La transition énergétique, un enjeu sociologique et technologique

La transition énergétique se définit comme l’instauration d’un nouveau modèle énergétique durable qui valorise l’usage d’une énergie propre et la diminution des besoins en consommation surtout en périodes de pics, protégeant ainsi la santé des citoyens et améliorant son accessibilité à tous. En France la dernière loi adoptée en date sur la transition énergétique, bien que décriée par certains, se veut un tournant majeur en la matière. Les mesures associées ont non seulement pour ambition première la réduction significative de l’impact carbone du territoire, mais s’affichent également comme un levier pour s’affranchir de l’importation des ressources fossiles inhérentes, présentant ainsi un double objectif à la fois écologique et géopolitique. Les moyens à mettre en œuvre pour y répondre sont ambitieux et requièrent un effort commun des pouvoirs publics, des industriels et des citoyens. L’article 1er de la loi sur la transition énergétique donne déjà un aperçu des grandes orientations, et deux problématiques s’en dégagent fortement.

La première concerne la lutte contre la précarité énergétique par l’établissement d’une économie compétitive et attractive, ayant pour but de garantir même aux plus démunis un accès à l’énergie considérée comme bien de première nécessité. Le maintien de prix abordables en est évidemment un pré requis, mais cette maîtrise des dépenses passe aussi par la sensibilisation et la responsabilisation des usagers. C’est pourquoi l’Etat a lancé depuis plusieurs années les projets des compteurs communicants, Linky pour l’électricité et Gazpar pour le gaz, afin d’assurer la mise à disposition des informations de consommation en temps réel et pouvoir proposer des offres de fourniture en énergie plus variées. Ces compteurs se démarquent principalement de leurs traditionnels prédécesseurs par leur caractère « hautement connecté » qui leur permettent d’envoyer les index de relèves de manière synchronisée. L’enjeu est ici d’apporter aux consommateurs les moyens d’agir eux-mêmes sur leur facture. Cela a des conséquences considérables sur les systèmes d’information associés, qui doivent dès maintenant s’adapter pour garantir à terme l’échange et le traitement des données de consommation qui seront à minima 10 000 fois plus volumineux pour les 35 millions de foyers français.

La seconde problématique intrinsèque à ce 1er volet de la loi s’attache à favoriser le mix énergétique en diversifiant les sources d’approvisionnement et en augmentant la part des énergies renouvelables dans la lutte contre le changement climatique. Cette partie met surtout l’accent sur la décentralisation des moyens de productions, donnant la possibilité aux communes comme aux habitants de disposer d’une énergie qu’ils auront eux-mêmes générée, voire d’injecter le surplus pour la procurer à d’autres consommateurs. Cette ouverture multiplie de manière exponentielle l’origine des sources d’approvisionnement qui ne sont alors plus localisées sur des points bien ciblés, ce qui rend la gestion du parc beaucoup plus complexe. Ici aussi les systèmes d’information doivent s’organiser pour recueillir toutes les informations de production et agréger les données afin d’assurer l’équilibre entre l’offre et la demande. Pour ce faire, il est nécessaire de déployer des capteurs, des automates et des logiciels de pilotage pour permettre aux gestionnaires d’optimiser les flux en limitant les risques de coupure.

Au-delà des aspects industriels, la transition énergétique représente ainsi un véritable défi pour les SI. Le big data, les objets connectés et de nombreuses autres problématiques liées à l’internet 3.0 se retrouvent dans cette course à la croissance verte. La révolution numérique déjà en marche vient donc accompagner et appuyer la transition énergétique.

[ Archive ] – Cet article a été écrit par Hector Sounthone

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