Contrôler la chaleur du plasma : un défi majeur de la fusion nucléaire

Contrôler la chaleur du plasma : un défi majeur de la fusion nucléaire

Le chemin vers l’avenir de la production d’énergie pourrait bien être éclairé par la lumière de notre propre étoile. L’étude du plasma d’hydrogène, principal constituant du soleil, et de sa confinement dans un champ magnétique a ouvert des perspectives fascinantes pour la génération d’énergie par fusion. Cependant, des défis de taille se dressent encore sur cette voie prometteuse.

Le confinement du plasma à des températures extrêmement élevées, souvent autour de 100 millions de degrés Celsius, dans les tokamaks – réacteurs de fusion en forme de beignet – est une entreprise éprouvante. Les effets dévastateurs de cette chaleur intense sur les parois des tokamaks posent un défi majeur à la durabilité de ces dispositifs de taille considérable.

Des techniques sont déployées pour refroidir le plasma, telles que l’injection d’hydrogène et de gaz inerte à proximité de la paroi du dispositif. Cette méthode favorise la radiation et la recombinaison – le contraire de l’ionisation – qui atténue l’accumulation de chaleur. Cependant, la compréhension et la prédiction précises de ce processus sont encore à développer.

Les températures de rotation des molécules d'hydrogène désorbées de la surface orientée vers le plasma ont été mesurées dans trois tokamaks différents ; les augmentations de température dues aux processus collisionnels-radiatifs dans les plasmas ont également été évaluées.
Les températures de rotation des molécules d’hydrogène désorbées de la surface orientée vers le plasma ont été mesurées dans trois tokamaks différents ; les augmentations de température dues aux processus collisionnels-radiatifs dans les plasmas ont également été évaluées. Credit : KyotoU Global Comms/Taiichi Shikama

Une nouvelle étape dans la compréhension du plasma

Récemment, une équipe internationale de chercheurs dirigée par l’Université de Kyoto a réussi à modéliser avec précision les températures rotationnelles mesurées dans trois différents dispositifs expérimentaux de fusion au Japon et aux États-Unis. Cette percée est une étape cruciale dans le développement des futures centrales à fusion.

Leur modèle évalue les interactions de surface et les collisions électron-proton des molécules d’hydrogène. “Dans notre modèle, nous avons ciblé l’évaluation des températures rotationnelles aux niveaux d’énergie les plus bas, ce qui nous a permis d’expliquer les mesures provenant de plusieurs dispositifs expérimentaux”, explique l’auteur principal Nao Yoneda de l’école d’ingénierie de l’Université de Kyoto.

Un pas en avant vers le contrôle de la fusion

En permettant la prédiction et le contrôle de la température rotationnelle près de la surface de la paroi, l’équipe de chercheurs a pu dissiper le flux de chaleur du plasma et optimiser les conditions de fonctionnement des dispositifs. Malgré cette avancée significative, de nombreux mystères restent à élucider.

“Nous devons encore comprendre les mécanismes des excitations hydrogène rotationnelles-vibrationnelles”, ajoute Yoneda. Il souligne cependant avec satisfaction que leur modèle a permis de reproduire fidèlement les températures rotationnelles mesurées précédemment et rapportées dans la littérature.

En synthèse

Malgré les nombreux défis que présente la génération d’énergie par fusion, les progrès réalisés dans la compréhension du confinement du plasma d’hydrogène sont encourageants. L’étude menée par l’équipe de l’Université de Kyoto a non seulement fourni un moyen d’évaluer et de prédire les températures rotationnelles dans les réacteurs de fusion, mais aussi ouvert la voie à une meilleure gestion du flux de chaleur du plasma.

Pour une meilleure compréhension

1. Qu’est-ce que la fusion nucléaire ?

La fusion nucléaire est un processus qui se produit lorsque deux noyaux atomiques légers se combinent pour former un noyau plus lourd, libérant une énergie considérable dans le processus. C’est le processus qui alimente le soleil et toutes les autres étoiles de l’univers. En raison de la grande quantité d’énergie libérée, la fusion nucléaire est étudiée comme une potentielle source d’énergie propre et inépuisable pour l’avenir.

2. Qu’est-ce qu’un tokamak ?

Un tokamak est un dispositif utilisé dans la recherche sur la fusion nucléaire pour confiner le plasma à haute température nécessaire à la fusion nucléaire. Il est conçu en forme de tore, ou de beignet, et utilise un champ magnétique puissant pour confiner le plasma à l’intérieur.

3. Pourquoi la gestion de la chaleur est-elle cruciale dans la fusion nucléaire ?

Les réactions de fusion produisent une quantité énorme de chaleur, souvent atteignant des températures de 100 millions de degrés Celsius. Cette chaleur peut endommager les parois du tokamak et, par conséquent, une gestion efficace de la chaleur est essentielle pour maintenir la durabilité et l’efficacité du dispositif.

4. Comment l’hydrogène et les gaz inertes contribuent-ils à refroidir le plasma ?

Les chercheurs injectent de l’hydrogène et des gaz inertes à proximité de la paroi du tokamak pour refroidir le plasma. Ces gaz absorbent la chaleur du plasma par un processus appelé recombinaison, qui est le contraire de l’ionisation. Ce processus aide à réduire l’accumulation de chaleur et à prévenir les dommages aux parois du tokamak.

5. Quelle est la prochaine étape dans la recherche sur la fusion nucléaire ?

Il reste encore beaucoup à découvrir sur la fusion nucléaire. L’un des défis majeurs est de comprendre les mécanismes des excitations hydrogène rotationnelles-vibrationnelles. En outre, les chercheurs travaillent à développer des modèles plus précis pour prédire et contrôler la température rotationnelle près de la surface de la paroi du tokamak. Ces avancées aideront à optimiser les conditions de fonctionnement des dispositifs de fusion et à faire progresser notre marche vers un avenir énergétique durable.

Article : “Spectroscopic measurement of increases in hydrogen molecular rotational temperature with plasma-facing surface temperature and due to collisional-radiative processes in tokamaks” – DOI : 10.1088/1741-4326/acd4d1

Légende illustration principale : Les températures de rotation des molécules d’hydrogène désorbées de la surface orientée vers le plasma ont été mesurées dans trois tokamaks différents ; les augmentations de température dues aux processus collisionnels-radiatifs dans les plasmas ont également été évaluées. Credit : KyotoU Global Comms/Taiichi Shikama

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