Eolien 2020 : la France ne tiendra pas ses engagements

Selon une étude du cabinet Xerfi, la France sera incapable de tenir ses objectifs en matière de production d’énergie renouvelable, de source éolienne, comme le prévoit le Grenelle de l’environnement en 2020.

En effet, le seuil fixé par le Grenelle de l’environnement à l’horizon 2020 est de 23% d’énergie renouvelable, dont 25.000 MW de capacité éolienne installée. Les spécialistes Xerfi du secteur indique dans une étude publiée en début de semaine que "le parc éolien français ne dépassera pas 15.000 mégawatts (MW) à terme, contre 25.000 MW prévus par le Grenelle Environnement".

L’analyse montre que les porteurs de projets installeront "400 à 500 nouvelles éoliennes par an". La taille du parc qui a ainsi dépassé 5 000 MW de puissance au cours de l’année 2010 devra par conséquent être multipliée par 5 d’ici à 2020. Ils précisent par ailleurs que "moins de 1.000 MW auront été connectés au réseau électrique en 2010" alors qu’il en faudra encore 20.000 MW d’ici 10 ans.

"Des vents contraires pourraient se lever et freiner le développement de l’éolien".

Dans un contexte de durcissement de la politique budgétaire et de concurrence accrue des autres énergies (renouvelables comme le solaire ou conventionnelles comme le gaz), mieux évaluer les freins de ce marché devient un enjeu essentiel pour tous les opérateurs qui ambitionnent de s’y développer.

Xerfi a notamment mis l’accent sur deux facteurs de risque pour la filière :

la faiblesse du facteur de charge, inférieur à 20%. En clair, le parc éolien fonctionne seulement 1 750 heures par an. Il se révèle aussi aléatoire car dépendant des conditions météorologiques. Autrement dit il existe un risque non négligeable pour une société d’exploitation que la production
d’électricité ne soit pas au niveau escompté. D’autant que les nouveaux parcs sont de plus en plus fréquemment implantés dans des régions réputées moins ventées. Ces freins pourraient au final remettre en cause la profitabilité des exploitants ;

l’instabilité du cadre réglementaire. L’État français a durci en 2009 et en 2010 les conditions d’implantation des fermes éoliennes. Il a également ajourné récemment le programme offshore au large de Noirmoutier. Un certain nombre de décisions ont ainsi secoué la profession et retardé la maturation des projets. Qu’en sera-t-il de la pérennité du système de rachat de l’électricité ? Sera-t-il fortement remis en question à l’image de ce que l’on a pu observer dans d’autres filières comme le solaire par exemple ?

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michel123

Certaines réflexions sont tout à fait exactes

renewable

Un bémol sur votre argumentaire, vous raisonnez comme si l’électricité ne servait qu’à chauffer/refroidir. Vous condamnez ainsi le PV en oubliant qu’il est aberrant que l’électricité serve à faire de la chaleur ou du froid…et qu’il s’agit tout de même d’un usage minoritaire. Donc le PV a toute sa place pour les autres usages classiques de l’électricité sur sa plage de production, et peut même être un avantage dans la recharge de batteries via un tarif avantageux en période de pointes solaire facilement prévisibles.

bmd

Votre discours sur l’éolien est inusable: un catalogue de bons sentiments. Bien sûr que tout ce que vous dites peut contribuer, dans la mesure où c’est réalisable, à améliorer les possibilités de l’éolien, mais de combien et à quel prix? Et est-ce vraiment utile en France? Tout mode de production d’électricité doit s’insérer dans un ” mix” électrique fait de sources diverses. Il ne faut pas seulement évaluer la disponibilité et le coût de chaque source, mais aussi les dépenses qu’il faut faire pour l’insérer dans le mix électrique. Pour l’éolien, une amélioration de son insertion entraîne des modifications du réseau, et une perte de rentabilité des sources auquelles il se substitue.Ces dépenses se retrouvent immanquablement d’une manière ou d’une autre sur la facture du consommateur, mais n’y apparaissent pas en tant que telles. Le consommateur devrait avoir le droit de choisir ce qui lui coûte le moins cher, mais encore faut-il pour qu’il puisse l’exercer qu’il soit correctement informé. Vous remarquerez que l’étude Xerfi donne un facteur de charge légèrement inférieur à 20 %, alors que la valeur qui circule généralement est 25 %. Les raisons, comme l’explique Xerfi, sont un développement des éoliennes dans des zones insuffisamment ventées.Ce qui a été rendu possible par un tarif de rachat trop avantageux,la collusion des agriculteurs et des municipalités agricoles avec les constructeurs etc…

bruno

Pas surprenant : a t-on déjà vu la France tenir ses engagements ? Notre pays est un spécialiste en matière de bonnes intentions affichées mais jamais tenues … La tradition du conflit qui prévaut chez nous, par rapport à l’Allemagne où c’est la tradition du compromis, empêche le développement rapide des ENR. Pour cette raison nous allons encore être à la traine et nos voisins auront beau jeu de se moquer de “la grande lenteur” française

