La filière du biocarburant entend protéger les emplois et la croissance

Le Conseil européen des ministres de l’énergie, réuni le 12 décembre, n’est pas parvenu à un accord politique sur la proposition de la présidence lithuanienne de révision des directives énergies renouvelables et qualité des carburants.

Cet échec renvoie de fait les décisions éventuelles sur les biocarburants de 1ère génération à fin 2014 au plus tôt, avec en bonus une nouvelle législature européenne.

Selon la filière française du bioéthanol, des études récentes confirmeraient la performance des biocarburants en matière d’environnement et d’alimentation et invalideraient donc les études précédentes en matière de CASI** sur lesquelles s’était appuyée la Commission pour établir sa proposition initiale et réductrice d’octobre 2012.

La filière du bioéthanol note également qu’une très large majorité des Etats-membres (20 sur 28) est favorable à ce que les biocarburants de 1ère génération puissent contribuer à hauteur de 7% au moins à l’objectif de 10% d’énergies renouvelables dans les transports en 2020 – reconnaissant ainsi leur rôle essentiel – au lieu de 5% pour la Commission et de 6 % pour le Parlement Européen. Ce dernier avait également voté un objectif de 7,5% d’énergie renouvelable dans l’essence.

La filière du bioéthanol appelle les institutions européennes à mieux prendre en compte les résultats des nouvelles études qui remettent considérablement en cause l’évaluation des changements indirects d’affectation des sols et à s’engager véritablement, y compris au-delà de 2020, dans le développement des biocarburants réellement disponibles, pour protéger les emplois et la croissance.

En France, concrètement, l’objectif d’incorporation de 7% pour les biocarburants de 1ère génération est confirmé. Pour la filière du bioéthanol, l’atteinte de cet objectif signifie qu’il est plus que jamais nécessaire de généraliser la distribution de l’essence SP95-E10 dans toutes les stations-service et de continuer à augmenter fortement le nombre de stations proposant le Superéthanol-E85.


Des arguments en faveur des biocarburants

"Les effets indirects des biocarburants sont plus incertains que jamais"

De nombreuses études majeures concernant les effets indirects de la production de biocarburants et construites sur des modèles mathématiques sont actuellement remises en cause par la communauté scientifique ou leurs auteurs eux-mêmes. Principale source d’erreur : une intégration insuffisante de la réalité de la progression des rendements qui conduit à surestimer les effets indirects

– l’étude de référence de la Commission: alors que l’étude de l’IFPRI considère que la production de biomasse utilisée pour les biocarburants provient essentiellement d’une extension des surfaces cultivées, plusieurs études indiquent que la hausse effective des rendements est très insuffisamment prise en compte, ce qui tend à calculer des effets 5 fois trop élevés.

Son auteur lui-même, par la voie d’un communiqué daté de juillet dernier, a pointé les très fortes incertitudes pesant sur les valeurs CASI.

– Une autre étude de l’université de l’Illinois s’attarde également sur la non prise en compte des rendements réels des cultures utilisées pour les biocarburants et affirme une différence d’impact de l’ordre de 95% !

"Manger ou conduire : un faux débat !"

Concernant la concurrence avec l’alimentation, selon la FAO, la production d’aliments en 2010 permettait en effet de nourrir 12 Mds d’êtres humains et peut encore progresser. Les maux que constituent les famines et la malnutrition sont indéniablement la conséquence de problèmes d’accès et non d’offre.

En mai 2013, un rapport de la Banque Mondiale démontre que l’impact des biocarburants sur les prix de l’alimentation a été très exagéré dans le passé, et que les prix de l’énergie et les variations de taux de change sont responsables des 2/3 des variations de prix.

Enfin, Ecofys, l’agence conseil référente dans les énergies renouvelables, à laquelle recourent de nombreuses industries et ONG, a récemment démontré la contribution des biocarburants à la stabilité des prix et à la sécurité alimentaire, et par contre souligne la corrélation majeure entre les prix de l’alimentation et le prix du pétrole.

"L’accaparement des terres pour fabriquer des biocarburants : un mythe !"

En juin 2013, la révision de la base de données Land Matrix sur les acquisitions foncières a réduit de 60% les surfaces incriminées dans le « land grabbing » (accaparement des terres) dont ferait usage les grandes exploitations situées dans les pays les plus pauvres pour produire des biocarburants consommés dans l’Union Européenne.

Une étude approfondie sur la réalité du terrain montre que 98% des surfaces annoncées initialement comme destinées aux biocarburants n’en produisent pas actuellement ! Pour l’éthanol, il s’agit de production de sucre de canne pour l’alimentation, avec une utilisation accessoire des coproduits pour la fabrication d’alcool, le plus souvent pour le marché local.

"Des filières bénéficiaires de larges subventions publiques ? A revoir…"

En avril 2013, l’International Institute for Sustainable Development (IISD) qui avait publié l’étude ‘Biofuels: At What Cost?’ vient de réviser très nettement à la baisse son évaluation de 10 milliards d’euros de subventions en 2011, malencontreusement reprise dans les considérants du Parlement européen, et demande qu’on « l’excuse pour les perturbations causées ». En France, le rapport de la Cour des Comptes de janvier 2012 confirme que les biocarburants rapportent de l’argent à l’Etat depuis 2011. En 2012, la filière bioéthanol a ainsi généré plus de 250 millions d’euros de recettes fiscales nettes pour le budget de l’Etat !

** CASI : Changement d’affectation des sols indirect

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energiestr

Après avoir été le paradis, les biocarburants étaient devenus l’enfer ! Cette article rappelle que la réalité n’est pas blanche ou noire, mais nuancée. Les carburants ne sont pas une réponse immédiate au problème de l’énergie, mais ils ont tellement de progrès potentiels devant eux qu’ils seront la solution de demain. En effet, les biocarburants réalisent ce que personne ne sait faire actuellement : le stockage saisonnier de l’énergie solaire. Les panneaux solaires sur une maison ne servent à rien en hiver quand la consommation est la plus forte. Les biocarburants qui seront produits à partir des déchets végétaux (2ème génération) pourront alimenter la maison toute l’année.