Un noyau de glaces et de poussières venu des confins du système solaire s’apprête à offrir un spectacle inédit dans le ciel de l’hémisphère nord. Découverte en début d’année, la comète C/2025 A6 (Lemmon) approche de son moment de plus grande visibilité. Elle deviendra l’objet céleste le plus brillant de son genre en 2025. Son passage, un événement unique dans une vie, sera optimal autour du 21 octobre, alors qu’elle sera au plus près de la Terre.
Découverte le 3 janvier 2025 par l’astronome David C. Fuls dans le cadre du Mount Lemmon Survey en Arizona, la comète C/2025 A6 (Lemmon) était à l’origine un point lumineux très faible. Les calculs initiaux estimaient qu’elle ne deviendrait pas plus brillante que la magnitude 10, la réservant aux seuls astronomes avertis équipés de télescopes. Mais les comètes sont connues pour leur caractère imprévisible.
En réapparaissant dans le ciel du matin après sa conjonction avec le Soleil en juillet 2025, les observateurs ont constaté un phénomène inattendu. La comète était bien plus brillante que prévu. Ce sursaut d’activité, peut-être dû à un débordement de son noyau glacé, a radicalement changé ses perspectives et fait d’elle une candidate sérieuse pour une observation à l’œil nu. Selon les données les plus récentes du Comet Observation Database (COBS), sa magnitude apparente était d’environ 4.6 le 19 octobre, la rendant théoriquement visible sans instrument sous un ciel très noir .
Son orbite est celle d’une visiteuse rare. Elle provient du nuage d’Oort, aux frontières du système solaire, et sa dernière incursion dans nos régions remonte à environ 1350 ans, possiblement au 7ème siècle. Après son passage près du Soleil le 8 novembre 2025, son orbite sera modifiée par l’influence gravitationnelle de Jupiter, raccourcissant sa période de révolution à environ 1150 ans . Elle ne sera de retour que vers l’an 3.179 ou 3.421, selon les estimations.
Comment et quand observer la comète Lemmon ?
Le tableau ci-dessous résume les informations clés pour ne pas manquer son approche la plus favorable :
Aspect | Détails |
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Date clé | Rapprochement maximal avec la Terre le mardi 21 octobre 2025. |
Distance | Environ 0,60 UA (90 millions de kilomètres) de la Terre. |
Magnitude attendue | Entre 3,5 et 4,4 (similaire à la luminosité de la galaxie d’Andromède). |
Meilleur moment | Soirée, environ 1h30 après le coucher du soleil, direction Nord-Ouest. |
Conditions | Ciel sans Lune le 21 octobre, impérativement à l’écart de la pollution lumineuse. |
Pour localiser la comète dans le ciel, une méthode simple consiste à repérer la Grande Ourse. Le 21 octobre, elle se situera dans la constellation du Bouvier, non loin de l’étoile brillante Arcturus. En suivant la courbe du manche de la casserole de la Grande Ourse, on peut en effet « tomber » sur Arcturus ; la comète se trouvera à proximité de cette trajectoire. Les applications d’astronomie comme Star Walk 2 ou Stellarium pourront être vos alliées pour pointer la zone exacte en temps réel .
À l’œil nu, sous un ciel optimal, la comète apparaîtra comme une petite tache floue et pâle, une « étoile » cotonneuse et immobile. Avec des jumelles ou un petit télescope, l’observation se révélera bien plus riche. Il sera alors possible de distinguer sa chevelure (coma), plus brillante au centre, et peut-être sa courte queue de poussières. Les astrophotographes, même amateurs, parviennent déjà à capturer une queue ionique verdâtre qui est en mesure de s’étendre sur plusieurs degrés .
Un événement céleste dans un ciel déjà animé
La venue de la comète Lemmon ne sera pas un spectacle solitaire. De manière fortuite, son passage coïncide avec deux autres événements astronomiques notables.
D’une part, une autre comète, C/2025 R2 (SWAN), sera également visible dans le ciel, bien que plus faible (magnitude ~5.9) et nécessitant impérativement des jumelles pour être aperçue dans la constellation de l’Aigle, au Sud-Ouest .
D’autre part, la nuit du 21 octobre marquera aussi le pic d’activité de l’essaim d’étoiles filantes des Orionides. Les observateurs pourront ainsi espérer si les conditions météorologiques l’autorise de voir des météores zébrer le ciel en même temps qu’ils chercheront la comète Lemmon.
À partir de novembre, elle amorcera sa descente vers l’hémisphère sud, devenant imperceptible pour les observateurs européens.