dégraissage à la première crise venue. Il est aussi vrai qu’Alstom est actuellement trop petit pour survivre seul à la compétition mondiale, et qu’il va bien falloir l’associer le mieux possible avec un groupe étranger.

Dan1

Merci à Enerzine pour l’article. Ben oui, une transition énergétique sans industriels leader des secteurs stratégiques ça reste de l’incantatoire. Point positif : on dirait que depuis quelques années les politiques et les français se préoccupent de leur industrie. il n’y a pas que le tertiaire dans la vie.

Sicetaitsimple

“il ne vaudrait mieux pas qu’Asltom passe sous le contrôle d’un groupe étranger, qui débuterait chez nous et pas chez lui tout dégraissage à la première crise venue.” De ce que je comprends, Alstom n’a pas attendu de passer éventuellement sous le contrôle d’un groupe étranger pour commencer à dégraisser, y compris chez nous.

Tech

parce qu’en France, des alliés ou des champions il n’en resterait plus? alors pourquoi pas avec Airbus? la technologie des pales ou des aubes de turbines ne s’en trouverait pas plus mal! et Schneider avec toutes leurs compétences électriques synergie? et Safran avec toutes les turbines des moteurs snecma, pas de synergie? et pourquoi pas une participation des 3 ci-dessus. (et d’autres ci dessous) pourquoi aller chercher ailleurs, ce qui pourrait tout à fait se trouver sur place? sans oublier nos energéticiens gdf et edf et petro-gazier total ou même la SNCF qui exploite les TGV! et si cela ne suffit pas les banques et assurances, si elles veulent avoir encore des clients feraient bien d’aider les sociétés qui peuvent employer leur clients

Samivel51

C’est au contraire la transition energetique qui mets Alstom sur la paille: son coeur de metier etait les turbines a gaz et a charbon. Il s’est lance ensuite dans l’eolien, mais tard, en rachetant un fabricant existant (au prix fort, pendant la bulle de l’eolien). Quant a son nouveau TGV a motorisation repartie, il est tres bien mais n’a trouve pour l’instant qu’un seul client (l’Italie). Ses tramways ont longtemps cartonne, mais la mode du tramway est en train de se degonfler (et la crise a rendu les municipalites plus raisonnables). Il n’y a finalement que sur les train regionaux qu’Alstom marche vraiment bien (enorme contrat en Afrique du Sud, par exemple) et les equipements de transport d’electricite.

Samivel51

L’idee qu’on ne peut pas faire la transition energetique sans industriels nationaux est completement fausse. Si on commande des centrales solaires et eoliennes, des stations de pompage-turbinage, d’autres systemes de stockage, des liaisons electriques avec nos voisins, des compteurs intelligents, des systemes d’effacement de consommation, etc, nous serons livres en temps et en heure, que le fabricant soit francais ou pas! Et le fait que le fabriquant soit etranger ne signifie pas forcement que la produits seront fabriques a l’etranger. Je rappelle par exemple que la Grande Bretagne ne possede plus aucun fabricant automobile grand public, et pourtant elle n’a jamais produit autant de voitures qu’aujourd’hui! Et elle en produit bien plus que la France, qui essaie en vain de sauver, encore et encore, comme Sysiphe avec son rocher, ses constructeurs nationaux, et qui n’a toujours pas compris que ce qui compte ce n’est pas le drapeau du fabricant mais la competitivite du pays!

Pierre25

Et oui en 2005/2006 on a fermé (pratiquement) et fait un énième plan social chez Alstom Power Boilers à Vélizy grand spécialiste des chaudières de centrale au charbon & lignite (Grèce, Inde, Chine…) car à l’époque l’argumentaire était qu’en France il n’y avait aucun avenir à cause du nucléaire. Alors que Alstom Power Boilers Stuttgart (ex EVT) lui avait un avenir à cause de ses centales au lignite…du coup les patrons français de APB ont liquidés Vélizy sans état d’âme, (chômeurs, préretraite, déplacement du personnel sur un autre site à La Courneuve) et protégé APB Stuttgart….donc oui Siemens ce n’est pas le bon cheval pour la pérénité de APB Massy et de la poignée de travailleurs restant.

