États-Unis : les émissions de méthane seraient amplement sous-évaluées

Selon des chercheurs de l’Université de Harvard et de 7 autres instituts, les émissions de méthane provenant de l’extraction des combustibles fossiles et des activités de raffinage implantés dans la partie sud-centre des États-Unis seraient près de 5 fois plus élevé que les dernières estimations délivrées.

Cette étude qui a été publiée cette semaine dans la revue PNAS, suggère également que la contribution de l’activité de l’élevage pourrait être 2 fois plus élevé qu’on ne le pensait.

Le méthane, un puissant gaz à effet de serre, peut être émis lors de la production du gaz naturel, dans les fermes d’élevage d’animaux (bovins surtout), dans les décharges, dans les mines de charbon, dans la gestion du lisier, et dans de nombreuses autres sources naturelles et anthropiques. A noter toutefois qu’il est considéré que les activités humaines contribuent à hauteur de 60% du total environ.

États-Unis : les émissions de méthane seraient amplement sous-évaluéesDans l’ensemble, et selon la nouvelle étude, les émissions totales de méthane aux États-Unis semblent être de 1,5 fois et 1,7 fois plus élevé que les chiffres estimés précédemment et respectivement par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) et par l’organisme qui gère la base des émissions internationales pour la recherche sur l’atmosphère globale (EDGAR).

La différence résiderait en fait dans la méthodologie. L’EPA et EDGAR utilisent une approche de bas en haut (bottom-up), le calcul total des émissions étant fondé sur des "facteurs d’émission", comme par exemples, la quantité de méthane généralement libérée par vache ou par unité de charbon ou par gaz naturel vendu. La nouvelle étude adopte ici une approche de haut vers le bas (top-down), soit la quantité de méthane réellement présent dans l’atmosphère, en utilisant des données météorologiques ainsi qu’une analyse statistique des sources régionales.

Cette étude consiste notamment en une «reconstitution» des courants atmosphériques suite aux 12.700 mesures effectuées pendant 2 ans ( entre 2007 à 2008 ) et réalisées à l’aide de capteurs équipant à la fois des avions et des tours de reconnaissance.

Les derniers résultats obtenus offrent une base solide et complète pour évaluer les politiques qui visent à réduire les émissions de gaz. Les chercheurs impliqués soulignent également quelques domaines où les hypothèses récentes concernant les facteurs d’émission et les totaux estimés peuvent être erronées.

"Les approches bottom-up et top-down donnent des réponses très différentes sur le niveau des émissions de gaz de méthane", note l’auteur principal de l’étude Scot M. Miller, un étudiant doctorant en sciences terrestres et planétaires au Harvard Graduate School of Arts and Sciences. "Le plus frappant montre que nos résultats sont plus élevés d’un facteur de 2,7 sur la partie centre-sud des États-Unis, identifiée comme une région clé dans l’extraction des combustibles fossiles et du raffinage. Il devient important de résoudre cette divergence afin de bien comprendre les impacts de ces industries sur les émissions de méthane".

Avec le dioxyde de carbone, le méthane constitue un des gaz à effet de serre les plus puissants dans sa capacité à faire augmenter les températures globales. Le méthane à un potentiel de réchauffement global (PRG) de 25, ce qui signifie qu’il a un PRG 25 fois supérieur au dioxyde de carbone (CO2). Enfin, il encourage également la formation d’ozone dans les villes et affecte d’autres caractéristiques de la chimie atmosphérique.

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fragued

A-t-on vraiment la volonté de combattre le réchauffement climatique ?? Nos sociétés se tournent en permanence vers la recherche de croissance, vitale au besoin de résoudre le poids des dettes. L’énergie fossile a encore de belles décennies devant elle…!!