Alors que les besoins en stockage de données s’accroissent de manière exponentielle, les chercheurs explorent des techniques toujours plus fines pour optimiser l’espace disponible dans les dispositifs électroniques. La quête d’une densité accrue de mémoire numérique impose une révision minutieuse des procédés de fabrication à l’échelle atomique. Une collaboration public-privé a permis de lever un coin du voile sur ces méthodes complexes, combinant expérimentations et simulations avancées.
Pour répondre aux exigences croissantes en matière de stockage de données, une attention particulière a été portée à la fabrication de mémoires numériques 3D NAND flash. Ce type de mémoire repose sur l’empilement vertical des cellules de données, permettant ainsi d’augmenter considérablement la densité de stockage. Cependant, ce procédé nécessite la création de trous profonds et étroits dans des couches alternées de nitrure de silicium et d’oxyde de silicium. Ces structures complexes sont obtenues par gravure au plasma, un processus qui implique l’interaction entre des gaz partiellement ionisés et le matériau à traiter.
Dans une étude publiée dans le « Journal of Vacuum Science & Technology A », les scientifiques ont démontré que l’utilisation d’un plasma à base de fluorure d’hydrogène permettait de doubler la vitesse de gravure par rapport aux méthodes traditionnelles utilisant des gaz séparés d’hydrogène et de fluor.
«La gravure cryogénique avec le plasma de fluorure d’hydrogène a montré une augmentation significative de la vitesse de gravure par rapport aux procédés de gravure cryogénique précédents.,» a affirmé Thorsten Lill de Lam Research. Cette observation souligne l’importance de l’innovation chimique dans l’amélioration des procédés industriels.
L’apport des simulations et des expériences conjointes
Les travaux réalisés par les chercheurs de Lam Research, de l’Université du Colorado à Boulder et du Princeton Plasma Physics Laboratory (PPPL) illustrent parfaitement la synergie entre théorie et pratique. Les simulations menées par Yuri Barsukov ont permis de mieux comprendre le rôle joué par certains composés chimiques lors de la gravure. Par exemple, il a été observé que l’ammonium fluorosilicate, formé pendant la réaction entre le nitrure de silicium et le fluorure d’hydrogène, pouvait ralentir le processus. Toutefois, cet effet indésirable est atténué par la présence d’eau, qui affaiblit les liaisons moléculaires du composé.
«Le sel peut se décomposer à une température plus basse en présence d’eau, ce qui peut accélérer la gravure,» a expliqué Yuri Barsukov. Cette découverte ouvre la voie à des ajustements précis des paramètres de fabrication, permettant d’optimiser à la fois la vitesse et la qualité de la gravure. De plus, l’ajout de trifluorure de phosphore a été testé avec succès, quadruplant le taux de gravure pour l’oxyde de silicium tout en ayant un impact marginal sur le nitrure de silicium.
Une collaboration interdisciplinaire exemplaire
Cette recherche constitue un exemple remarquable de coopération entre différents acteurs du domaine des microélectroniques. Igor Kaganovich, physicien principal au PPPL, a souligné l’importance de telles collaborations : «Nous jetons des ponts vers l’ensemble de la communauté.»
En regroupant les compétences des chercheurs universitaires, des laboratoires nationaux et des entreprises industrielles, cette initiative a permis de consolider les connaissances sur les procédés de fabrication des semi-conducteurs.
Thorsten Lill a également salué cette collaboration, mettant en avant les capacités exceptionnelles de simulation plasma offertes par le PPPL. Grâce à ces efforts conjoints, une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents à la gravure plasma a été acquise, contribuant ainsi à l’amélioration des technologies de stockage de données.
Des implications pour l’avenir des technologies numériques
Les résultats obtenus dans cette étude ne se limitent pas à leur application immédiate dans la fabrication de mémoires 3D NAND flash. Ils posent également les bases pour des recherches futures visant à perfectionner les techniques de gravure plasma. La capacité à graver simultanément des matériaux différents avec une efficacité accrue représente une étape significative vers la miniaturisation continue des dispositifs électroniques.
En outre, l’intégration de nouveaux composés chimiques tels que le trifluorure de phosphore et l’ammonium fluorosilicate pourrait inspirer des innovations dans d’autres secteurs des microtechnologies. Ces avancées, bien qu’encore perfectibles, témoignent de la richesse des interactions entre science fondamentale et applications industrielles.
Légende illustration : Représentation artistique d’un trou gravé dans des couches alternées d’oxyde de silicium et de nitrure de silicium à l’aide de plasma, pour fabriquer une mémoire flash NAND 3D. Les chercheurs veulent affiner la façon dont ils font ces trous pour que chacun soit profond, étroit et vertical, avec des côtés lisses. Credit: Kyle Palmer / PPPL Communications Department
Source : PPPL