Economie de l’hydrogène : quel avenir pour l’hydrogène vert ?

Notre économie actuelle dépend fortement des hydrocarbures. Afin d’éliminer progressivement les combustibles fossiles et de limiter le réchauffement de la planète, la société envisage un avenir dans lequel l’hydrogène vert aurait de multiples usages : combustible de chauffage, matière première, solution de stockage… Il pourrait donc représenter une solution plus propre à long-terme dans un monde où la demande d’énergie augmente constamment.

Gerrit Dubois, spécialiste de l’investissement responsable chez DPAM

Le rôle de l’hydrogène dans la transition énergétique

Aujourd’hui, l’hydrogène est principalement utilisé dans les activités de production en tant que matière première et pas tellement en tant que carburant. Cependant, avec une part de 98%, l’hydrogène gris[1] est actuellement le mode de production d’hydrogène le plus utilisé, et représente environ 2,3% des émissions mondiales de CO2. Les entreprises et les gouvernements du monde entier se sont fixés des objectifs ambitieux de réduction des émissions, et si nous voulons les atteindre, nous devons augmenter considérablement la production d’hydrogène vert[2], car il s’agit d’un processus propre qui n’émet pas de CO2 pendant la production et la consommation.

L’hydrogène vert est particulièrement intéressant pour les industries dites « lourdes » ou celles qui n’ont pas la possibilité de s’électrifier complètement, comme l’industrie sidérurgique ou le transport maritime. Il peut également être utilisé pour la production d’engrais en remplacement de la méthode à forte intensité de carbone basée sur les combustibles fossiles. En outre, il peut servir de carburant à faible teneur en carbone dans l’industrie du transport, mais aussi de vecteur d’énergie et moyen de stockage, constituant ainsi une véritable alternative aux batteries.

Les principaux défis du développement de l’hydrogène vert

La technologie joue un rôle important dans le développement et la généralisation de l’hydrogène. Il existe différentes techniques ou électrolyseurs pour produire de l’hydrogène vert, mais certaines de ces nouvelles techniques ne sont pas encore tout à fait au point. En outre, la capacité globale des électrolyseurs doit augmenter afin que l’hydrogène vert remplace l’hydrogène gris. Nous avons également besoin d’une quantité plus importante d’énergie renouvelable à moindre coût ainsi que d’une électricité moins chère.

De plus, les infrastructures de stockage et de transport représentent un énorme défi, car l’hydrogène est extrêmement inflammable et nécessite une compression avant son transport. Par exemple, les pipelines doivent être repensés pour transporter l’hydrogène, alors que ce n’est pas le cas pour le gaz naturel. Par conséquent, cela prendra du temps.

Un dernier défi pourrait être la réglementation : si l’on veut rendre l’hydrogène vert compétitif en termes de coûts par rapport à la forme grise, les prix du carbone doivent continuer à augmenter de manière drastique pour pousser les utilisateurs vers l’approvisionnement en hydrogène vert.

Le rôle de la réglementation dans le développement de l’hydrogène

Même si ce n’était pas le cas il y a quelques années, l’hydrogène prend de plus en plus de place dans le paysage politique mondial, non seulement par la promotion des investissements, mais aussi grâce à une réglementation directe et l’inclusion de l’hydrogène dans les plans nationaux pour l’énergie et le climat. Dans l’Union Européenne et au Royaume-Uni, l’hydrogène était l’un des principaux piliers des plans de relance post-Covid-19, ce qui signifie qu’il est nécessaire de soutenir son développement via les investissements. L’hydrogène est également abordé dans le Green Deal. Néanmoins, l’accent est aussi mis sur la sanction des activités émettrices de carbone en facilitant les clusters et les partenariats.

On estime, par ailleurs, que l’hydrogène peut satisfaire environ 1/6 à 1/5 de la demande énergétique mondiale d’ici 2050. En termes de réglementation, la Commission européenne inclut la production d’hydrogène à faible teneur en carbone dans la taxonomie des activités durables dans le cadre de son plan d’action pour la finance durable. À ce titre, des seuils sont définis dans la taxonomie afin de garantir l’application d’une définition claire de l’hydrogène à faible teneur en carbone.

Outre la réglementation et les investissements directs, il est également nécessaire de créer des clusters et des partenariats industriels internationaux, ainsi que des règles et des normes internationales en matière de sécurité, de pureté et de certification de l’hydrogène propre.

