Charbon, Pollution et Asie du Sud Est

Il en ressortait que l’accroissement de l’utilisation du Charbon dans le monde pour produire de l’électricité dans le monde provenait exclusivement de l’Asie du Sud Est et plus particulièrement de la Chine et de l’Inde. Les raisons en sont simples : une forte croissance économique dans ces deux pays durable dans le temps, une disponibilité importante de gisements de charbon dans ces deux pays et peu de disponibilité de ressources de gaz ou de pétrole et une philosophie d’indépendance énergétique de longue date, héritée en Chine du communisme.

On a donc assisté à une explosion de la production de charbon en Chine au rythme de 75% de hausse tous les ans depuis 1973. Nous en sommes à 2.5 milliards de tonnes produites chaque année et la projection de la production en 2050 s’inscrit à 15 milliards de tonnes. Le pourcentage de l’électricité produite à partir de charbon en Chine est actuellement de 70pct et devait passer en 2030 à 61%, soit une baisse sensible, mais sur une production d’électricité en 2030 de 220% celle de 2005 !!! C’est dire la croissance extraordinaire de l’utilisation de charbon dans ce pays mais également en Inde qui prévoit des taux d’augmentation du même ordre.

L’inconvénient c’est que l’utilisation du charbon est très polluante, en terme de Gaz sulfureux, SO2, précurseur de l’acide sulfurique quand il se combine à l’eau, de poussières de carbone et de métaux lourds dangereux comme le mercure( cf la catastrophe écologique de Minamata au Japon au sortir de la dernière guerre). Sur le plan des émissions de CO2, le charbon en est un gros émetteur, 30/40pct de plus que le gaz et infiniment plus que le nucléaire et nécessite l’utilisation de beaucoup d’eau. Bref on ne peut quasiment pas faire pire sur le plan des atteintes à l’environnement, 25 millions de tonnes de SO2 et 12 de poussières rejetées en 2005!

Ces émissions posent d’ores et déjà des problèmes de santé publique en Chine comme en témoignent les photos bien connues représentant le nuage noir de pollution autour des grandes villes et de leurs centrales à charbon. Le cout des effets de cette pollution a été calculé et se monte à 5pct du PIB du pays, une valeur énorme et sans équivalent dans les pays industrialisés.

Au delà des polluants dont on vient de parler, se pose celui des quantités d’émissions de CO2. Vous savez peut être déjà que la Chine vient de dépasser les États Unis comme premier émetteur de CO2 de la planète avec 5.1 Milliards de tonnes de CO2 émises en 2005. Pour 2030, sur la base de la croissance économique de la Chine et du taux de charbon utilisé pour les productions( électricité et cimenteries surtout) qui le consomment, ce ne sont pas moins de 11.4 milliards de tonnes de CO2 qui sont prévue être rejetées dans l’atmosphère cette année là.Au point qu’il est impossible que la Chine puisse satisfaire la teneur de 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère qui est le minimum minimorum que notre planète peut tolérer pour simplement stabiliser sa température.

Et comme le CO2 ne reste pas sagement au dessus de la Chine mais voyage tout autour de la planète au gré des vents, cela veut dire que nous ,Union Européenne, ferons des efforts considérables, – et économiquement potentiellement nuisibles – sans que nous n’en voyions les effets sur le réchauffement climatique. En quelques sorte, la mise en place de l’ambitieux Plan Climat de la commission de Bruxelles revient à nous infliger une double peine. Il affectera la compétitivité de nos industries et risque de créer délocalisations et chômage alors que nous n’en tirerons aucun bénéfice du fait de la poursuite à tout va des émissions de CO2 des pays en voie de développement.

Seul élément un peu positif. A la conférence de Bali pour préparer Kyoto II, la Chine, même si elle a refusé de prendre quelque engagement que ce soit de limitation de ses émissions de CO2, a semblé évoluer de sa position traditionnelle – Nous ne sommes pas responsables de l’état de la planète, c’est aux pays riches à faire des efforts- vers un début d’acceptation qu’elle ne pourra pas échapper aux efforts elle même.

Problème, même si elle le voulait, en fonction de son niveau de croissance et des aspérations de sa population , elle ne le pourrait pas …

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Caderange

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