Le géant du e-commerce installe ses premières machines de conditionnement automatisé sur son site de Metz, une technologie conçue pour fabriquer des sacs en papier sur mesure. L’objectif affiché est de réduire drastiquement le volume des colis et la quantité de matériaux utilisés, un enjeu majeur pour un secteur logistique souvent critiqué pour son empreinte écologique.
Qui n’a jamais reçu un minuscule objet flottant au milieu d’un carton démesurément grand, noyé dans du papier de calage ? Cette expérience, devenue un symbole du gaspillage dans le commerce en ligne, pourrait progressivement appartenir au passé. Amazon a annoncé le déploiement de ses premières machines d’emballage automatique en France, au sein de son centre logistique de Metz. Loin d’être un simple gadget technologique, l’initiative représente une nouvelle étape dans la quête d’optimisation de la chaîne logistique, à la croisée des impératifs économiques et des pressions environnementales.
Le principe se veut simple et efficace : au lieu de piocher dans un stock de cartons de tailles prédéfinies, la machine crée un emballage à la demande, parfaitement ajusté à l’article à expédier. Une réponse directe à l’un des principaux reproches faits aux acteurs du e-commerce : le transport de « vide », coûteux en espace et en carbone.
De la reconversion industrielle à l’optimisation logistique
Au cœur du dispositif se trouve une technologie de fabrication de sacs en papier sur mesure. Ces machines, dont sept unités sont désormais opérationnelles en Moselle, sont le fruit d’une ingénierie interne et d’une adaptation remarquable. En effet, elles sont issues de la reconversion d’équipements initialement conçus pour produire des emballages plastiques, abandonnés par l’entreprise en Europe. Les ingénieurs d’Amazon ont repensé ces automates pour les adapter à un nouveau matériau : un papier fin mais résistant, spécialement développé pour cet usage.
Le processus est entièrement automatisé et se décompose en plusieurs étapes clés :
- Des capteurs scannent les dimensions de chaque produit présenté sur la ligne de conditionnement.
- En temps réel, la machine découpe la quantité de papier strictement nécessaire depuis une bobine.
- Le papier est ensuite plié autour de l’article pour former un sac ajusté.
- Un système de thermoscellage vient clore l’emballage, garantissant sa solidité durant le transport.
« L’arrivée de ces machines en France marque une étape significative dans notre stratégie d’innovation en matière d’emballage durable », explique Olivier Pellegrini, Directeur Opérations Europe pour le Développement Durable et les Emballages chez Amazon. « Chaque envoi réalisé avec ces nouveaux sacs permet d’économiser en moyenne 26 grammes de matériaux d’emballage, contribuant ainsi à réduire les déchets. » Un gain qui, multiplié par des millions de colis, prend une tout autre dimension.
L’équation complexe du « dernier kilomètre »
Au-delà de la simple réduction de matière, l’enjeu principal se situe dans l’optimisation du transport. Les sacs en papier ainsi produits sont jusqu’à 90% plus légers que les boîtes en carton de taille équivalente. Plus important encore, leur flexibilité et leur ajustement parfait aux produits éliminent l’espace vide. Un colis plus petit et plus dense est une aubaine pour la logistique du « dernier kilomètre« , ce maillon final de la livraison qui est aussi le plus coûteux et le plus polluant.
En optimisant le remplissage des camions de livraison, l’entreprise peut transporter plus de colis par trajet, réduisant mécaniquement le nombre de véhicules sur les routes et, par conséquent, les émissions de CO2 associées. « Cette technologie nous permet d’améliorer significativement notre efficacité opérationnelle, tout en réduisant le gaspillage », confirme Pierre Louis, responsable du site de Metz. « Nos équipes sont fières d’être parmi les premières en France à utiliser cette technologie innovante qui va améliorer l’emballage pour des millions de clients. »
Une stratégie globale face à la pression réglementaire et citoyenne
Ce déploiement technologique n’est pas un acte isolé. Il s’insère dans une stratégie plus large d’Amazon, qui vise la neutralité carbone d’ici 2040. Le groupe affirme qu’en Europe, un colis sur deux est déjà expédié sans emballage cartonné supplémentaire, soit dans un simple sac papier, soit directement dans son emballage d’origine via le programme « Expédié sans emballage supplémentaire Amazon« . Depuis 2015, ces différentes initiatives auraient permis d’éviter l’utilisation de plus de 4 millions de tonnes de matériaux d’emballage.
Cette offensive sur le front de l’emballage répond également à une pression croissante, tant de la part des consommateurs, de plus en plus sensibles à l’impact écologique de leurs achats, que des pouvoirs publics. Les réglementations, notamment en Europe, se durcissent pour limiter le suremballage et promouvoir l’économie circulaire. En automatisant la création d’emballages « au plus juste », Amazon cherche à transformer une contrainte environnementale en un avantage opérationnel, une démarche que ses concurrents ne manqueront pas d’observer attentivement. Après Metz, le déploiement de ces machines devrait se poursuivre sur d’autres sites européens d’ici la fin de l’année 2025.
Source : Amazon











