Les systèmes énergétiques britanniques traversent une période charnière, marquée par l’extinction progressive des centrales à biogaz. La rentabilité des installations vertes se trouve compromise par l’arrêt des subventions gouvernementales, soulevant des questions fondamentales sur la pérennité du modèle énergétique national. Les conséquences de la situation actuelle laissent présager une reconfiguration majeure du paysage énergétique britannique.
Le réseau énergétique britannique subira une perte sans précédent de 2 térawattheures d’électricité propre d’ici 2031. L’alimentation électrique de 500 000 foyers sera directement impactée par la disparition programmée des installations de biogaz, selon les dernières estimations.
Les données recueillies par l’Association des Ressources en Digestion Anaérobie et Bioressources (ADBA) ont été analysées minutieusement. Les résultats mettent en lumière une situation préoccupante pour l’avenir du secteur du gaz vert au Royaume-Uni.
Un modèle économique fragilisé
Les dispositifs historiques de soutien au gaz vert sont progressivement supprimés. Les opérateurs se retrouvent confrontés à une équation financière impossible. L’entretien et le renouvellement des équipements, particulièrement les unités de cogénération (CHP), ne peuvent plus être assurés dans les conditions actuelles.
Le président de l’ADBA et ancien Secrétaire d’État à l’Énergie et au Changement Climatique, Chris Huhne, a souligné l’urgence de la situation : «Les fermetures compliqueront l’atteinte des objectifs gouvernementaux d’énergie propre d’ici 2030, plaçant le secrétaire à l’Énergie Ed Miliband dans une situation comparable à celle d’une personne remontant un escalator qui descend».
Des conséquences en cascade pour le secteur énergétique
Le Dr Gareth Mottram, responsable des politiques à l’ADBA, dresse pour sa part un constat alarmant : «Certaines installations ont déjà cessé leurs activités avant même la fin des programmes de soutien. L’investissement dans le remplacement d’équipements onéreux, comme les nouvelles unités de cogénération ou la rénovation des cuves de digestion, s’avère impossible à justifier. Une nouvelle unité CHP coûte plus de 250 000 £, un investissement irréalisable sans perspective de retour sur capital raisonnable».
Les projections établies par l’ADBA révèlent qu’au moins 160 installations cesseront leurs activités dans un délai de cinq ans. Le nombre d’arrêts grimpera à 400 installations supplémentaires pendant les cinq années suivantes. Le ministère britannique de l’Énergie (DESNZ) a lancé une étude approfondie pour évaluer l’impact de la fin des programmes de soutien sur les acteurs du secteur.
L’ensemble des problématiques liées au secteur de la digestion anaérobie et du gaz vert sera examiné lors de la conférence nationale de l’ADBA prévue à Londres le 11 décembre 2024. Les acteurs du secteur se mobilisent pour identifier des solutions pérennes face à la situation actuelle.
Légende illustration : Des petites centrales à gaz vert (de ce type) au Royaume-Uni sont programmées pour fermer d’ici 2031, entraînant une perte de 2 térawattheures d’électricité propre pour le réseau – suffisamment d’électricité verte pour alimenter environ 500 000 foyers.
Source : Abda