Dans un contexte de fin des tarifs réglementés de vente dont l’échéance arrive à grands pas, Eni Gas & Power France a tenu lors d’une conférence de presse à revenir sur l’ouverture du marché du gaz à la concurrence, en dressant un bilan reprenant ses attentes mais aussi les limites constatées.
Bien qu’ouvert à la concurrence depuis 2000, la libéralisation des marchés s’est nettement accélérée avec la fin des tarifs réglementés pour les professionnels. Si Eni parle de « mouvement » c’est que cet élan n’est qu’un début et non un aboutissement. Le processus aboutira le jour où la fin des tarifs réglementés sera effective aussi bien pour les professionnels dont la consommation est inférieure à 30 MWh que pour les particuliers.
Autre signe d’ouverture, d’importants marchés publics ont été remportés par des fournisseurs de gaz alternatifs. Eni a notamment remporté l’appel d’offre lancé par la filiale logement de SNCF, ICF Habitat ainsi que trois lots de l’appel d’offres organisé par le Sigeif, important syndicat d’énergie en France.
Concernant les particuliers, le réveil est encore bien timide. 81% des consommateurs sont toujours chez le fournisseur historique. Pourtant, ils se voient offrir un large éventail d’offres et de solutions d’accompagnement. Et le plus surprenant est que d’après le récent sondage Ifop/Eni*, 77% des Français estiment que l’ouverture progressive du marché est une bonne chose.
Des décisions réglementaires restrictives et contraignantes
Au nombre de trois, les obligations réglementaires évoquées ci-après ont un coût non négligeable qui se répercute invariablement sur la facture des clients et sur la capacité d’investissement des alternatifs :
– Le CEE[1] (Certificat d’Economie d’Energie). Concernant le nouveau dispositif CEE précarité énergétique, Daniel Fava, Directeur général d’Eni Gas & Power France se prononce : « la décision d’augmenter le volume en créant les CEE précarité énergétique a été prise sans concertation avec les fournisseurs, or les modalités de mise en œuvre et l’impact économique sur leur budget sont lourds et coûteux ». En effet, la hausse du coût du CEE provoque par répercussion la hausse de la facture de chaque client. A cela s’ajoute le fait que le fournisseur historique reste avantagé car il avait déjà tissé des relations avec des bailleurs sociaux et des réseaux d’installateurs, relations que les nouveaux entrants n’ont pas eu le temps de créer.
– Le stockage. Ici, il s’agit d’anticiper une catastrophe climatique afin que l’approvisionnement ne soit pas perturbé, en stockant 80% du besoin de consommation de l’ensemble de ses clients. La démarche est louable mais statistiquement une telle catastrophe ne peut se produire qu’une fois tous les 50 ans, aussi la pertinence d’un tel stockage paraît moins justifiée au regard du coût qu’il représente.
– L’extension de la CSPE (Contribution au Service Public de l’Electricité). Il s’agit d’un prélèvement fiscal auprès des consommateurs d’électricité afin de dédommager les fournisseurs des surcoûts liés aux obligations engendrées par la loi sur le service public de l’électricité. En ce moment, des discussions ont lieu sur la nécessité d’étendre la collecte de ce prélèvement aux autres énergies. Bien qu’aucune décision n’ait encore été prise, Eni Gas & Power prévient que l’adoption de cette mesure se solderait par un surcoût conséquent pour les consommateurs de gaz. En effet, cela augmenterait la facture du gaz naturel de 10% !
Daniel Fava s’interroge : « Pourquoi de telles restrictions sont mises en place ou envisagées alors que le gaz naturel est une énergie d’avenir, peu polluante, complémentaire et dont les réserves ne feront pas défaut ? Dans un contexte de développement des énergies renouvelables, il serait dommageable d’entraver sa progression ».
Objectifs et perspectives de développement
En effet, malgré les contraintes réglementaires décrites, le gaz naturel a de multiples avantages et Eni se positionne pour faire changer les choses:
– le prix du gaz est 2,2 fois moins cher que celui de l’électricité
– le gaz naturel émet 40% d’émissions de CO2 en moins que le charbon et sa chaîne d’approvisionnement est l’une des moins émettrices en CO2 (parmi celles des combustibles courants). C’est pourquoi le gaz naturel aurait pu faire partie intégrante du projet de loi sur la Transition Energétique. Il peut être complémentaire au développement des énergies renouvelables, toutes les infrastructures existent déjà et de nombreuses pistes restent à explorer comme les transports, la micro-génération, etc.
– en prenant les réserves prouvées et estimées, il y a plus de 235 ans de réserves de gaz naturel. Eni a d’ailleurs récemment découvert le plus grand gisement gazier en Méditerranée au large de l’Egypte, soit 850 milliards de m3.
Eni Gas & Power France prévoit aussi de développer son parc avec un objectif de + 500 000 clients à l’horizon 2017 en prenant en compte les attentes des consommateurs. D’après le sondage Ifop/Eni*, les Français souhaitent majoritairement :
– bénéficier d’un prix sécurisé (51%)*
– recevoir des renseignements sur leur consommation et des conseils pour économiser (51%)*
– disposer d’un prix bloqué et uniquement révisable à la baisse (50%)*
– pouvoir faire des économies (35%)*.
La prochaine étape annoncée ce matin par Eni Gas & Power est la vente d’électricité à partir de 2016. Selon Daniel Fava, « Eni Gas & Power France se lance avec les mêmes ambitions que lorsqu’il s’est positionné sur le gaz en prônant l’innovation et la création de services dédiés aux besoins de l’ensemble des consommateurs ».
*Sondage Ifop/Eni réalisé du 4 au 10 septembre 2015 sur un échantillon de 1001 personnes représentatif de la population française, âgée de plus de 18 ans, par questionnaire en ligne.