Une dynamique qui dément les discours anti-énergies renouvelables
Alors que le débat politique à l’Assemblée fait rage sur l’essor des énergies renouvelables (EnR) en France, les chiffres du baromètre Enerfip, leader européen de l’investissement citoyen dans la transition énergétique, montrent un intérêt non-démenti des Français pour investir dans le solaire et l’éolien. Les résultats sont éloquents : plus de 84 millions d’euros ont été levés auprès d’investisseurs particuliers entre janvier et juin 2025 pour financer 67 projets, soit une hausse de 38 % par rapport à la même période de 2024.
Cette performance s’inscrit dans un marché global du financement participatif pour les EnR qui a atteint 159,5 millions d’euros sur le semestre, en progression de 7 % par rapport au premier semestre 2024, selon les données issues du baromètre Forvis Mazars. Malgré un climat politique alimenté par la défiance envers les énergies renouvelables, l’intérêt des citoyens français pour un placement à impact positif dans les énergies renouvelables s’accélère
Enerfip confirme son rôle moteur dans le financement citoyen des EnR
Avec plus de 50 % du montant total collecté sur le marché, Enerfip s’impose comme la première plateforme de financement participatif dédiée à la transition énergétique, en France comme en Europe. Sur les 84 millions d’euros levés, 90 % concernent des projets EnR — principalement dans le solaire, mais aussi dans l’éolien, l’hydraulique et la biomasse.
La plateforme continue d’attirer un public d’investisseurs en quête de sens. En tout, 64 832 souscriptions ont été enregistrées au premier semestre 2025 (+35 % sur un an), confirmant une adoption massive du modèle. Les financements s’effectuent très largement sous forme de prêts obligataires (97 %), avec un taux de rendement interne net moyen (TRI) de 7,92 % — un niveau attractif dans le contexte actuel de marché.
Julien Hostache, cofondateur d’Enerfip, souligne : « Nous observons une évolution profonde et durable des comportements d’épargne. De plus en plus de citoyens ne se contentent plus de chercher du rendement : ils veulent que leur argent serve une cause qu’ils défendent. En soutenant des projets concrets, locaux et tournés vers l’avenir, ils deviennent des acteurs à part entière de la transition énergétique. »
Un ancrage territorial fort, reflet d’un engagement citoyen local
L’un des atouts majeurs du financement participatif réside dans sa capacité à impliquer les citoyens localement dans des projets qui transforment leur environnement. Les chiffres d’Enerfip illustrent cette dynamique : En Occitanie, c’est plus de 18,8 M€ qui ont été levés, suivie, par l’Île-de-France avec 17,7 M€ et Auvergne-Rhône-Alpes (16,7 M€) qui concentrent à elles seules plus de 60 % des investissements réalisés sur le semestre. La Nouvelle-Aquitaine (10,8 M€) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (5,5 M€) complètent le top 5 des régions les plus mobilisées.
En nombre d’investisseurs, l’Île-de-France arrive en tête avec 8 429 contributeurs, suivie de près par l’Occitanie (7 507) et Auvergne-Rhône-Alpes (6 905). Ce trio représente plus de la moitié de la communauté d’investisseurs d’Enerfip. Certaines régions, bien que moins peuplées, se distinguent par un ticket moyen élevé : à La Réunion, l’investissement moyen dépasse 15 000 €, tandis que les Pays de la Loire et l’Occitanie affichent des tickets autour de 11 000 à 12 000 €. Ces disparités traduisent une implication plus intensive dans certaines zones où les habitants souhaitent peser davantage dans la transition énergétique locale.
Un modèle performant et sécurisé qui séduit les épargnants
Au-delà des rendements, la gestion du risque constitue un facteur clé de la réussite d’Enerfip. Selon les données publiées par la plateforme, le taux de risque constaté reste extrêmement faible (0,1 %), grâce à une sélection rigoureuse des projets et un suivi technique permanent des porteurs. Cette solidité rassure les investisseurs particuliers, qui voient dans le financement participatif une alternative crédible aux placements traditionnels.
