Qui ne connait pas les franchises comme Battlefield, les Sims ou encore EA SPORTS FC (anciennement FIFA) ? Le géant du jeu vidéo Electronic Arts (EA) vient d’annoncer la signature d’un accord définitif pour être racheté par un consortium mené par le Public Investment Fund (PIF) d’Arabie saoudite, le fonds technologique Silver Lake et Affinity Partners, pour un montant total de 55 milliards de dollers. C’est également la plus importante opération de ce type dans l’histoire des fonds d’investissement.
Des partenaires aux ambitions stratégiques convergentes
Le choix des acquéreurs n’est pas anodin.
Bras armé de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite, le PIF a fait du gaming et de l’eSport l’un de ses secteurs prioritaires, avec des investissements massifs dans des entreprises comme Scopely, Capcom ou encore ESL FaceIt Group. « PIF est positionné de manière unique dans les secteurs mondiaux du gaming et de l’eSport, en construisant et en soutenant des écosystèmes qui relient les fans, les développeurs et les créateurs de propriété intellectuelle », a souligné Turqi Alnowaiser, vice-gouverneur et responsable des investissements internationaux du fonds.
Silver Lake, quant à lui, apporte son expertise technologique et son expérience dans la transformation de sociétés numériques à fort potentiel. « Cet investissement incarne la mission de Silver Lake de s’associer à des équipes de direction exceptionnelles au sein des entreprises les plus qualitatives. EA est une entreprise spéciale : leader mondial du divertissement interactif, ancrée par sa franchise sportive phare, avec une croissance accélérée des revenus et un flux de trésorerie libre solide en pleine expansion. Nous sommes honorés d’investir et de nous associer à Andrew – un PDG extraordinaire qui a doublé le chiffre d’affaires, presque triplé l’EBITDA et multiplié par cinq la capitalisation boursière durant son mandat », a déclaré Egon Durban, co-PDG et associé gérant de Silver Lake.
Enfin, la participation d’Affinity Partners, le véhicule d’investissement de Jared Kushner, ajoute une dimension géopolitique et médiatique à l’opération. « Electronic Arts est une entreprise extraordinaire dotée d’une équipe de direction de classe mondiale et d’une vision audacieuse pour l’avenir. J’ai toujours admiré sa capacité à créer des expériences emblématiques et durables, et en tant que quelqu’un qui a grandi en jouant à ses jeux – et qui les partage aujourd’hui avec ses enfants –, je ne pourrais pas être plus enthousiaste à l’idée de ce qui nous attend », a-t-il affirmé.
Vers une nouvelle ère pour EA ?
Malgré ce changement de statut, EA conservera son siège à Redwood City, en Californie, et restera dirigé par Andrew Wilson, son président-directeur général depuis 2013. Celui-ci, dont le bilan inclut un doublement du chiffre d’affaires et une multiplication par cinq de la capitalisation boursière, voit dans cette acquisition non pas une fin, mais une accélération : « Nos équipes créatives et passionnées chez EA ont offert des expériences extraordinaires à des centaines de millions de fans, ont bâti certaines des propriétés intellectuelles les plus emblématiques au monde et ont créé une valeur significative pour notre entreprise. Ce moment est une reconnaissance puissante de leur travail remarquable. À l’avenir, nous continuerons de repousser les limites du divertissement, du sport et de la technologie, en débloquant de nouvelles opportunités. Ensemble avec nos partenaires, nous créerons des expériences transformatrices pour inspirer les générations à venir. Je suis plus enthousiaste que jamais par l’avenir que nous construisons. »
Le passage au privé devrait permettre à EA de prendre plus de risques, d’investir sur le long terme sans la pression trimestrielle des marchés, et d’explorer de nouvelles synergies entre le sport physique, le divertissement numérique et les communautés en ligne un terrain sur lequel le PIF, notamment, dispose d’atouts considérables via ses propriétés sportives et ses ambitions culturelles.
Des enjeux géopolitiques mais aussi industriels
Le rachat place Riyad au cœur d’une industrie désormais plus lucrative que le cinéma et la musique réunis. Il alimente aussi les débats sur le soft power saoudien, notamment après les investissements du royaume dans Nintendo, Capcom ou l’e-sport mondial.
Du côté des marchés, l’opération confirme la vague de consolidations entamée par Microsoft-Activision Blizzard. Les éditeurs indépendants de taille moyenne deviennent des cibles de choix dans une course aux contenus et au Cloud gaming.
Si les autorités américaines et européennes valident l’opération, EA fera ses adieux au Nasdaq début 2027, armé de capitaux « quasi illimités » mais exposé aux attentes d’investisseurs aux agendas multiples. L’éditeur californien, fondé en 1982, entamera alors un nouveau chapitre.
Les principaux termes de l’accord
– Valorisation : 55 milliards $, la plus importante opération de retrait de cote jamais enregistrée dans le secteur du divertissement interactif.
– Prix par action : 210 $ en cash, contre 168,32 $ avant l’annonce.
– Financement : 36 milliards d’apport en fonds propres et 20 milliards de dette arrangée par JPMorgan Chase.
– Calendrier : clôture visée au premier trimestre de l’exercice 2027, sous réserve des autorisations réglementaires.
– Management : Andrew Wilson reste directeur général, le siège demeure à Redwood City (Californie).
Source : Electronic Arts