Lol

L’auteur de l’article a oublié un facteur de risque: ce qui décourage les banques et fait capoter les projets: l’opposition des populations. Personne ne veut de ces grosses machines devant sa maison.Et je les comprends !!!

Inox

non ècrit, la prise en charge (pour bien la controler/ou la noyer en France) du segment des grosses éoliennes off-shore par Areva qui verdit son image de marque par n’importe quel moyen.

michel123

Vous savez les chinois ne sont pas des rêveurs S’ils construisent massivement des éoliennes sur leur territoire , c’est qu’ils ont fait leurs petits calculs , ils savent que passée la pèriode d’investissements lourds et une fois l’amortissement des machines effectuée , cette énergie sera tout à fait rentable se mariant parfaitement aux lourds investissement pratiqués dans l’électricité hydrolique .

bruno

@michel123 : oui c’est tout à fait comme ça qu’ils raisonnent, ce sont des stratèges. Les prix des matières premières fossiles (pétrole et charbon) mais aussi du gaz naturel vont forcément augmenter d’ici 20 ans, tandis qu’avec les progrès ytechniques en cours les éoliennes ont un rendement croissant et le prix de l’électricité produit par ce moyen lui va baisser et ensuite il n’augmentera pas. Cela pour une raison bien simple : la matière première nécessaire (le vent) est peu être aléatoire mais sera toujours gratuite …

Aurel

@BMD:”Le consommateur devrait avoir le droit de choisir ce qui lui coûte le moins cher, mais encore faut-il pour qu’il puisse l’exercer qu’il soit correctement informé. ” Pensez-vous que le consommateur soit informé des coûts de revient réels et des risques (notamment géopolitique, par le soutien de dictateurs dans les pays dont le sol contient de l’uranium) liés à l’énergie nucléaire en France ? Le consommateur se contente d’aprécier le prix de 0.08 euro ht le kWh et de gobber la communication qui lui servent Areva, EDF et le gouvernement. Et face à ce prix, aucune autre énergie n’est jugée “rentable”, et peu importe si elle est renouvelable ou pas.

benkebab

Et dans les objectifs à attendre en éolien on avait aussi une part non négligeable d’éolien en mer. Si on continue comme ça, ces gros cons(ommateurs) d’Américains construiront leur premier par éolien offshore avant nous! (voir le projet Cape Wind, enfin en phase de démarrage!)

Sicetaitsimple

Il y aurait des chose à dire sur votre argumentaire, même si sur le fond je suis plutôt d’accord, sauf sur un point: “2- par l’arrivèe des epr dont la production peut varier DE 30 à 100% de la production maximale à la vitesse de 3% par minute “. Là vous lisez trop les pub d’Areva…”Il peut le faire”, certainement, une fois de temps en temps sur un vrai problème réseau, mais si il le fait souvent: – d’abord ça n’a plus de sens économiquement ( le nucléaire est rentable en base, même si son développement massif en France fait qu’il n’est pas tout le temps à fond comme dans les autres pays) – vous irez récupérer les pastilles de combustible au fond de la cuve à la petite cuillère à chaque arrêt pour rechargement….

michel123

Dans la configuration actuelle l’éolien ne sert à rien , son intérêt principal est de préserver le futur en économisant le combustible . La filière surgénératrice a pris 60 ans de retard ( à cause de ces imbéciles de jospin , fabius) et l’uranium extractible n’a que 40 ans à vivre.

