À la croisée de l’ingénierie navale et des énergies renouvelables, la jeune pousse Kinowave affirme avoir mis au point un convertisseur d’énergie houlomotrice affichant plus de 60% de rendement. Son dispositif, composé de cylindres verticaux remplis de fluide et reliés entre eux, transforme directement les mouvements des vagues en électricité sans structure fixe ni systèmes d’amarrage onéreux.
Validée en bassin puis en mer, la technologie ambitionne de réduire radicalement les coûts de la filière houlomotrice. Sélectionnée par le Cleantech Innovation Programme de l’Imperial College London, Kinowave prépare un prototype de 100 W avant de viser 10 kW dans les deux ans, pour proposer à terme des modules d’énergie propre aux communautés littorales.
Une idée née sur la côte indienne
« Ayant grandi à l’extrémité sud de l’Inde, entouré par l’océan, j’ai été frappé par l’immense puissance inexploitée des vagues », confie le fondateur de Kinowave. L’Inde disposerait à elle seule d’un gisement de 41 300 MW d’énergie houlomotrice, encore largement inexploité faute de solutions viables. Après douze itérations de prototypes, l’équipe a retenu la configuration actuelle avec des réservoirs verticaux reliés par des tubes souples appliquant le principe de Pascal et celui des vases communicants.
Lorsque la houle fait monter un réservoir, le fluide interne s’écoule vers les cylindres plus bas, générant un mouvement linéaire entre le liquide et l’enveloppe rigide. Ce différentiel alimente divers systèmes de conversion, du flotteur à la turbine Wells. « Notre objectif initial était de créer un concept qui ne dépende d’aucune structure permanente pour extraire de l’énergie », rappelle le fondateur, soulignant que l’absence d’ancrage réduit tant les coûts que l’empreinte environnementale.
Des prototypes convaincants
Les premiers essais, menés avec de simples bouteilles et tuyaux, ont montré l’importance de conserver un même diamètre entre réservoirs et connexions. Après des ajustements, les tests à sec ont atteint plus de 60% d’efficacité, contre environ 45% pour les dispositifs classiques. Des campagnes en bassin puis en mer ont confirmé la robustesse du concept, tandis que l’adoption d’une turbine Wells miniaturisée, conseillée par Mocean Energy, a encore accru le rendement.
Accueillie par le Grantham Institute et la Dyson School of Design Engineering, Kinowave finalise un prototype de 100 W avant de viser 10 kW d’ici deux ans. Un premier pilote est envisagé aux Seychelles, où les autorités souhaitent mesurer l’impact énergétique et socio-économique du dispositif. La modularité intéresse particulièrement les communautés insulaires, dépendantes de générateurs diesel coûteux et polluants.
Quels défis pour passer à l’échelle ?
Au-delà de la validation technique, la start-up devra démontrer la résilience de son système face aux tempêtes et à la corrosion. La concurrence reste vive car les pionniers Pelamis ou C-Power ont déjà prouvé la difficulté de financer des structures lourdes. En supprimant plateformes et ancrages, Kinowave espère inverser la logique économique ; il lui faudra toutefois convaincre investisseurs et énergéticiens que la simplicité structurelle n’entame pas la fiabilité à long terme.
Si ses promesses de rendement et de réduction des coûts se confirment, Kinowave pourrait offrir à la filière houlomotrice l’accélération qu’elle attend depuis deux décennies. Le passage du prototype au démonstrateur grandeur nature dira si l’entreprise tiendra vraiment la vague de fond qu’elle annonce.
Source : Kinowave