Efficacité des bâtiments : un potentiel inexploité

Le potentiel énorme du secteur du bâtiment et de la construction dans le combat contre le changement climatique reste virtuellement inexploité, pointe un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE).

Le rapport indique qu’en octobre 2008, seuls dix des quelques 4 000 projets en cours dans le cadre du Mécanisme de Développement Propre (MDP) – le principal outil international fondé sur le marché du carbone du Protocole de Kyoto – cherchaient à réduire la consommation d’énergie des bâtiments, responsable d’un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. Ceci, en dépit du potentiel important du secteur dans la réduction des GES responsables du réchauffement climatique.

Une réduction des émissions de près de 30% par rapport aux niveaux de référence dans les bâtiments résidentiels et commerciaux peut être atteinte d’ici 2030 à un coût net négatif, d’après les résultats de plus de 80 études à travers le monde citées dans le rapport.

"Tous les rapports soulignent que des économies considérables sont possibles en traitant les émissions de bâtiments existants tout en concevant de nouveaux bâtiments incluant le solaire passif et actif, des systèmes de chauffage et de climatisation faibles en énergie et des appareils éco-énergétiques", a commenté le Secrétaire Général  Adjoint de l’ONU et Directeur exécutif du PNUE Achim Steiner.

"En effet, l’environnement construit est au centre de la croissance et de l’économie mondiale vertes, en termes d’emplois verts, d’innovation, d’un monde plus efficients en ressources et de l’opportunité pour les citoyens et les communautés d’adopter un mode de vie à faibles, voire à zéro, émissions".

"Le Mécanisme de Développement Propre du Protocole de Kyoto a été une réponse créative au défi du changement climatique, lançant de nouveaux projets en matière d’énergie renouvelable tout en encourageant la production de carburants comme le méthane issu des décharges et le torchage du gaz. Mais le MDP pourrait évoluer vers un mécanisme encore plus créatif, capable de mener à des bâtiments et constructions, ainsi que des transports, respectueux de l’environnement et à des programmes de villes entières à faible carbone", a-t-il ajouté.

Verdir le boom de la construction

Les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments à travers le monde vont augmenter en flèche pendant les deux prochaines décennies, principalement à cause des booms de la construction en Asie, au Moyen-Orient et en Amérique latine.

Estimées à 8,6 milliards de tonnes en 2004, les émissions de GES liées aux bâtiments pourraient presque doubler d’ici 2030 pour atteindre 15,6 milliards de tonnes dans le scénario de forte croissance établi par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

En même temps, les technologies actuellement commercialisées permettent de réduire de moitié la consommation d’énergie tant dans les nouveaux que dans les anciens bâtiments sans investissement significatif, dit le rapport du PNUE « The Kyoto Protocol, the Clean Development Mechanism, and the Building and Construction Sector ».

Des mesures simples comme l’amélioration de la ventilation et de l’isolation, une utilisation accrue de l’éclairage naturel, l’utilisation d’appareils et d’éclairages éco-énergétiques, au côté de l’utilisation du solaire et d’autres sources naturelles de chaleur, permettraient d’économiser de l’énergie et de l’argent.

Jusqu’à 90 % de l’énergie utilisée par un bâtiment lors de son cycle de vie complet sont consommés pour le chauffage, le refroidissement, la lumière et autres installations. Les 10% restants sont consommés lors des phases de construction, de fabrication des matériaux, et de démolition.

Construire sur des fondations instables

Six ans après sa création, seuls quelques projets de construction ont réussi à entrer dans le cadre du MDP, et près de la moitié de ceux-ci furent rejetés lors de la phase d’enregistrement.

Comme résultat, la contribution du MDP à la réduction des émissions de GES du secteur de la construction est presque inexistante, et le vaste potentiel d’économies d’énergie du secteur reste virtuellement inexploité, souligne le rapport.

Les projets d’efficience énergétique du secteur de la construction actuellement mis en oeuvre dans le cadre du MDP ont seulement généré environ 2 000 unités de crédits carbone à ce jour, ce qui représente le résultat le plus bas de toutes les catégories de projets.

Parmi les barrières à une mise en oeuvre réussie du MDP, le rapport cite les coûts administratifs et de transaction élevés, des incitations financières faibles, les difficultés de préparation de rapports, et la nature dispersée du secteur avec de nombreux bâtiments apportant peu d’économies individuelles.

Par exemple, huit projets proposés par la chaîne de supermarchés Pão de Açúcar au Brésil furent rejetés lors de l’enregistrement MDP à cause des difficultés rencontrées dans la comptabilisation des 19 275 tonnes d’économies annuelles en carbone projetées.

Le revenu carbone estimé n’aurait cependant été que de 3 000 dollars par magasin, moins que les coûts de base d’exploitation pour la gestion et le suivi des projets, sans compter le remboursement des équipements éco-énergétiques.

