Grenelle : Logement, tranport, énergies renouvelables…

L’Ecologie, un "ministère de toutes les contradictions possibles.", selon la formule du ministre. Les participants semblent à la fois s’accorder sur la qualité du dialogue au cours de ces débats, mais également sur un l’impossibilité de parvenir à un consensus sur certains sujets : le nucléaire, les OGM, les pesticides…

En ressort donc une myriade de propositions, plus ou moins ambitieuses, et toutes consensuelles. 

Le premier des 6 groupes était consacré à la question du réchauffement climatique, de l’énergie et du transport.

 

Maîtrise de l’énergie : En finir avec l’habitat énergivore 

Jean Jouzel, climatologue et président du groupe 1, justifie l’importance donnée au thème de la rénovation du parc immobilier français : chauffage et eau chaude en font la première source de consommation énergétique du pays et l’un des premiers responsables des émissions de gaz à effet de serre.

Rénover le parc immobilier déjà existant appraît donc comme une priorité, chiffres à l’appui :

20% de la consommation des bâtiments tertiaires et 12% des bâtiments résidentiels devra être éliminée  dans les 5 années à venir. Objectif : atteindre 1/3 de consommation en moins à l’horizon 2020.

Pour 2020 également, la totalité des bâtiments neufs devront produire plus d’énergie qu’ils n’en consommeront (habitats à énergie positive). La première étape, dans 5 ans, fixe à un tiers le nombre de nouvelles constructions qui devront répondre aux normes de basse consommation ou d’énergie positive.

Ces objectifs ambitieux pourront s’appuyer sur des outils bancaires et financiers, une labelisation plus pointue ( les Diagnostics de Performance énergétique deviennent diagnostics énergie-climat ), l’accélération de la réglementation thermique, ou encore l’obligation du recours aux énergies renouvelables et au matériaux stockant le carbone pour la construction neuve.

Economiser l’énergie passe également par la consommation. Une meilleure information en direction des clients via la généralisation de l’étiquetage énergétique est l’une des solutions préconisées par le Groupe. Les modes veille des appareils électriques, gouffres à énergie, seront atténués, les ampoules à incandescences interdites dès 2010.

Transport : Appuyer sur la pédale de frein 

Retrouver le niveau d’émission de gaz à effet de serre (GES) relevé en 1990, soit 20% de moins qu’aujourd’hui, tel est le pari fixé par le groupe.

Première méthode : désengorger le transport de marchandises par route au profit du frêt non routier.

Le mode fluvial, ferroviaire et le cabotage maritime seraient déclarés d’utilité publique, en vue d’y consacrer 25% du transport de marchandises, contre 15% aujourd’hui.

Pour parvenir à un tel objectif, et réduire d’autant les émissions de GES, les rapporteurs suggèrent la limitation de la vitesse maximale pour les poids lourds. Même symptômes, même remède pour les particuliers, qui lèveront le pied de 10 km/h sur routes.

De même, pourrait s’appliquer aussi bien aux transporteurs qu’aux automobilistes, le principe d’une éco-taxe, qui pourrait être kilométrique pour les routiers, et sous forme de bonus-malus pour les particuliers en fonction de leur type de véhicule.

Le transport aérien n’a pas été oublié, visé par une contribution évaluée en fonction du coût du carbone sur le marché des quotas de GES.

 

Développement urbaine, la maîtrise de l’espace 

La décentralisation peut concerner également les mesures climatiques : c’est en tout ça ce que pense le groupe, qui propose aux communautés urbaines et d’agglomérations d’adapter leur politique de développement à l’objectif national de 20% de réduction des émissions de GES.

Cela suppose de nouvelles compétences en matière d’aménagement du territoire permettant notamment de lutter contre l’étalement urbain, mais également de renforcer l’usage des transports alternatif et "doux", la multi-modalité et de construire des éco-quartiers.

 

Bouquet énergétique : la chaise vide du nucléaire 

Le développement de la recherche concernant les filières les plus matures : bois combustible, hydraulique, éolien, solaire thermique, et celle concernant les filière prometteuses (photovoltaïque, géothermie , biocarburants de 2nde génération), devra permettre de hausser à 20% la part d’énergies renouvelables dans la consommation globale.

Le stockage de l’électricité, les réseaux intelligents et la seconde génération de biocarburants, ainsi que le stockage du dioxyde de carbone sont autant de sujets de recherche définis comme prioritaires.

Mais en l’absence de proposition consensuelle sur la question essentielle de l’avenir du parc nucléaire français, les réponses apportées par le groupe sur les enjeux énergétiques demeurent floues.

Si 20% de l’énergie provient de sources renouvelables, qu’en est-il des 80% restant ? 
Comment prévoir l’évolution des émissions de CO2 sans prendre en compte la place future du nucléaire ?Développement de la nouvelle génération EPR ? Démantellement ou prolongement de la durée de vie des anciennes ? Quelle importance donnée à la recherche du recyclage du combustible usagé ?

Autant de questions restées sans proposition face aux positions inconciliables. Le Groupe n°1 a préféré botter en touche et ne pas émettre d’avis.

 

 

 

 

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Thomas Picavet

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