Gare aux micropolluants à base de dérivé de plastique

Les problèmes de transfert des micropolluants dans le lait des ruminants et chez les jeunes rats via une exposition du placenta représente l’un des trois principaux axes de recherche de l’Unité de Recherche Animal et Fonctionnalités des Produits Animaux (URAFPA), qui regroupe une trentaine d’enseignants chercheurs de Nancy-Université.

C’est dans ce cadre que ces chercheurs ont réalisé une expérience consistant à injecter dans le cerveau de souris femelles, ceci pendant dix jours, des doses de benzoapirène, un dérivé de plastique, allant de 0,02 mg/kg/jour, ce qui correspond à la réalité vécue par des habitants proches d’un incinérateur, à 200 mg/kg/jour, la dose létale étant de 250 mg/kg/jour.

Suite à ces injections, ces animaux ont été soumis à différents tests de comportements. Or les chercheurs ont constaté que de faibles doses entraînaient chez ces souris un retard d’apprentissage, notamment sur la mémoire immédiate. En revanche, de fortes doses de micropolluants provoquent une hyperactivité de ces animaux, et donc une désinhibition face à l’anxiété et au stress.

Des études plus poussées ont montré que les récepteurs LMDA du cerveau, qui sont des neurorécepteurs servant au développement de cet organe, auraient subi une modification dans les trois régions de l’hippocampe et du cortex. Précisons que des résultats identiques ont été obtenus lors d’une deuxième expérience au cours de laquelle le benzoapirène n’était plus injecté mais absorbé par voie orale.

Menée en collaboration avec une équipe de Toulouse, une troisième expérience avait pour but d’étudier le métabolisme. Ainsi du foin contaminé par l’incinérateur d’Albertville, en Savoie, a été donné à manger à des chèvres, dont on a ensuite recueilli le lait. Durant trois semaines, des rats on été nourris, soit avec du lait contenant des hydrocarbures, soit avec du lait contenant des PCB, c’est-à-dire provenant des chèvres nourries avec le foin d’Albertville.

Or des tests d’activité, d’anxiété et d’apprentissage effectués sur ces animaux ont montré que les rats ayant absorbé du lait de chèvre contaminé en hydrocarbures sont moins anxieux mais présente un déficit d’apprentissage tout comme les animaux nourris au lait contaminé au PCB.

L’analyse des urines des rats a permis aux chercheurs de constater que quand le lait était chargé en hydrocarbures, le traitement avait un effet sur le métalobisme de ces animaux. En revanche, quand le lait était contaminé au PCB, c’est la durée de l’exposition aux micropolluants qui entraînait un effet sur le métabolisme.

Aujourd’hui, cette équipe nancéienne souhaite poursuivre ces travaux sur le transfert des micropolluants entre les mères et les jeunes et observer quels sont les effets de ces micropolluants sur le devenir du jeune rat lorsque celui-ci a absorbé du lait de vache contaminé.

BE France numéro 193 (6/06/2007) – ADIT / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/43110.htm

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