Le projet Kuyasa de modernisation au Cap, Afrique du Sud, est le premier projet MDP qui améliore l’efficience thermale de logements pour bas revenus. Le projet vise à installer des chauffe-eau solaires, l’isolation des plafonds et l’installation de lampes fluorescentes compactes dans plus de 2 000 logements résidentiels pour les familles à bas revenus, permettant des économies de 6 580 tonnes d’équivalent CO2 chaque année.

Néanmoins, en dépit de son enregistrement, le projet doit encore prendre son envol, hormis pour 10 maisons de démonstration, ce qui illustre le défi que représente l’utilisation du MDP pour financer de tels projets.

À l’autre bout du marché de l’immobilier, l’hôtel cinq étoiles ITC Sonar à Calcutta, Inde, fut le premier projet commercial d’amélioration éco-énergétique enregistré. L’hôtel a mis en oeuvre un vaste éventail de mesures visant le chauffage de l’eau, la climatisation de l’air et la gestion des déchets. Cependant, après la première année les 1 886 tonnes de crédits carbone certifiés représentaient significativement moins que la réduction de 2 987 tonnes de CO2 issues de l’amélioration, à cause des rigoureuses procédures de vérification du MDP.

Créer une base solide par la réforme du MDP

A partir de ces constats, le rapport met en avant un certain nombre de recommandations pour renforcer le MDP et d’autres mécanismes du Protocole de Kyoto, destinées à stimuler le rôle du secteur du bâtiment et de la construction dans le combat contre le changement climatique.

Les recommandations incluent :

  • le développement de réglementations et de normes nationales pour l’efficience énergétique des bâtiments et/ou des bâtiments durables ;
  • le développement de références de base et de repères communs au secteur du bâtiment pour le MDP;
  • le développement d’outils d’évaluation de l’efficience énergétique des bâtiments et des projets MDP ;
  • l’implication du secteur financier; et
  • la présentation du potentiel par le biais d’études de cas et de projets de démonstration.

Plus spécifiquement, le rapport prévoit :

  • l’usage d’indicateurs basés sur les performances, comme la consommation d’énergie par mètre carré pour la validation, le suivi et la vérification des projets ;
  • le remplacement du suivi direct et constant par l’échantillonnage ;
  • le développement de références de base communes en matière de performance pour différents types de bâtiments ;
  • le soutien de projets MDP visant à fournir suffisamment d’énergie pour répondre aux besoins de base des populations pauvres, par exemple en délivrant des crédits carbone pour les « émissions évitées » ;
  • la possibilité de générer des crédits carbone dans des projets qui visent à satisfaire aux normes nationales d’efficience énergétique des bâtiments ; et
  • la sensibilisation au MDP par le biais des Autorités nationales désignées.

L’intégralité du rapport « The Kyoto Protocol, the Clean Development Mechanism, and the Building and Construction Sector » est disponible en ligne sur : http://www.unep.fr/scp/bc/publications/ ou http://www.unepsbci.org
L’étude s’est concentrée sur 14 projets MDP qualifiés de projets du secteur de la construction. Ce nombre inclut huit projets au Brésil qui furent rejetés en cours d’étude. Quatre projets représentatifs furent sélectionnés pour un examen approfondi : Kuyasa, Le Cap, Afrique du Sud ; ITC Sonar Hotel, Calcutta, Inde ; Technopolis IT Building, Calcutta, Inde ; et supermarchés Pão de Açúcar, Brésil.

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filvert

Les économies d’énergie permettent d’éviter de construire de nouvelles centrales et d’économiser beaucoup d’argent.En France une maison des années 1970 va coûter 14 fois son prix de construction en chauffage et climatisation sur un siècle si l’énergie augmente de 2% par an. (Voir Guide Pratique de l’éco-habitat où il y a tous les calculs).  Une maison c’est comme une voiture, il y a son coût d’achat et ensuite sa consommation énergétique.En France on peut facilement économiser 30% de notre consommation énergétique en agissant sur les batiments.

filvert

Les économies d’énergie permettent d’éviter de construire de nouvelles centrales et d’économiser beaucoup d’argent.En France une maison des années 1970 va coûter 14 fois son prix de construction en chauffage et climatisation sur un siècle si l’énergie augmente de 2% par an. (Voir Guide Pratique de l’éco-habitat où il y a tous les calculs).  Une maison c’est comme une voiture, il y a son coût d’achat et ensuite sa consommation énergétique.En France on peut facilement économiser 30% de notre consommation énergétique en agissant sur les batiments.

Petar91

et au lieu de mettre 15 000e dans une voiture, autant le mettre dans l’isolation de sa maison…ou des ENR.

Eco

les produits pour economiser l energie existe ce qui n existe pas ce sont les prescripteurs qualifiesmais arreter le cinema et l isolation et le double vitrage et tata et tata……..ca fait quarante ans que l on entend le meme refrainallez voir dans la plupart des administrations il ni a meme pas un thermostat d ambiance avant de parler pac solaire eolien energie renouvelable et tata et tata…… finance a coup de subventions parce que personne ne peut financer de tel financement mais ca amuse lagalerie    bien a vous