Démonstrateur industriel d’isobutène : la phase d’ingénierie est terminée

Global Bioenergies et le Groupe Linde ont annoncé le 18 mars dernier avoir terminé la phase d’ingénierie du démonstrateur industriel qui permet de convertir les sucres en isobutène, un hydrocarbure gazeux.

En février 2014, elle avait confié à la division Ingénierie du groupe technologique Linde la mission de réaliser l’étude d’ingénierie en amont de la construction de son démonstrateur industriel. Les deux sociétés ont donc annoncé que cette phase était maintenant achevée.

Global Bioenergies reste à ce jour, la seule société européenne capable de développer un procédé de conversion de ressources renouvelables en hydrocarbures par fermentation. Elle est spécialisée dans la fabrication d’isobutène, une des plus importantes briques élémentaires de la pétrochimie qui peut être convertie en carburants, plastiques, verre organique et élastomères.

"Nous sommes fiers de délivrer à Global Bioenergies le dossier d’ingénierie complet pour son procédé de conversion de sucres en isobutène, un hydrocarbure gazeux. Ce démonstrateur unique au monde sera une étape importante dans le chemin menant à l’exploitation commerciale des procédés innovants de Global Bioenergies" a déclaré Markus Wolperdinger, Vice-Président pour la Biotechnologie au sein de la division Ingénierie du groupe Linde.

Rick Bockrath, Vice-Président pour le génie chimique de Global Bioenergies, a ajouté : "Nous sommes maintenant prêts à passer à la phase suivante du projet, dédiée à la construction et à
l’exploitation du démonstrateur.
"

Le démonstrateur industriel sera installé sur le complexe pétrochimique de Leuna, dans le bâtiment du Fraunhofer CBP. L’installation et la mise en œuvre de ce démonstrateur sont associées à un financement public de 5,7 millions d’euros de la part du ministère allemand de la recherche (BMBF).

Oléfines gazeuses, Kesako ?

Comme l’explique la société sur son site, les oléfines légères sont des gaz qui se volatilisent spontanément pendant la fermentation. Et cette particularité présente deux intérêts majeurs. Tout d’abord, l’une des limites principales des procédés de bioproduction liée à la toxicité pour la souche de production du produit s’accumulant dans le milieu réactionnel, est levée puisque le produit se volatilise spontanément.

Ensuite le procédé de purification est simplifiée : "il n’est plus question d’extraire un composé noyé dans les milliers de molécules différentes constituant le milieu réactionnel, mais d’extraire un hydrocarbure gazeux environné seulement d’air, de CO2, de vapeur d’eau et de quelques produits volatils émanant du milieu."

Au final, les coûts opérationnels sont réduits.

"Produire de façon différente des oléfines gazeuses, identiques à celles aujourd’hui massivement extraites du pétrole permet la continuité des filières : ainsi, les carburants produits à partir de l’isobutène sont totalement miscibles avec les carburants fossiles" ajoute également la société.

"Les infrastructures actuelles de stockage et de distribution continueront d’être utilisées, et la transition vers ces carburants renouvelables ne nécessitera aucun investissement ni effort d’adaptation de la part des utilisateurs finaux. De même, ces oléfines gazeuses pourront être converties en matériaux (plastiques, caoutchoucs, plexiglass®…) dans les infrastructures industrielles existantes. S’appuyer sur ces infrastructures pétrochimiques facilitera la transition vers l’utilisation de ces produits bio-sourcés."

>>> Voir aussi : Succès du premier essai en pilote industriel

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Pastilleverte

Une information aussi capitale et prometteuse ne reçoit aucun commentaire. Si ce procédé est effectivement robuste d’un point de vue industriel, les matières premières sans ou avec peu de concurrence avec l’alimentaire, et le prix de revient “compététif” (quoique cela puisse vouloir dire avec des prix de pétrole aussi voltails), en voici une nouvelle qu’elle est bonne, d’autant plus que cet isobutène serait miscible avec les hydrocarbures actuels, donc, pour les carburants au moins, pas de souci pour la distribution. Ah, évidemment, on ne parle ni de nuke, ni d’ENR, je comprends que c’est une grosse tare.

pierreerne

Cette “innovation” ne présente pas grand intérêt. En effet : – Le brevet couvrant cette innovation sera dans le domaine public bien avant qu’on se pose des problèmes de substitution des hydrocarbures fossiles par autre chose (20 ans en moyenne dans le monde). Si les auteurs avaient réfléchi, ils auraient peut-être pensé qu’ils avaient intérêt à garder le procédé au chaud dans un coffre-fort pendant les cinquante ou cent prochaines années… – Le MTBE ou le ETBE censés constituer des additifs pour carburants améliorant l’indice d’octane ont été rapidement interdits dans les années 1990 pour cause de toxicité. Ils n’ont donc aucun avenir dans ce domaine. (L’isobutène lui-même, même s’il est soluble dans les hydrocarbures est un très mauvais carburant à cause de son pouvoir énergétique relativement faible et du fait qu’il déteriore l’indice d’octane). – Il est probablement bien plus rentable d’utiliser l’amidon (précurseur des sucres) directement comme carburant dans les moteurs à combustion interne plutôt que de passer par une fermentation inutile et consommatrice d’une partie du pouvoir énergétique de la molécule. (Notons que la formule schématisée dans l’image illustrant l’article est fausse : il manque une double liaison). Il ne reste que l’utilisation de l’isobutène comme “brique élémentaire” pour la synthèse chimique. Il y a certes un intérêt au moins théorique, mais aussi un risque qui peut se poser en raison de l’origine agricole de la matière première.