Pourquoi investir dans l’économie de l’hydrogène

Il existe plusieurs opportunités d’investissement au travers de nombreuses industries. Les estimations varient, mais la taille du marché pourrait atteindre 10 000 milliards de dollars américains d’ici 2050. Bien sûr, il y a des bénéficiaires directs, comme les fabricants d’électrolyseurs ou d’autres fournisseurs d’équipements spécialisés tout comme les entreprises de gaz industriels, étant donné leur expertise dans la manipulation de l’hydrogène. Cependant, il existe aussi des bénéficiaires indirects importants. Par exemple, les développeurs d’énergies renouvelables, mais aussi les fabricants d’engrais pourraient bénéficier du passage à l’hydrogène, car leur expertise de l’ammoniac en matière de stockage, de manutention et de production pourrait s’avérer utile.

Nous pensons que pour les investisseurs, notamment pour la classe d’actifs actions, une approche de la chaîne de valeur pourrait être un moyen intéressant pour identifier des opportunités d’investissement. Cela signifie qu’il ne faut pas seulement s’intéresser à la production proprement dite, mais aussi à la fabrication d’équipements ou aux acteurs du transport et du stockage.

Afin d’avoir une exposition directe, le crédit pourrait offrir des possibilités intéressantes, car nous avons constaté une augmentation des obligations vertes et des obligations liées au développement durable, axées sur le développement de l’hydrogène vert et à faible teneur en carbone, à la fois dans la production, l’utilisation et l’infrastructure.

[1] Produit à partir de combustibles fossiles

² Fabriqué par électrolyse de l’eau en utilisant des énergies renouvelables

TL
Lien principal : www.dpamfunds.com

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Lionel_fr

Pour répondre à la question posée dans le titre :
L’hydrogène-énergie “vert” et donc, obtenu par électrolyse de l’eau, n’est pas encore rentable. Par contre, il fait l’objet d’intenses recherches, principalement en Allemagne, au Japon, en Chine et un peu en France bien que cette dernière brille surtout dans l’hydrogène “gris” dont elle produit presque 1 million de tonnes par an.
MAIS
Les esprits éclairés européens, dont nous avons élu quelques uns, ont décidé d’investir 500 milliards d’euros dans un vaste plan hydrogène. Ce n’est pas une petite somme, c’est le quart du PIB français, ou encore, ce que dépensent tous nos ministères réunis pendant deux années !

Le pactole s’adresse à quiconque se montre capable de produire des solutions de production, de transport, stockage ou consommation d’hydrogène.

Ce n’est pas à la portée de particuliers, ni d’artisans, même fortunés car l’hydrogène se stocke sous hautes pressions dans des cuves et conduites traitées spécialement pour cet usage. Extrêmement froid à l’état liquide, affreusement chaud à la combustion (2800°), bricoleurs, s’abstenir

Bref , cet argent est strictement réservé aux industriels. Ceux-ci se livrent donc à une “course aux subventions” et pour ce faire, investissent massivement en recherche pour répondre aux appels d’offre européens.

Au départ, 500 milliards de l’UE s’ajoutent donc aux investissement des industriels pour un total largement supérieur à 2000 milliards. Soit un peu moins que le PIB français.

Comme l’hydrogène a des propriétés uniques et des applications très prometteuses, les Etats unis, l’Angleterre, la Russie, le Japon, la Chine, l’Australie , le Kazakhstan, le Chili …etc… ont, à leur tour, lancé un plan hydrogène massif.

DONC

L’avenir de l’hydrogène vert (titre de l’article), c’est surtout des subventions de dingue, du boulot pour des millions de personnes, des applications innombrables…

Revenons sur Terre. L’hydrogène a un potentiel énorme mais dans l’immédiat, les coûts sont abyssaux. L’avenir , c’est donc de l’argent public et celui des industriels qui se battent pour des parts de marché.
Plus tard, bien plus tard, les coûts baisseront, les réseaux s’adapteront, les usines, les machines (autos, camions, trains bateaux avions, chaudières, turbines électrogènes, …) seront au point – ce n’est pas le cas aujourd’hui, ce sera le cas demain. On appelle ça l’économie hydrogène (wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_hydrog%C3%A8ne) , on sera tous morts avant mais ce sera beau, propre, bleu, plein de science fiction, nos enfants vont adorer ça

Lionel_fr

J’ai parlé un peu vite, les coûts de l’hydrogène vont baisser plus rapidement que prévu. Même les vieux singes apprennent de nouvelles grimaces (je me comprends) :

Le coût de l’hydrogène tombera entre 0.7 et 1.8 € par kg en 2030

Rappels :
1kg d’hydrogène “contient” 33 kWh d’énergie et occupe 11 m3 à pression ambiante.
Rendement de conversion industrielle de l’électrolyse alcaline : 63%
Rendement espéré de l’électrolyse alcaline à l’avenir ~ 90%
Prix d’un kg d’hydrogène “vert” annoncé par l’industrie française (avant plan hydrogène européen) ; 11 à 12 € !