Course à la rentabilité pour l’éthanol cellulosique

Range Fuel Inc. annonçait mercredi avoir réuni 100 millions de dollars de financement (de série B). Un investissement qui pourrait faire de cette société américaine la première à produire de l’éthanol cellulosique destiné à un usage commercial.

La première phase de construction permettra de produire environ 75 millions de litres d’alcool par an à partir de 2009, avec un potentiel maximal de 450 millions de litres.

Range Fuels explique que leurs installations permettra d’utiliser n’importe quel matériau végétal comme les déchets agricoles ou les copeaux de bois en utilisant un processus thermochimique en deux étapes.

Leur méthode diffère des productions d’éthanol cellulosique concurrentes, qui impliquent la décomposition des matériaux végétaux par la chaleur et/ou l’acide, avant un traitement par des enzymes coûteuses (1,2 euros par litre).

Range Fuels se passe de cette enzyme et utilise un processus similaire à celui de Coskata Inc, la société soutenue par General Motors : la biomasse est décomposée par une chaleur et une pression extrêmes, ce qui la transforme en une mixture gazeuse (H2 et CO) appelée syngaz  (gaz de synthèse).

Le gaz de synthèse est introduit par le biais de catalyseurs qui le convertissent en un mélange d’alcools. Après un tri et un traitement supplémentaire, le mélange devient un carburant véhicule renouvelable.

La seule différence entre les carburants de Range Fuels et le procédé de Coskata semble être que Coskata repose sur des micro-organismes propriétaires, plutôt que des catalyseurs chimiques qui convertissent le gaz synthétique en éthanol.

En tous les cas, la course est lancée. Coskata a déclaré plus tôt dans l’année qu’elle allait commencer la construction des installations commerciales après la mise en route d’une usine de démonstration à la fin 2008.


Parmi les avantages présentés par le procédé de production de Range Fuels :

  • Des coûts de production bien moins élevés que l’éthanol cellulosique classique ou le maïs éthanol, qui coûte environ 0,33 euros par litre.
  • Des taux plus élevés de production de combustible pour chaque tonne de biomasse par rapport l’éthanol d’enzymes et l’éthanol de maïs. Ce qui diminue le coût, la quantité de biomasse nécessaire, et l’utilisation des terres.
  • Utilise 75% d’eau en moins que le maïs, et produit 60% d’émissions en moins que l’éthanol de maïs.
  • Le coût de production est compétitif avec l’essence à partir d’un cours du baril supérieur à 50$.

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Guydegif(91)

Bon vent à Range Fuels et Costaka qui ont l’air d’avoir qq bonnes pistes: sources multiples, procédés moins chers, moins gourmands en matière première, eau et en terre…75 millions de litres à partir de 2009 dans ces conditions ! Très Bien ! à suivre, valider par nos R & D français (dont IFP) en guise de // et émuler dès que confirmé à l’échelle industrielle….A+ Salutations Guydegif(91)

Armand

Désolé Guy, mais tout cela n’augure rien de bon. Au lieu de conserver la biomasse pour entretenir la fertilité des terres agricoles, comme c’est le cas dans une agriculture respectueuse de l’environnement et des agriculteurs, on va répandre encore plus de produits chimiques non seulement sur les terres agricoles actuelles mais aussi sur celles qui seront consacrées aux cultures de biomasse de “seconde génération”. Et l’on verra vite venir des végétaux OGM, modifiés pour produire davantage de carburants artificiels. La “civilisation” du pétrole et de ses succédanés est vraiment une catastrophe.

Foulque

ça permettra de récupérer des millions de mètres cube de déchets qui sont inutilisés.Au fait Armand si tu arrêtais de crier tout le temps au loup!Toute action a ses défauts mais aussi ses avantages. 😉

Guydegif(91)

Armand, d’accord pour entretenir la fertilité des terres agricoles tout en réduisant les apports chimiques càd en leur apportant des éléments de biomasse…tout en exploitant la piste Biomasse –> Ethanol décrite dans l’article. 2 pistes de réflexion: 1) Piste 1: la biomasse utilisée dans l’article pour en extraire le gaz synthétique converti ensuite en éthanol, devrait en fin de parcours vraisemblablement laisser un résidu solide potentiellement utilisable pour amender les sols… A vérifier et voir si pas impropre à cette utilisation si on a rajouté de l’acide en cours de process… 2) Piste 2: je cite une expérience mise en oeuvre près de chez moi: compostage des déchets verts collectés dans sacs papier auprès des particuliers de 3 villes de la Vallée de Chevreuse par le Sivom et traités chez/par société de compostage Zymovert(compostière) à Limours (91). –> 30000 tonnes traitées par an. Le compost ainsi généré est revendu aux collectivités, paysagistes, horticulteurs, aux particuliers et aux agriculteurs du secteur pour épandage sur les champs, donc amendement organique des champs avec qq fois adjonction d’1 peu d’engrais chimiques en complément lors du même épandage. Voilà une voie qui mérite d’être promue car collecte et valorise les déchets verts et enrichit les sols d’une manière organique naturelle…Donc Armand, voici une manière de concilier les 2: avoir de la biomases pour en faire de l’éthanol pour les véhicules et avoir de la biomasse à utiliser pour entretenir la fertilité des terres agricoles. A+ Salutations Guydegif(91)

Dan

Dans les biocarburants comme dans tous les domaines, tout est affaire d’échelle. Une excellente solution employée localement à dose “homéopathique” peut se relever être une catastrophe si elle est systématisée à l’échelle planétaire. Un représentant du ministère de l’industrie, rencontré sur un stand au salon de l’auto dans le début des années 90, m’avait expliqué que ce n’était pas souhaitable de dépasser 5 % en France et m’avait remis une petite brochure qui expliquait pourquoi avec des limites chiffrées. 15 ans plus tard, il me semble que c’est toujours valable. Comme l’expliquait un biologiste, la photosynthèse, c’est naturel mais malheureusement c’est une énergie diffuse à faible rendement et il faut donc des millions d’hectares pour faire rouler nos voitures. Comme on ne va pas prendre toutes ces terres chez nous… Et pour aller dans le sens d’Armand, si on veut en faire trop, on retombe immanquablement sur les OGM et la production à grand coup de monoculture intensive dans les pays pauvres pour alimenter les voitures des pays riches (alimenter les voitures suédoises avec l’Ethanol brésilien). Je ne sais pas si c’est un bien ou un mal, mais je termine la lecture du livre “le monde selon Monsanto” !

Kaba

L’essentiel est d’entreprendre, toute action a ses défauts et ses avantages.Il est important d’encourager ces découvertes, je félicite Ranges Fuels pour ces efforts , rien que pour réduire les déchets sur la planète, cela vaut le coup !

Al-sweet

Une compagnie canadienne ENERKEM (www.enerkem.com) a mis au point un procédé qui permet de produire l’éthanol cellulosique sans avoir à créer des pressions et des températures extrêmes. Cette compagnie n’a pas le financement de GM mais le procédé est efficace et promis à un bel avenir.

Sulagan

Vous semblez oublier l’alcool éthylique brésilien, messieurs, dames. 😉