Dans le débat national en cours sur la transition énergétique, la Fondation Nicolas Hulot (FNH) a travaillé sur des propositions dont l’une consiste à investir dans le réseau électrique via la banque de la transition écologique afin de faciliter la mise en œuvre de la diversification du mix électrique.
A cela, s’ajouteraient l’accélération de la mise en œuvre des compteurs intelligents et communicants dans le cadre de la rénovation thermique des logements, ainsi que le renforcement de l’expertise autour des enjeux sanitaires et d’acceptabilité sociale des projets de nouvelles lignes électriques.
Explications :
"Les revirements gouvernementaux concernant la politique de soutien au développement des énergies renouvelables, et notamment les modifications brutales et successives des tarifs d’achat pour le solaire photovoltaïque, ont mis à mal leur installation dans le mix énergétique français. En vue de maximiser leur potentiel et d’encourager l’innovation, tout en renforçant la résilience du mix énergétique français, il est nécessaire de revoir la politique de soutien aux énergies renouvelables."
"Parmi les outils de soutien au développement des énergies renouvelables, le tarif d’achat semble être le plus efficace : transparence, prévisibilité, efficacité économique, sont a priori garanties par celui-ci. Il constitue l’outil clé de développement des énergies renouvelables électriques. Néanmoins, actuellement, le tarif d’achat français comporte trop de failles pour obtenir une réelle efficacité : mal calibré, générant blocages ou a contrario bulles spéculatives, et subissant des modifications trop brutales, il n’encourage pas les investissements privés. Il fait également l’objet de vives critiques de la part des consommateurs, qui s’acquittent d’une partie du coût du tarif d’achat par la Contribution au service public d’électricité (CSPE)."
Investir dans les réseaux électriques
"Malgré les efforts de maîtrise de la demande et le potentiel de réduction de la consommation qu’ils offrent, l’adaptation du réseau électrique, incluant la construction de nouvelles lignes est un enjeu clé de la transition énergétique. En effet, le déploiement de multiples sources d’énergies renouvelables sur le territoire implique des adaptations du réseau existant. Dans le même temps, le déploiement d’outils de gestion intelligents et communicants doit permettre à la fois de renforcer la maitrise des consommations, mais aussi d’augmenter la résilience des infrastructures de transports d’électricité. Dans ce cadre, il est important d’associer au chantier de rénovation des logements la diffusion des compteurs intelligents et communicants, rendant possibles des actions individuelles de maîtrise de la demande par les ménages, mais aussi le déploiement d’outils d’effacement de consommation dans le diffus à grande échelle."
"L’évolution du réseau de transport d’électricité comporte deux enjeux majeurs. Le premier est le volume d’investissement à mobiliser pour accompagner l’évolution du mix électrique et l’intégration d’une part croissante d’énergies renouvelables, dont il faudra gérer l’intermittence et la variabilité. Ces éléments devraient trouver une réponse dans la banque de la transition écologique, afin de mobiliser rapidement les volumes financiers nécessaires, se chiffrant selon les scénarios à quelques milliards d’euros par an, et constituant, d’ici 2030 une enveloppe de 200 à 300 milliards d’euros au total."
"Le second est associé à l’acceptabilité du public de ce chantier, aussi bien dans une perspective sanitaire que dans un souci d’explicitation des grands enjeux de la transition énergétique. Concernant les risques sanitaires relatifs au développement des lignes électriques, il est nécessaire de garantir une expertise pluraliste, transparente et indépendante, afin de mieux mesurer les impacts des infrastructures énergétiques sur la santé humaine, et d’y apporter, le cas échéant les réponses adaptées. Quant aux enjeux plus locaux, comme ceux de la protection des paysages, il est indispensable de renforcer les pratiques de concertation des citoyens, afin de bien prendre en compte cette dimension dans les choix faits."
Autres propositions :
› Réformer le tarif d’achat, pour le simplifier et y intégrer des critères de performance sociales et environnementales afin d’en faire un outil de développement de filières européennes dans les principaux secteurs.
› Un accès à des financements à bas coût pour les opérateurs du secteur, notamment via la banque de la transition énergétique.
› En parallèle, il sera nécessaire d’accompagner ces mesures économiques d’un effort de pédagogie vers le citoyen et le consommateur, afin de lever les ambiguïtés persistantes sur le coût du développement des énergies renouvelables en France.