Pastilleverte

Comme la plupart des matières premières, le “peak” de production, dépend effectivement du coût d’extraction considéré comme “économique” Voir le lithium où, avec l’envoléee des cours des réserves “nouvelles” ont commencé à fleurir, et si la Bolivie et autres pays d’Amérique du Sud restent prépondérants, d’autres “émergent”. idem pour la pétrole : on en est encore aux balbutiements du forage profond, on et off shore (voir “nouvelles” réserves au large du brésil ou, peut- être sous le Bassin Parisien vers les – 3000 mètres) De plus pour l’uranium, on est encore loin d’avoir optimisé le rendement de combustion des centrales, et/ou de “recycler” les déchéts en combustible. Certes l’énergis solaire (y compris éolien)est encore plus loin de son”peak” potentiel (environ 4 milliards d’année, tant que le soleil sera là), mais son rendement reste pour l’instant trop bas (mais ça change tous les jours… en mieux… on y croit…)

Sicetaitsimple

Les pastilles en fond de cuve sont je vous l’accorde un cas extrème, mais une rupture de gaine combustible (sans relachement de pastilles), c’est quand même bien embétant… Je sais bien que le nucléaire module en France, mais je ne suis pas vraiment sûr que ce soit optimal…Tant que c’est du réglage secondaire comme le dit Marius, et bien de toutes façons il faut faire, mais de là à faire du tous les jours 30/100 à 3%/mn comme le propose Michel123 ou le dit Areva, il y a un pas… EDF raconte à l’envie que son relatif faible taux de disponibilité est notamment dû au suivi de charge , donc ne faisons pas plus de nucléaire en France. Au royaume uni, en allemagne, en espagne, en Italie si ça repart, c’est ou se serait pleine charge du 1/01 au 31/12…Et là, le nucléaire prend tout son sens.

Sicetaitsimple

On fait du changement de crayon en piscine combustible dans les centrales EDF entre 2 arrêts pour rechargement? Tiens donc…Vous pouvez nous amener des éléments complémentaires, des exemples? Des ilotages, d’accord… Combien en moyenne par an et par centrale aujourd’hui? Je parle pour répondre à BMD d’utilisation si ce n’est quotidienne, mais au moins fréquente de rampes de prise de charge importantes. Faites 50 ilotages ou baisse de charge équivalentes par an , les gaines vont résister, mais c’est la partie conventionnelle ( turbine et poste d’eau) qui vont hisser le drapeau blanc. Vous pouvez raconter ce que vous voulez, mais le nuke, c’est full power full time, le reste n’est que de la désoptimisation et il n’y a qu’en France qu’on en discute parce qu’il y en a un peu trop….

Dan1

Pour Sicetaitsimple. Vous dites à lion : “Vous pouvez raconter ce que vous voulez, mais le nuke, c’est full power full time, le reste n’est que de la désoptimisation et il n’y a qu’en France qu’on en discute parce qu’il y en a un peu trop….” Certes en France on discute de la “mauvaise” utilisation du nucléaire à cause du suivi de charge, mais il faut en évaluer les proportions pour voir ce que l’on perd et donc ce que l’on pourrait gagner : Voir à la page 18/72. Le suivi de charge se traduit par le coefficient Ku (taux d’utilisation) plutôt faible. On voit qu’en 2008, il était globalement de 94,45 %. Cela veut dire que nous aurions pu faire 5,55 points de gain. C’est bien mais il y aurait plus à gagner sur la disponibilité (coefficient Kd). Le Kd moyen était de 80,22 %. Le gain théorique est donc de 19,78 points. En final Kd x Ku = Kp (facteur de charge) = 75,77% en 2008. C’est pas catastrophique, mais pas excellent non plus. Donc notre parc de 58 réacteurs totalisant 63 GW a un potentiel théorique de 63 x 8 760 = 552 TWh/an et en 2008 nous avons produit : 552 x 0,7577 = 418 TWh (-134 TWh). Que pouvions nous espérer ? Faire comme les Coréens qui ont un Kp moyen de 93 %. Dans ce cas, nous aurions produit : 552 x 0,93 = 513 TWh, soit 95 TWh de plus ! Pour ce faire, il faudrait un Ku proche de 100 %, mais surtout un Kd d’au moins 94 %. Comment faire pour augmenter le Ku de 5 points (de 94,5 % à 99,5 %) ? Mais surtout, coment faire pour augmenter le Kd de 14 points (pour passer de 80 % à 94 %) ?? Bon ne rêvons pas, si on avait un Ku de 99% et un Kd de 85 % (promesse pour 2012), ce serait déjà pas mal. Nous aurions un KP de 84 % qui permettrait de produire 63 x 8 760 x 0,84 = 464 TWh soit 46 TWh de plus qu’en 2008. Ces 46 TWh ne sont pas rien car ils représentent la production annuelle d’un parc éolien de 21 GW (un tout petit peu moins que le parc allemand actuel). En France, cela représenterait la production de 10 500 éoliennes de 2 MW ayant un facteur de charge moyen de 25% (2 190 heures équivalent pleine puissance). Un Kd de 85 % c’est 15% d’indisponibilité pour maintenance programmée, modification et panne, ça fait 1 314 heures à l’arrêt ou encore 55 jours. Voilà, ce que nous apporterait une amélioration de la maintenance et de l’utilisation sans rien construire de nouveau et en restant nettement en retrait de la performance coréenne.

