Une nouvelle photo de la comète interstellaire 3I/ATLAS montre d’immenses jets de matière qui s’étendent sur des millions de kilomètres. L’astrophysicien Avi Loeb, de l’Université Harvard, a étudié les données et arrive à une conclusion pour le moins étonnante. Si 3I/ATLAS est bien une comète classique, elle aurait dû se fragmenter en morceaux lors de son passage près du Soleil.
Des jets gigantesques dans l’espace
L’image révèle des jets qui s’étendent jusqu’à un million de kilomètres vers le Soleil et trois millions de kilomètres dans la direction opposée. Pour une comète normale, la vitesse de ces jets devrait être d’environ 0,4 kilomètre par seconde. Selon les calculs d’Avi Loeb, 3I/ATLAS aurait perdu environ 16% de sa masse totale, estimée à 33 milliards de tonnes. Au moment où elle était au plus près du Soleil, elle perdait 2 millions de kilogrammes par seconde, soit 10 000 fois plus que ce qui avait été mesuré en août dernier par le télescope spatial James Webb.
Un calcul qui ne tombe pas juste
Pour évaporer cinq milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO₂), le gaz principal détecté par Webb pendant son passage près du Soleil, 3I/ATLAS aurait eu besoin d’une énorme quantité d’énergie solaire. Les calculs montrent que la surface de la comète aurait dû faire au moins 23 kilomètres de diamètre pour absorber suffisamment de chaleur.
Le problème ? Les observations du télescope Hubble en juillet dernier ont établi que 3I/ATLAS ne fait pas plus de 5,6 kilomètres de diamètre . « Houston, nous avons un problème » avec l’hypothèse de la comète naturelle, écrit Avi Loeb. La surface nécessaire serait au moins 16 fois plus grande que ce que Hubble a observé.
Une comète éclatée en morceaux ?
Une des explications envisageable pourraient être que la comète se serait brisée en fragments multiples. En se cassant en au moins 16 morceaux, la surface totale exposée au Soleil deviendrait suffisante pour expliquer les observations . « En d’autres termes, la dernière image implique que 3I/ATLAS a été décimé par le chauffage du Soleil si c’est une comète naturelle », précise Avi Loeb. La force exercée par le Soleil devrait séparer les fragments dans les semaines qui viennent, un peu comme la comète Shoemaker-Levy 9 s’était brisée près de Jupiter en 1994 .

Mais si les prochaines observations montrent que 3I/ATLAS est restée intacte, il faudra envisager qu’elle soit autre chose qu’une comète ordinaire. Le 19 décembre 2025, quand l’objet passera au plus près de la Terre, les télescopes pourront vérifier si elle s’est fragmentée ou non.
Une visite statistiquement improbable
Avi Loeb soulève une autre bizarrerie. 3I/ATLAS est un million de fois plus massive que 1I/’Oumuamua, le premier objet interstellaire découvert. Il pose la question de savoir comment un objet aussi énorme a-t-il pu être détecté avant un million d’objets de la taille de ‘Oumuamua ? Selon le chercheur, il n’y aurait pas assez de matière rocheuse dans l’espace interstellaire pour qu’un rocher glacé aussi gros nous rende visite. Un objet de plus de 10 kilomètres de diamètre ne devrait passer qu’une fois tous les dix mille ans ou plus. La probabilité que 3I/ATLAS provienne d’une source naturelle connue serait d’une sur cent millions.
Face à toutes les incohérences, Avi Loeb évoque une autre hypothèse. Les propulseurs technologiques nécessiteraient beaucoup moins de matière pour produire les jets observés. Les fusées chimiques fonctionnent avec une vitesse d’éjection dix fois supérieure à celle des gaz qui s’échappent naturellement d’une comète. Les propulseurs ioniques vont encore plus vite. « Les propulseurs de technologie extraterrestre pourraient utiliser des vitesses d’échappement encore plus élevées, réduisant la perte de masse requise de plusieurs ordres de grandeur et faisant du carburant nécessaire une petite fraction de la masse du vaisseau spatial », avance sans détour Avi Loeb, des propos qui mettent en ébullition la communauté scientifique.
Source : Avi loeb / Lien photo : ici
Mise à jour du 11 novembre 2025
LA NASA APPELÉE À PUBLIER LES IMAGES DE 3I/ATLAS, 40 JOURS APRÈS LEUR CAPTURE
Quarante jours. C’est le temps qui s’est écoulé depuis que la caméra HiRISE de la NASA a capturé des images haute résolution de l’objet interstellaire 3I/ATLAS, sans que la communauté scientifique puisse y accéder. La fermeture du gouvernement américain, levée le 11 novembre, a paralysé la diffusion de données pourtant considérées comme scientifiquement précieuses. L’astrophysicien Avi Loeb s’élève contre ce blocage bureaucratique et réclame la publication immédiate de ces clichés, arguant qu’une telle rétention n’a pas de précédent dans l’histoire de l’exploration spatiale moderne.
Le 2 et 3 octobre dernier, l’objet interstellaire 3I/ATLAS a frôlé Mars à 29 millions de kilomètres. Le Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) de la NASA a profité de ce rapprochement pour braquer sur lui la caméra HiRISE, capable d’atteindre une résolution de trente kilomètres par pixel soit trois fois supérieure à celle du télescope Hubble. Ces images, prises sous un angle latéral différent de la perspective terrestre, auraient permis de décrypter la géométrie de la perte de masse et la luminescence de l’objet. Or, elles demeurent toujours sous scellés.
Après une lettre officielle adressée à l’administrateur par intérim Sean Duffy, la congresswoman Anna Paulina Luna a tweeté : « Dès que le gouvernement rouvrira, ils publieront des images/données. Malheureusement, pour des raisons bureaucratiques, ils ne peuvent pas le faire avant. »
Cette situation prive les astronomes d’informations cruciales à un moment décisif. Le 19 décembre prochain, 3I/ATLAS passera à son plus près de la Terre, offrant une fenêtre d’observation unique. La planification des suivis dépend pourtant directement de l’analyse des données HiRISE. Avi Loeb ne cache pas son exaspération : « Les connaissances scientifiques ne devraient pas passer après la bureaucratie. »