Herve

“A force de ralentir la mise en oeuvre de la transition énergétique en France, on a affaibli nos grands acteurs de l’énergie. L’Allemagne ne semble pas avoir les mêmes problèmes” Vous êtes sur?

sunny

C’est compliqué. Un nouveau paradigme est en oeuvre (transition énergétique et surtout mondialisation). Je savais déjà que les utilities aller voir le modèle de développement remis en question (desindustrialisation en Europe, autoconsommation et efficacité énergétique). Là on est encore plus dans le dur avec la perte de souveraineté des grands groupes industriels français (fierté et spécificité de notre pays). Le phénomène n’est pas nouveau, mais Alstom, cela réveille un peu les esprits. AREVA est aussi dans le dur car le marché mondial ne veut plus de nucléaire. Les perspectives de croissance dans ce domaine se sont réduits comme peau de chagrin. Et ce n’est pas la construction de 2 ou 3 EPR sur le sol français qui changeront grand chose. On aurait (peut-être) dû créer il y a quelques années de grands champions européens de l’énergie capables de rivaliser avec les américains et les nouveaux acteurs asiatiques. Avoir un temps d’avance, en préparant la transition énergétique en Europe (et pas seulement en Allemagne), pour être capable de la répliquer à travers le monde. Facile à dire. Et Il faudrait pour cela que l’Europe existe vraiment. Pas simple.

Bachoubouzouc

“Et Il faudrait pour cela que l’Europe existe vraiment.” Là, pour le coup, amen to that !

Dan1

“les utilities aller voir le modèle de développement remis en question (desindustrialisation en Europe, autoconsommation et efficacité énergétique)” Heu, l’autoconsommation, ça compte pour combien dans les problèmes actuels de l’industrie énergétique française et européenne ? “On aurait (peut-être) dû créer il y a quelques années de grands champions européens de l’énergie capables de rivaliser avec les américains et les nouveaux acteurs asiatiques.” Les Allemands ont essayé voire réussi à créer des champions du photovoltaïque… puis se sont fait casser les reins par les Chinois. Les “règles” de la guerre économique ne permettaient visiblement pas de jouer à armes égales dans le long terme.

Dan1

Et regardons un peu ce que la loi prévoit outre-atlantique : BUY AMERICAN ACT (depuis 1933 !) Les USA prônent la mondialisation (quand ça les arrangent) mais possèdent des lois protectionnistes qu’il ne leur pas encore venu à l’esprit d’abroger. Pour l’Europe, on a voulu ouvrir les portes du libre échange en grand en interdisant aux Etats de se protéger un minimum. Il ne s’agit pas de renier les avancées de l’Europe ni de nier sa nécessité future mais de constater que dans la guerre économique il faut rester armé (notamment avec un arsenal législatif).

Pierre25

et oui les Américains c’est tout pour eux et les miettes pour les autres.. tout est fait pour bloquer les étrangers d’acéder à leur marché intérieur..(voir le TGV Floride, les avions ravitailleurs Airbus KC330..etc)

Dan1

Et oui, quand on veut se protéger, il faut des lois opposables. Ceci dit le BAA concerne les commandes publiques… ce qui est énorme aux USA. L’OMC n’y a rien trouvé à redire ? Les européens sont-ils des bisounours ? La qestion mérite d’être posé rapidement dans le cadre des négociations des Accords de Partenariat Transatlantique :

sunny

“et oui les Américains c’est tout pour eux et les miettes pour les autres.. tout est fait pour bloquer les étrangers d’acéder à leur marché intérieur..(voir le TGV Floride, les avions ravitailleurs Airbus KC330..etc)” Je suis plutôt d’accord avec votre analyse à DAn L’autoconsommation ne représente peut-etre rien aujour’hui, mais elle représentera une part non négligeable dans 15 ou 20 ans, au fur et à mesure que le prix de l’électricité du réseau va augmenter. L’Allemagne est déjà à 10 % d’autonconsommation en 2013. Dans 10 ou 15 nous aurons les mêmes problèmes qu’eux. Cette donnée a été prise en compte par les utilities (européenne et américaine). J’ai déjà cité les analyses de PDG d’utilities Mestrallet et autre et des cabinets de consultants sur ce sujet.

Dan1

Les étrangers sont-ils plus libéraux : Ou bien, s’agit-il de libéralisme juridiquement armé ?