Dacia vient de dévoiler un tout nouveau prototype de véhicule avec le Hipster Concept. Le constructeur roumain propose une vision radicalement différente de la mobilité électrique avec un véhicule de trois mètres de long seulement, capable d’accueillir quatre passagers et leurs bagages. L’objectif affiché est de diviser par deux l’empreinte carbone des véhicules électriques actuels, tout en rendant cette technologie accessible aux budgets les plus modestes. Une ambition qui répond à une réalité économique brutale, le prix moyen des voitures neuves en Europe a bondi de 77% entre 2010 et 2024, creusant un fossé grandissant avec le pouvoir d’achat des ménages.
Une réponse aux usages réels des automobilistes
Le point de départ du projet relève d’une analyse pragmatique des comportements. Romain Gauvin, responsable du Design Avancé & Design Extérieur chez Dacia, précise la genèse du projet : « C’est le projet le plus « Dacia » sur lequel j’ai travaillé. Un projet qui a la même portée sociétale que Logan il y a 20 ans. Et il s’agit d’inventer un objet qui n’existe pas aujourd’hui ».
La démarche part d’un constat simple : en France, 94% des automobilistes parcourent moins de 40 kilomètres par jour. Pourquoi, dès lors, imposer des batteries surdimensionnées et des équipements superflus qui alourdissent la facture ?
Le Hipster Concept propose donc une autonomie ajustée aux besoins quotidiens, avec deux recharges hebdomadaires suffisantes pour couvrir l’essentiel des trajets domicile-travail et des courses de proximité. L’approche pragmatique tranche avec la course à l’autonomie maximale qui caractérise le marché actuel, où chaque constructeur rivalise pour offrir des centaines de kilomètres que la majorité des utilisateurs n’exploiteront jamais pleinement.




Un exercice de style qui défie les conventions
L’apparence du véhicule ne laisse personne indifférent. Avec ses dimensions ultra-compactes, le Hipster Concept ressemble davantage à une suggestion de design industriel qu’à une voiture conventionnelle. Les roues positionnées aux quatre coins, l’absence totale de porte-à-faux, les sangles qui remplacent les poignées de porte traditionnelles.
Romain Gauvin détaille la philosophie esthétique du projet : « Notre ambition en réinventant la vraie voiture populaire était de lui offrir un design évident et mémorisable. Une voiture qu’on peut dessiner en trois coups de crayon ».
La stratégie adoptée est celle de la réduction des coûts à tout prix : une seule couleur de carrosserie teintée dans la masse, seulement trois pièces peintes, des feux arrière intégrés derrière la vitre du hayon pour éviter de multiplier les composants. Chaque choix répond à une logique d’optimisation économique et environnementale.
Les sièges avant fusionnent en une banquette unique avec une armature visible, les appuie-têtes sont ajourés, les vitres latérales coulissent plutôt que de s’abaisser électriquement.


L’obsession du poids comme levier écologique
La vraie révolution du projet se cache dans les chiffres. Dacia annonce un véhicule 20% plus léger que sa Spring, déjà réputée pour sa légèreté. La performance découle d’une philosophie baptisée « éco-smart » par le constructeur.
L’ensemble a besoin de moins de matière première, de moins d’énergie pour la fabrication, de moins de masse à déplacer donc au final de moins de consommation électrique. Les protections latérales utilisent un matériau partiellement issu du recyclage développé en interne.


Stéphanie Chiron, responsable Produit Avancé chez Dacia, souligne l’exploit d’aménagement réalisé : « Dacia Hipster Concept, c’est tout ce que l’on attend d’un véhicule du quotidien, dans seulement 3 m de long, 1,53 m de haut et 1,55 m de large : 4 vraies places et un coffre modulable de 70 à 500 litres ». La densité d’aménagement constitue en elle-même un défi technique : offrir un espace habitable comparable à celui d’une citadine traditionnelle dans un format qui se rapproche davantage d’une voiturette sans permis.
Le smartphone comme centre névralgique
L’habitacle pousse encore plus loin la logique BYOD (Bring Your Own Device) déjà adoptée par Dacia. Le smartphone sert à la fois d’écran de navigation et de clé digitale, avec un système multimédia et une interface de contrôle principal. Cette stratégie de Dacia permet d’éviter l’installation coûteuse d’écrans tactiles dédiés et de systèmes électroniques propriétaires. Une enceinte Bluetooth nomade, compatible avec le système d’accessoires YouClip, assure la fonction audio.
Justement, le système YouClip occupe une place centrale dans la conception de l’habitacle. Onze points d’ancrage répartis sur la planche de bord, les panneaux de porte et le coffre permettent aux propriétaires d’ajouter uniquement les équipements dont ils ont réellement besoin ( porte-gobelet, accoudoir, plafonnier ). La modularité transforme le minimalisme initial en personnalisation progressive, selon les moyens et les envies de chacun.

Entre concept-car et préfiguration commerciale
Dacia ne s’avance pas sur un calendrier de commercialisation. Le Hipster Concept affiche par contre l’ambition de descendre en prix pour toucher les segments de clientèle exclus du marché du neuf .
La question demeure néanmoins. Les automobilistes européens sont-ils prêts à accepter un tel niveau de simplicité, dans des sociétés où la voiture reste chargée de symboles statutaires ? La réponse dépendra sans doute moins des discours écologiques que du pouvoir d’achat réel des ménages. Si le prix catalogue se révèle effectivement attractif, le Hipster pourrait bien trouver son public parmi ceux qui considèrent la voiture comme un simple outil de déplacement, sans affect particulier.
La démarche de Dacia interroge également sur la trajectoire prise par l’industrie automobile dans son ensemble. Alors que la réglementation environnementale pousse les constructeurs vers le tout électrique, le poids moyen des véhicules continue paradoxalement d’augmenter, entraînant une inflation des prix et une hausse des besoins en matières premières critiques. En remettant de la sobriété au centre de sa proposition, Dacia pose indirectement une question inconfortable. Et si la vraie voiture verte de demain ressemblait moins à un SUV électrique premium qu’à ce concept car de trois mètres sur roues ?
Source : DACIA