L’algue comme source de biocarburant prendra du temps

Un nouveau rapport de l’Institut des Biosciences de l’énergie (EBI) à Berkeley en Californie estime qu’il faudra beaucoup plus de recherche à long terme pour développer et produire des biocarburants à base d’algues, à un prix compétitif.

"Même avec l’hypothèse d’un processus relativement favorable, (culture, récolte, transformation) la production de bio-algues à partir de cultures de micro-algues restera coûteuse et, au moins dans le court à moyen terme, il faudra des revenus supplémentaires pour être économiquement viable", écrivent les auteurs Nigel Quinn et Tryg Lundquist du Lawrence Berkeley National Laboratory (Berkeley Lab), partenaire de l’institut financé par BP.

L’industrie des algues biocarburants n’en est qu’au début du stade de la gestation, note le rapport. Bien que plus d’une centaine d’entreprises dans le monde sont focalisée sur la production de biocarburants à destination des transports, la plupart d’entre elles sont relativement petites. Aucune n’a encore démarré une usine pilote associée à des systèmes de production d’algues. Toutefois, plusieurs entreprises ont récemment lancé de projets à grande échelle, dont plusieurs grandes compagnies pétrolières comme ExxonMobil (engagement de 600 millions $ pour la technologie de transformation des algues en biocarburants), Shell (projet de joint-venture "Cellana", à Hawaii ), et ENI (usine prototype en Sicile).

Le Département américain de l’énergie a financé plusieurs consortiums et projets pilotes dans la R & D, ainsi qu’un projet de démonstration de 120 ha au Nouveau-Mexique, développé par Sapphire Energy. Le ministère américain de la Défense soutient également plusieurs projets en accéléré. Au Royaume-Uni, le Carbon Trust a lancé une initiative sur 10 ans pour développer la production de bio-algues, avec l’engagement d’une douzaine d’universités et de laboratoires de recherche, tandis que l’Union Européenne a récemment financé trois projets pilotes de 10 ha.

"Une fois que les technologies auront été développées, la disponibilité des ressources mondiales sera un jalon important de la production d’algues", précise le rapport. Selon les chercheurs, 4 ressources cles (un climat favorable, de l’eau, un sol plat et du dioxyde de carbone) doivent être disponibles en un seul endroit pour une production optimale de la biomasse algale.

Le rapport met particulièrement l’accent sur les biocarburants d’algues produites en association avec une unité de traitement des eaux usées comme une stratégie prometteuse et rentable permettant d’accélérer le développement du système de production. En plus de fournir l’eau et les nutriments nécessaires, l’utilisation des eaux usées dans la production d’algues offre un potentiel de revenu pour la station d’épuration.

Des éléments identifiés par l’étude sont considérés comme essentiels pour la R & D et se trouvent à la fois dans les domaines de la biologie et de l’ingénierie. La possibilité de faire émerger des cultures durables en conditions extérieures, tout en réalisant à la fois une productivité élevée et une huile riche reste encore à être développée. Malgré le taux de croissance rapide bien connu des algues, l’augmentation du volume de bio-algues produit annuellement par unité de surface est un objectif tout aussi crucial.

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Du collectif

Ce qui est frustrant dans ce genre d’article,c’est qu’on ne peut s’empêcher de ressentir une désagréable impression de “vague” et de “flou”.Enfin,heureusement qu’il y a,après la fin de l’article,des liens avec quelques autres articles précédents d’énerzine comme par exemple: “Créer du carburant directement à partir de la biomasse” et “La levure transgénique pour produire des biocarburants”,qui nourrissent un peu la question(quoi qu’un commentateur(mamouth)d’1 de ces 2 articles a parlé de son impression de “vague”. Biocarbs .

Du collectif

Source de “back-up” pour énergies intermitentes. Ce qu’il y a de bien avec les bio-combustibles(et agro-combustibles),c’est qu’ils peuvent servir aussi à autre chose,que d’être du carburant pour véhicules.En effet,on peut,selon les besoins d’une collectivité(région ou pays), choisir pour eux,de les utiliser comme source de combustibles pour des petites(nombreuses,au besoin et selon les possibilités) centrales électriques(à cogénérations et cycles combinés)de back-up pour compenser des énergies renouvellables intermitentes comme l’éolien et le solaire.Ça mérite réflexion,à mon humble avis… Biocarbs

alternotre

Etrange qu’au moment où apparaissent des technologies automobiles ( hybride ou électrique) qui seraient de nature à substantiellement baisser notre besoin en combustible fossile… On devient soudain très prudent sur la viabilité des alternatives bio-énergétique en matière de carburant. Je m’explique… Si une production de carburant issus de la culture d’algues permet de couvrir… disons… 15 % des besoins français, on a beau jeu de déclarer cette ressource inadaptée à nos besoins.   En revanche, si par un changement technologique de motorisation, si par un changement dans les habitudes de déplacement on baisse le besoin global en carburant, cette part relative de 15% peut soudain passer à 30, voire 50 %… A bien y regarder, du point de vue pétrolier, l’outsider bio-énergétique pourrait soudain représenter un dangereux concurrent… D’autant plus que la culture d’algues est une technologie que peut se passer de l’industrie pétrolière ! En l’état de notre savoir faire, la culture de micro algues offre un rendement 2 X supérieur à ce que peuvent faire les plantes terrestres. On est certe loin des 100 Tonnes d’huile à l’hectare, cependant, viser les 8 à 12 Tonnes à l’hectrare n’est pas infaisable… Encore un fois, si on parie sur une évolution du parc automobile et de son usage, une part de marché relative pourrait bien devenir majoritaire ! A mon humble avis, cet excès de prudence sonne faux. Je pense même qu’il traduit une certaine nervosité de la part d’un milieu pétrolier qui sent un frémissement… Un changement…. A suivre.