L’accord entre le fondeur de Santa Clara et l’entreprise pionnière de l’intelligence artificielle devrait marquer un tournant dans la course à l’infrastructure IA. Leur collaboration stratégique, annoncée ce lundi 6 octobre prévoit le déploiement progressif de processeurs graphiques sur plusieurs générations technologiques.
Avec un premier jalon fixé à 1 gigawatt de puissance de calcul dès la seconde moitié de 2026, les deux géants californiens ont bien l’intention de transformer le marché des accélérateurs dédiés à l’apprentissage profond. L’ampleur financière de l’opération, évaluée à plusieurs dizaines de milliards de dollars, affiche aussi la volonté d’OpenAI de diversifier ses fournisseurs face à une demande exponentielle.
Un engagement pluriannuel
Le communiqué d’AMD détaille un accord définitif qui lie OpenAI à déployer 6 gigawatts de processeurs graphiques Instinct sur plusieurs générations. La première étape, prévue pour le second semestre 2026, consistera en l’installation d’un gigawatt de puces MI450, nouvelle série encore inédite sur le marché. Leur collaboration, qui prolonge une relation déjà amorcée avec les générations MI300X et MI350X, s’inscrit donc dans une logique d’optimisation conjointe des feuilles de route produits. L’entreprise Open AI fondée par Sam Altman s’appuie ainsi sur un partenaire stratégique capable de fournir des solutions complètes à l’échelle du rack, précise AMD dans son annonce.
Selon le communiqué, AMD a émis en faveur d’OpenAI une garantie portant sur 160 millions d’actions ordinaires, dont le déblocage progressif dépendra de l’atteinte de seuils précis. La première tranche sera déverrouillée lors du déploiement initial d’un gigawatt, les suivantes s’échelonnant jusqu’à la barre des 6 gigawatts. Le mécanisme intègre également des conditions liées au cours de l’action AMD et à la réalisation par OpenAI d’objectifs techniques et commerciaux permettant des déploiements à grande échelle, détaille le fondeur californien.
Des dirigeants unanimes face aux défis de l’IA
Dans le communiqué de presse, Lisa Su, présidente-directrice générale d’AMD, exprime son enthousiasme : « Nous sommes ravis de nous associer à OpenAI pour fournir de la puissance de calcul IA à une échelle massive. Ce partenariat réunit le meilleur d’AMD et d’OpenAI pour créer une véritable situation gagnant-gagnant permettant le déploiement d’IA le plus ambitieux au monde et faisant progresser l’ensemble de l’écosystème de l’IA ».
Du côté d’OpenAI, Sam Altman, cofondateur et directeur général, voit dans cet accord « une étape majeure dans la construction de la capacité de calcul nécessaire pour réaliser le plein potentiel de l’IA », rapporte AMD. Il poursuit en soulignant que « le leadership d’AMD dans les puces haute performance nous permettra d’accélérer les progrès et d’apporter les bénéfices de l’IA avancée à chacun plus rapidement ».
Greg Brockman, cofondateur et président d’OpenAI, insiste quant à lui sur la nécessité d’une « collaboration profonde à tous les niveaux de la pile technologique », ajoutant que « travailler aux côtés d’AMD nous permettra de développer à grande échelle pour fournir des outils d’IA qui profitent aux gens partout », selon les propos relayés dans le communiqué.
Jean Hu, vice-présidente exécutive et directrice financière d’AMD, précise les retombées économiques anticipées dans le document officiel : « Notre partenariat avec OpenAI devrait générer des dizaines de milliards de dollars de revenus pour AMD tout en accélérant le déploiement de l’infrastructure d’IA d’OpenAI. Cet accord crée un alignement stratégique significatif et de la valeur actionnariale pour AMD et OpenAI, et devrait être fortement relutif pour le bénéfice par action non-GAAP d’AMD ».
Ces projections financières démontre de l’importance stratégique de l’opération pour le fondeur, qui cherche à s’imposer durablement face à la domination quasi-monopolistique de Nvidia sur le segment des accélérateurs IA.
Une redistribution des cartes dans l’industrie des semiconducteurs
L’ampleur du contrat devrait transformer les équilibres actuels dans un secteur où Nvidia détient encore l’essentiel des parts de marché pour l’entraînement des modèles de langage à grande échelle. En diversifiant massivement ses sources d’approvisionnement, OpenAI entend réduire sa dépendance tout en stimulant la concurrence technologique. La stratégie prise répond également aux contraintes d’allocation imposées par la pénurie persistante de capacités de calcul, un problème récurrent qui freine le développement de nouvelles versions de modèles génératifs (LLM).
Les observateurs de l’industrie noteront que l’annonce intervient quelques semaines avant la publication des résultats trimestriels d’AMD, prévue pour le 4 novembre prochain. Le timing, soigneusement orchestré, permet ainsi au fondeur californien de rassurer les marchés sur sa capacité à capter une part substantielle du marché en plein boom des infrastructures IA.
Source : AMD / Open AI