De nouveaux moyens de fabriquer des semi-conducteurs à base de carbone pour l’électronique du futur

De nouveaux moyens de fabriquer des semi-conducteurs à base de carbone pour l'électronique du futur

Les nanotubes de carbone, ces structures minuscules aux propriétés exceptionnelles, ouvrent de nouveaux horizons dans le domaine de l’électronique. Grâce à une recherche menée par l’Université Duke, une nouvelle méthode promet de transformer ces matériaux en composants clés pour les technologies de demain.

Les nanotubes de carbone, découverts au début des années 1990, sont composés de feuilles uniques d’atomes de carbone enroulées sur elles-mêmes. Bien que familier sous d’autres formes comme le diamant ou le graphite, ce matériau se distingue par ses propriétés extraordinaires. Les nanotubes sont plus résistants que l’acier tout en étant extrêmement fins, au point que 50 000 d’entre eux pourraient égaler l’épaisseur d’un cheveu humain.

Leur capacité à conduire l’électricité et la chaleur les rend particulièrement attrayants pour le développement de l’électronique avancée, envisageant même de remplacer le silicium dans certains cas.

Une avancée majeure dans la manipulation des nanotubes

La production de nanotubes de carbone avec des propriétés spécifiques représente un défi majeur. Certains nanotubes, en fonction de leur structure, se comportent comme des métaux et ne peuvent pas être «éteints», limitant ainsi leur utilité dans l’électronique numérique qui repose sur des signaux électriques binaires.

L’équipe du professeur Michael Therien de l’Université Duke a développé une méthode permettant de transformer un nanotube métallique en une forme semi-conductrice, capable d’être activée ou désactivée. Cette transformation s’effectue grâce à l’enroulement de polymères spéciaux autour du nanotube, modifiant ainsi ses propriétés électroniques. Cette technique, réversible et modulable selon le type de polymère utilisé, ouvre la voie à la création de semiconducteurs sur mesure.

Des scientifiques de l’université Duke ont mis au point une méthode permettant de faire passer un nanotube de carbone d’un comportement de métal à un comportement de semi-conducteur et inversement, en l’enveloppant d’un polymère en forme de ruban. Credit : George Bullard

Des applications prometteuses pour l’avenir

Si les applications pratiques de cette méthode semblent encore lointaines, les implications potentielles sont vastes. Les travaux de l’équipe de Duke pourraient, par exemple, faciliter la conception de nanotubes capables de détecter la chaleur sous forme de rayonnement infrarouge, utiles pour la vision nocturne ou la détection de mouvements. De même, cette approche pourrait permettre de développer des cellules solaires plus efficaces, capables de convertir un spectre plus large de longueurs d’onde en électricité.

En outre, grâce à la structure en spirale des polymères enroulés autour des nanotubes, ces derniers pourraient jouer un rôle clé dans l’avènement de nouvelles formes de calcul et de stockage de données, exploitant non seulement la charge des électrons mais aussi leur spin.

En résumé, la recherche menée par l’Université Duke sur les nanotubes de carbone ne se contente pas d’élargir notre compréhension de ces matériaux fascinants. Elle esquisse également un avenir où la technologie pourrait être rendue plus efficace, plus sensible et potentiellement révolutionner de nombreux aspects de notre vie quotidienne et de notre environnement technologique.

Légende illustration : Trop petits pour être vus à l’œil nu, les minuscules cylindres d’atomes de carbone appelés nanotubes pourraient un jour être réglés pour être utilisés dans des dispositifs allant des lunettes de vision nocturne à des cellules solaires plus efficaces, grâce à des méthodes mises au point par des chercheurs de l’université Duke.

Article : “Band gap opening of metallic single-walled carbon nanotubes via noncovalent symmetry breaking” – DOI: 10.1073/pnas.2317078121

[ Rédaction ]

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