Les Américains les plus aisés génèrent 40% des émissions de gaz

Les Américains les plus aisés génèrent 40% des émissions de gaz

Dans une récente publication, il a été mis en évidence un lien intrigant entre la richesse individuelle et l’impact environnemental. La corrélation entre la richesse, en particulier celle provenant des investissements financiers, et les émissions de gaz à effet de serre est désormais incontestable.

La recherche, publiée dans PLOS Climate, montre que les Américains les plus aisés, soit le top 10% des plus hauts revenus, génèrent 40% des émissions totales de gaz à effet de serre des USA.

La consommation – ce que nous mangeons, conduisons et achetons – a toujours été un facteur connu d’émission de gaz à effet de serre. Toutefois, comme le note Jared Starr, scientifique spécialisé en durabilité à UMass Amherst : “Les approches basées sur la consommation pour limiter les émissions de gaz à effet de serre sont régressives. Elles punissent de manière disproportionnée les pauvres.”

Le vrai défi a été de suivre le revenu d’investissement, une grande source de richesse pour les Américains les plus fortunés. Pour y parvenir, l’équipe de recherche a utilisé une base de données couvrant plus de 2,8 milliards de transactions financières intersectorielles.

Émissions fournisseur et producteur

Les émissions fournisseur sont celles produites par des industries fournissant des combustibles fossiles. Les émissions producteur sont celles émanant directement des opérations d’une entreprise, comme une centrale au charbon.

En utilisant ces données, Jared Starr et ses collègues ont établi un lien entre les émissions et les revenus de plus de 5 millions d’Américains. Il est apparu clairement que le top 1% des revenus génère à lui seul entre 15 et 17% des émissions totales du pays.

Part des émissions après impôt des fournisseurs par catégorie de revenus, par groupe de revenus. Crédit : Jared Starr

Les “Super Émetteurs”

La recherche a également mis en lumière des “super émetteurs”, principalement situés dans le top 0,1% des foyers. Ces derniers sont fortement représentés dans les domaines de la finance, de l’immobilier, de la fabrication, et de l’exploitation minière.

Quinze jours de revenus pour un ménage de 0,1 % de la population la plus aisée génèrent autant de pollution par le carbone qu’une vie entière de revenus pour un ménage de 10 % de la population la plus pauvre.

Jared Starr, maître de conférences en conservation de l’environnement

Les recommandations de la recherche

Pour réduire ces émissions, une taxation basée sur les revenus et les actionnaires est suggérée, plutôt que sur les biens de consommation. Le scientifique croit que cela pourrait inciter les plus gros contributeurs au changement climatique à décarboner leurs industries.

De cette manière, nous pourrions vraiment inciter les Américains qui sont les principaux responsables du changement climatique et qui en profitent le plus à décarboner leurs industries et leurs investissements“, explique encore Jared Starr.

Il s’agit d’un désinvestissement par intérêt personnel, plutôt que par altruisme. Imaginez la rapidité avec laquelle les dirigeants d’entreprise, les membres des conseils d’administration et les gros actionnaires décarbonaient leurs industries si nous faisions en sorte qu’il soit dans leur intérêt financier de le faire. Les recettes fiscales ainsi obtenues pourraient aider le pays à investir de manière substantielle dans les efforts de décarbonation“.

En synthèse

Il est impératif de reconnaître les sources principales des émissions de gaz à effet de serre pour élaborer des politiques efficaces. La corrélation entre richesse, investissements et émissions offre une nouvelle perspective pour une taxation plus équitable et ciblée, axée sur les plus grands contributeurs aux changements climatiques.

Pour une meilleure compréhension

Quelle est la principale conclusion de l’étude de l’Université du Massachusetts Amherst?

La recherche a révélé que les 10% les plus riches des Américains sont responsables de 40% des émissions totales de gaz à effet de serre du pays.

Comment les émissions de gaz à effet de serre sont-elles traditionnellement liées à la consommation?

Historiquement, les émissions sont associées à la consommation directe, telle que la nourriture que nous mangeons, les véhicules que nous conduisons et les biens que nous achetons.

Pourquoi Jared Starr qualifie-t-il les approches basées sur la consommation de “régressives”?

Selon lui, ces approches punissent de manière disproportionnée les pauvres, car elles s’appuient principalement sur la consommation directe, sans tenir compte du fait que les individus extrêmement riches réinvestissent une grande partie de leurs revenus, évitant ainsi certaines taxes basées sur la consommation.

Quelle est la différence entre les émissions fournisseur et les émissions producteur?

Les émissions fournisseur sont celles créées par les industries qui fournissent des combustibles fossiles à l’économie, comme les entreprises pétrolières. Les émissions producteur sont celles émises directement par l’exploitation d’une entreprise, comme une centrale électrique fonctionnant au charbon.

Comment l’équipe de recherche a-t-elle pu établir un lien entre les émissions de gaz à effet de serre et le revenu d’investissement des Américains les plus riches?

Ils ont utilisé une base de données couvrant plus de 2,8 milliards de transactions financières intersectorielles sur 30 ans pour suivre la circulation du carbone et des revenus. Ils ont ensuite lié ces données à une autre base contenant des informations détaillées sur les revenus de plus de 5 millions d’Américains.

Qui sont qualifiés de “super émetteurs”?

Les “super émetteurs” sont des individus du top 0,1% des foyers qui ont une intensité d’émissions extrêmement élevée. Ces personnes sont principalement actives dans des domaines tels que la finance, l’immobilier, la fabrication, et l’exploitation minière.

Quelle est la proposition pour réduire les émissions?

Starr suggère une approche de taxation basée sur les revenus et les actionnaires, plutôt que sur les produits de consommation. L’idée est d’inciter les individus qui contribuent et profitent le plus du changement climatique à décarboner leurs industries.

Comment cette recherche pourrait-elle influencer les futures politiques environnementales?

Cette étude offre une nouvelle perspective sur la façon dont les politiques fiscales pourraient être conçues pour cibler de manière plus efficace et équitable ceux qui contribuent le plus aux émissions de gaz à effet de serre, conduisant potentiellement à des réductions significatives et à une transition plus rapide vers une économie sobre en carbone.

[ Rédaction ]

         

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