Le gaz naturel liquéfié, un intérêt stratégique (II)

Bien que la France soit historiquement un des premiers pays à avoir importé du GNL, elle s’ouvre relativement lentement aux achats en provenance de nouveaux pays en mesure d’en fournir.

Jusqu’en 2004, seule l’Algérie était source régulière de livraisons de GNL en France. En 2006, l’Égypte et le Nigeria se sont ajoutés à la liste des exportateurs, puis le Qatar en 2007. En 2009 s’ajoutaient à la liste Trinité-et-Tobago et l’Australie, bien qu’en quantité très limitée. La Norvège, qui n’exportait auparavant vers la France que par gazoduc, l’a aussi fait par méthanier en 2009.

Parmi les pays exportant du GNL vers la France, l’Algérie, premier fournisseur historique, est celui qui occupe la place la plus importante devant l’Égypte. Le Nigeria a vu sa position se stabiliser depuis plusieurs années, celle de l’Égypte se maintient tandis que Trinité-et-Tobago a fait son apparition.

L’installation, dans de nouveaux pays, d’équipements permettant l’exportation du GNL multiplie donc les choix d’approvisionnement possibles de la France.

Le gaz naturel liquéfié, un intérêt stratégique (II)

Les importations de GNL de la France sont majoritairement liées à des contrats de long terme, c’est-à-dire à des contrats dont la durée, supérieure à sept ans, peut parfois atteindre vingt ou trente ans. En 2009, 92 % des importations sont de ce type.

Le marché du GNL dans le monde : des flux réguliers et des ajustements ponctuels

Au niveau européen, en 2009, la France importe moitié moins de GNL qu’un pays comme l’Espagne dont 74 % des importations en gaz naturel sont du GNL. En revanche, pour la même année, le niveau des importations françaises de GNL est très proche de celui de la Grande-Bretagne.

Sur les années 2004 à 2009, les grands pays consommateurs de GNL concentrent leurs approvisionnements sur quelques pays d’origine. Ainsi, pour l’Espagne, seulement cinq des onze origines du GNL couvrent plus de 90 % des importations totales (Algérie, Égypte, Nigeria, Qatar et Trinité et Tobago. Pour les États-Unis, l’Égypte et Trinité-et-Tobago concentrent près de 80 % de la totalité du GNL importé des dix pays fournisseurs.

Le gaz naturel liquéfié, un intérêt stratégique (II)

Concernant le Royaume-Uni, quatre des sept origines regroupent 98 % du total. Enfin, pour la France, l’Algérie et l’Égypte représentent 87 % des importations alors que les six autres origines se partagent les 13 % restants.

Le gaz naturel liquéfié, un intérêt stratégique (II)

Le GNL présente en effet une grande flexibilité technique, mais celle-ci est limitée par les contraintes économiques : du fait des coûts des installations, les échanges sont principalement basés sur des contrats de long terme qui engagent seulement quelques pays mais des quantités très importantes. Aux contrats de long terme qui assurent l’essentiel de l’approvisionnement, s’ajoutent donc des ajustements par des achats à court terme, qui peuvent avoir lieu sur le marché spot.

Les faibles quantités importées diffuses (Malaisie, Yémen, Belgique, Norvège ou bien Libye dans le cas de l’Espagne ; Guinée Équatoriale, Norvège, Qatar, ou encore Australie pour les États-Unis) sont les premières à souffrir d’une baisse des importations, et correspondent souvent à des contrats de court terme. Leur non-renouvellement permet cette réactivité, même si les contrats de long terme prévoient aussi une certaine souplesse dans les approvisionnements.


De nouveaux développements à venir

L’offre de gaz naturel dans le monde connaît aujourd’hui un changement structurel important, avec ces dernières années la production d’un nouveau type de gaz naturel, le gaz non conventionnel. Son extraction, autrefois trop coûteuse, a connu un véritable essor aux États-Unis grâce à la mise au point de nouvelles techniques d’exploitation. Les autres pays s’intéressent aussi à ces ressources. En France, des demandes de permis d’exploration de gaz de schiste ont été déposées pour un territoire allant du sud de Valence au nord de Montpellier.

Selon le scénario Nouvelles politiques de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), d’ici 2035, près d’un tiers de l’augmentation de la production mondiale de gaz naturel proviendra de ces sources non conventionnelles, aux États-Unis et, de plus en plus, dans d’autres régions.

L’AIE prévoit également une augmentation de la part du GNL dans les échanges de gaz naturel entre grandes zones subcon-tinentales
: elle passerait d’un peu plus de 30 % en 2008 à plus de 40 % en 2035. Quant à la demande de gaz naturel, qui a chuté fortement en 2009 du fait de la crise économique, elle devrait rapidement retrouver sa hausse tendancielle : selon l’AIE, elle augmenterait entre 2008 et 2020 de 14 % à 22 % selon les scénarios envisagés. Cette augmentation s’explique notamment par les qualités environnementales du gaz naturel, faiblement émetteur de CO2 .

On devrait aussi assister à l’avenir à un accroissement des échanges de GNL suite à la multiplication des projets de développement des capacités de liquéfaction et de regazéification dans de nombreux pays à travers le monde.

            

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jl06

Il est vrai que l’utilisation comparable du gaz naturel émet moins de gaz à effets de serre que le fioul ou le charbon, mais c’est toujours ça de trop pourrions-nous ajouter. Quand il s’agit du Gaz Naturel Liquéfié, il faut savoir que les émissions sont un peu plus importantes encore car il faut inclure au cycle de vie “classique” du gaz naturel les étapes de liquéfaction, transport maritime et gazification à la livraison. L’impact de ces étapes varie bien entendu suivant les procédés et les distances. Comme on retient généralement la valeur globale des statistiques “cycle de vie” et que celle-ci est dominée par l’étape de combustion, la part des autres étapes passe parfois inaperçue. Pourtant, le GNL peut ajouter 10 à 30% de GES au bilan total en doublant, ou même triplant les émissions des étapes précédentes (dues à l’addition des étapes liquéfaction-transport-gazification). Pour la France, comme nos principaux fournisseurs sont relativement peu distants, nous nous situons peut-être même en deçà de la fourchette. Ce ne sont que des ordres de grandeur, mais ils indiquent qu’une étude est nécessaire pour justifier ses choix. Car une fois les investissements effectués (ils sont lourds comme le rappelle l’article), difficile de revenir en arrière. Dernière précision: les fuites de méthane sur le cycle de vie ne sont pas toujours anodines pour le bilan GES. Son pouvoir de réchauffement global (PRG) de 23 (comparé à 1 pour CO2) devrait justifier la maintenance de réseaux et de procédés de qualité.