Les rendements proposés – proches de 8 % nets – apparaissent particulièrement compétitifs dans un contexte de marché où le rendement des livrets réglementés baissent et où les produits financiers classiques souffrent de volatilité. La combinaison de rendement attractif et impact environnemental positif constitue un argument fort pour séduire un public plus large, au-delà des seuls convaincus de la transition énergétique.
Encadré : un débat politique marqué par le moratoire sur les énergies renouvelables
Le premier semestre 2025 a aussi été marqué par un débat politique intense autour d’un « moratoire sur les énergies renouvelables« . Le 19 juin 2025, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture un amendement porté par Les Républicains et soutenu par le Rassemblement national visant à geler les nouvelles installations éoliennes et photovoltaïques – y compris les renouvellements d’autorisations – le temps de mener une « étude indépendante sur le mix énergétique optimal« .
Le gouvernement, par la voix d’Agnès Pannier-Runacher, a dénoncé un texte « sans sens » et potentiellement dévastateur pour la filière, tandis que des acteurs comme France Renouvelables ont alerté sur les risques pour l’emploi et les investissements. Finalement, lors du vote solennel du 24 juin 2025, la proposition de loi intégrant ce moratoire a été rejetée. Néanmoins, certains experts redoutent un « moratoire light » via de futures dispositions dans la prochaine Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui pourraient ralentir le développement des EnR sans les bloquer officiellement.
Crowdfunding et transition énergétique : un levier citoyen qui s’installe durablement
Le financement participatif des EnR se présente donc comme un outil stratégique pour accélérer la décarbonation tout en renforçant l’acceptabilité sociale des projets. En donnant aux citoyens la possibilité de devenir acteurs et bénéficiaires des installations locales (parcs solaires, éoliens, biomasse), ces modèles créent un cercle vertueux allant de l’implication directe dans la gouvernance des projets, à la répartition des bénéfices sur les territoires et à une meilleure acceptation des infrastructures énergétiques.
Cette dynamique apparaît d’autant plus importante que la transition énergétique française reste un sujet politisé. Le succès des levées citoyennes menées par Enerfip tend à démontrer qu’une partie croissante de la population souhaite investir dans des solutions concrètes, loin des débats polarisés autour des EnR. Les chiffres du premier semestre 2025 confirment un engagement citoyen solide, même face aux discours culpabilisants ou hostiles portés par certains responsables politiques.
Perspectives pour la fin 2025 et au-delà
L’année 2025 pourrait marquer un tournant pour le crowdfunding énergétique. Si la tendance observée sur les six premiers mois se confirme, Enerfip pourrait dépasser largement ses performances de 2024 et franchir de nouveaux seuils symboliques de collecte annuelle. Le marché global, qui a déjà atteint près de 160 M€ au premier semestre, pourrait approcher ou dépasser les 300 M€ sur l’ensemble de l’année, consolidant la place du financement participatif comme pilier alternatif du financement des EnR.
Dans un contexte où les investisseurs cherchent à concilier impact positif, rendement et maîtrise du risque, les plateformes spécialisées comme Enerfip semblent bénéficier d’un alignement favorable. Les politiques publiques visant à encourager la participation citoyenne aux projets énergétiques pourraient encore renforcer cette dynamique dans les prochaines années.
Un signal fort envoyé aux détracteurs des énergies renouvelables
En résumé, les données du premier semestre 2025 montrent que le financement participatif des énergies renouvelables continue de croître en France, porté par un intérêt citoyen tangible et des rendements compétitifs. L’essor d’Enerfip – qui capte plus de la moitié du marché – illustre une tendance de fond : malgré les polémiques, les particuliers s’impliquent activement dans la transition énergétique.
Ces résultats constituent un signal fort face aux discours anti-EnR : loin de se détourner de ces projets, de plus en plus de Français choisissent d’y placer leur épargne pour soutenir la décarbonation, la relocalisation de la production énergétique et le développement économique des territoires.