Les biocarburants d’algues se développent aux USA

Face aux réactions négatives et aux doutes grandissants vis-à-vis de l’impact des biocarburants de 1ère génération, chercheurs et industries spécialisées se sont penchés sur le potentiel d’un nouveau type de biocarburants dit "avancés" produit à partir de micro-algues.

Les Etats-Unis ont développé deux principales filières de biocarburants de 1ère génération afin de réduire leur dépendance vis-à-vis du pétrole : le bioéthanol obtenu à partir de sucre et de céréales (maïs, blé, betterave…), et le biodiesel à partir d’oléagineux (huile de colza, huile de soja…). Ces deux filières sont aujourd’hui confrontées à des contraintes de disponibilité de la matière première et de concurrence vis-à-vis de la production alimentaire ; à cela s’ajoutent les problèmes de déforestation, d’abus de biocides et d’engrais.

Depuis 2007, l’USDA [Département de l’Agriculture des États-Unis, ndlr] dispose d’un budget de 1.6 milliard de dollars pour la recherche sur les biocarburants. La loi de 2007 sur la sécurité et l’indépendance énergétique a fixé des objectifs quantitatifs ambitieux avec un volume de production de biocarburants de 9 milliards de gallons pour 2008, objectif qui devrait progressivement passer à 36 milliards de gallons d’ici 2022.

Sur ces 36 milliards de gallons, 21 milliards devront provenir de biocarburants "avancés", dont 16 milliards tirés de la biomasse cellulosique et 5 milliards de biocarburants avancés indifférenciés.

Une nouvelle filière de production, qui ne rentre pas en compétition avec les ressources alimentaires, est en phase de développement à partir de micro-algues. Les algues représentent une source très intéressante pour la production de biodiesel, du fait de la teneur importante des cellules en lipides (jusqu’à 50 à 80% de la matière sèche). La production d’huile par unité de surface cultivée pourrait être jusqu’à 600 fois plus élevée que celle obtenue à partir de soja. Les recherches et les développements sont axés en priorité sur les procédés de culture des algues et d’extraction de l’huile, dans un objectif de réduction des coûts liés à l’industrialisation.

Les experts estiment qu’une commercialisation est possible d’ici 3 à 6 ans avec un coût compétitif par rapport à celui du diesel issu du pétrole.

Les micro-algues adaptées à la production de biocarburants seront sélectionnées en fonction de leur teneur en lipides, leur vitesse de développement et leur tolérance à des milieux riches en oxygène. Plusieurs groupes taxonomiques sont à l’étude : des Chlorophycées (Chlorella, Parietochloris incisa), des Diatomées (Amphora sp., Nitzchia sp.) ou des Chrisophycées. Le process de fabrication de carburant à partir d’algues consiste à les cultiver dans des grandes cuves de fermentation industrielles (photobioréacteurs), à l’obscurité, et de les alimenter en continu avec un milieu nutritif contenant du glycérol et de la cellulose.

Plusieurs sociétés privées parviennent aujourd’hui à lever des sommes importantes pour développer des procédés de production.

Green Fuel technologies, basée dans le Massachusetts a récemment collecté 13,9 millions de dollars grâce à la participation de trois sociétés de capital risque. Un autre projet d’usine pilote est déjà en cours dans la ville de Holland, dans l’Etat du Michigan (7 millions de dollars sollicités auprès du gouvernement fédéral) en collaboration avec le Michigan State University. Cette ville présenterait une localisation idéale pour la culture d’algues en milieu "ouvert" ; le pilote serait placé à proximité d’une usine de traitement d’eau afin de pouvoir réutiliser le dioxyde de carbone rejeté pour la croissance des algues.

L’entreprise Petrosun travaille également sur un projet de construction d’usines dans l’Arizona. Enfin, l’entreprise Solazyme en Californie a annoncé, lors du Sommet global sur le climat organisé à Beverly Hills en novembre 2008, la sortie du premier biocarburant à partir d’algues : le Soladiesel RDTM.

En comparaison avec la filière cellulosique, il semble que les microalgues soient en passe de gagner cette course du biocarburant de nouvelle génération. En effet, le biodiesel issu des algues paraît aujourd’hui plus proche du stade de l’industrialisation que le bioéthanol obtenu à partir de sources ligno-cellulosiques.

[BE Etats-Unis numéro 143 (21/11/2008) – Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/56731.htm]

         

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Guydegif(91)

Considérations intéressantes menées ici sous la houlette du USDA.”microalgues en passe de gagner course du biocarburant de nouvelle génération….biodiesel issu des algues…plus proche du stade de l’industrialisation que le bioéthanol obtenu à partir de sources ligno-cellulosiques.”Des // souhaitables pour notre hexagone où le % de véhicules diesel est de 70 à 75% du parc…Faut du CO2 pour booster la pousse des algues et qq autres ingrédients…Démarches d’outre-Atlantique devraient inspirer certains de nos labos nationaux ou privés..A+ Salutations Guydegif(91)