Peeka

Vous avez une tendance à dériver sur le nucléaire sur chaque news assez impressionante! Vous etes surs que c’est le bon endroit pour parler de ca? Je dis ca, j’ai rien de spécial à ajouter sur l’article, mais ca me fait marrer de voir l’évolution des comms sur ce site… Allez bon week end

Dan1

Si vous êtes perspicace et honnête, vous constaterez que je ne dérive pas souvent sur le nucléaire, mais que je réponds très souvent au sujet du nucléaire qui a été évoqué par d’autres et avant moi ! Peu importe l’endroit. Si ce n’est pas le bon endroit, il ne faut pas commencer à en parler… n’est-ce pas Peeka !

Sicetaitsimple

Vos calculs sont comme d’habitude justes, pas de problème. Le problème, c’est que malheureusement compte-tenu de la prééminence du nucléaire en France, le Kd et le Ku ne sont pas indépendants. Je n’ai pas les chiffres à portée de main , mais quand le Kd baisse, le Ku augmente ( ce qui est normal, s’il y a moins de centrales disponibles, chacune d’entre elle est plus appelée) et inversement..Bref, si le Kd remontait à 85% ( il y a du chemin), le Ku diminuerait… C’est le signe d’un nucléaire qui est peut-être un peu trop omnipotent.. Il est là, on ne va pas le brider, mais une fois de plus je ne suis pas sûr qu’on soit à l’optimum et je suis certain qu’en rajouter n’est pas vraiment judicieux. UK, Italie,et autres,pour ne parler que de l’Europe, bien sûr.

Sicetaitsimple

Que le Kd remonte serait forcément et dans tous les cas une bonne chose, pour EDF bien sûr, pour le balance commerciale aussi,pour les clients d’EDF aussi car ça signifierait des augmentations de tarif plus limitées, pour tout un tas de bonnes raisons… Le parc nucléaire existe, celui qui souhaite qu’il marche le moins bien possible est un anti-nucléaire, ce que je ne suis pas. Pour autant, ça ne signifie pas qu’il faille s’acharner en France. Qu’on le veuille ou qu’on le souhaite ou non, les renouvelables ( éolien et solaire, dans une moindre mesure biomasse) prennent leur envol en europe. Et le nucléaire francais, il est souvent très surcapacitaire en France et trouve ses débouchés à l’export.Pas en plein hiver, d’accord (encore que ces derniers jours prouvent que ça peut être le contraire), mais globalement c’est le cas. Et ça ne risque pas de s’arranger dans un avenir proche. Il y a encore peu, la France était exportatrice vers l’allemagne en été. Pensez vous que ça va durer si nos amis allemands continuent à mettre 3800MW (2009) ou plus de 5000( 2010 estimé)de PV en service chaque année?

France

OK, pour l’éolien, c’est raté. Normal,c’est a seule EnR qui crée des asso d’opposants dans tous les villages concernés. Biomasse, économie d’énergies…y-a-t-il des opposants ? Faisons donc d’autres choix et basta avec l’éolien.

Durableo

Le financement de l’éolien qui dépend des aides publiques est le point crucial ! Dong Energy vient de lancer une obligation hybride à 100 ans pour se désendetter et se développer dans les énergies propres ! 🙂

Nature

On peut comprendre ,et se féliciter de voir le programme des promoteurs éoliens connaître un retard réel. La vision strictement techniciste du monde que cultivent les esprits pragmatiques se heurte à la sensibilité des habitants qui refusent de voir leur cadre de vie sacrifié sur l’autel de l’électricité. L’argument de la production éolienne ,à peu près dérisoire ,ne suffit pas à faire oublier les dégâts moraux d’une industrie peu délicate,et c’est un euphémisme, dans son approche des sites.