Les générations futures porteront des vêtements radicalement différents de ceux d’aujourd’hui ; De nouvelles recherches menées à l’Université Concordia se penchent sur cet avenir, examinant de plus près la prochaine grande avancée en conception de textiles : les tissus informatisés.
Joanna Berzowska, professeure et directrice du Département de design et d’arts numériques à Concordia, a mis au point des tissus électroniques interactifs qui captent directement l’énergie du corps humain, l’emmagasinent et l’utilisent pour transformer leurs propriétés visuelles. Les vêtements animés confectionnés dans ces tissus changeraient de couleur et de forme au gré des mouvements.
L’aspect novateur de ce projet tient à l’incorporation des fonctions électroniques ou informatiques au sein même des fibres. En effet, les composantes électroniques nécessaires sont non pas simplement fixées au textile, mais plutôt tissées dans les nouvelles fibres composites. Celles-ci consistent en de multiples couches de polymères qui, une fois étirées et réduites à un petit diamètre, commencent à interagir entre elles. Produit en collaboration avec Maksim Skorobogatiy de l’École Polytechnique de Montréal, ce tissu représente une percée importante dans la fabrication de « tissus intelligents ».
Il n’est certes pas encore possible de fabriquer des vêtements à partir des nouvelles fibres composites. Cependant, la Pre Berzowska a travaillé avec des stylistes pour créer des prototypes conceptuels qui peuvent nous donner une idée de l’apparence et du comportement de tels vêtements. Imaginez une robe qui changerait toute seule de couleur et de forme, ou encore une chemise qui capterait l’énergie de vos mouvements afin de l’utiliser pour recharger votre iPhone!
« Nous ne verrons pas ce type de vêtements dans les magasins dans les 20 ou 30 prochaines années, mais la technologie ouvre de fascinantes possibilités sur les plans pratiques et créatifs, observe Joanna Berzowska. Notre but est de créer des vêtements pouvant se transformer de façon complexe et surprenante – rien à voir avec les vestes réversibles ou les chemises qui changent de couleur sous l’effet de la chaleur! Voilà pourquoi le projet s’intitule Karma Chameleon », ajoute-t-elle.
Il y aurait également un important aspect « spectaculaire » au port de ces vêtements, dont les étonnantes transformations pourraient ou non être commandées par la personne qu’ils habillent. Cette recherche soulève donc des questions captivantes sur la place de l’individu vis-à-vis de la mode et des ordinateurs. Que signifierait porter un vêtement qui a son « propre cerveau » et ne peut être sciemment contrôlé ? Souhaitons-nous vraiment ce genre d’interaction intime avec les ordinateurs ?
Joanna Berzowska a rédigé un article sur ses travaux pour The Fashion Studies Handbook, à paraître sous peu chez Berg Publishers. Par ailleurs, une exposition prévue l’an prochain au Centre PHI permettra au grand public de découvrir ses recherches et d’entrer dans l’espace imaginatif créé par son tissu et ses vêtements futuristes.
Et en l’an 2000, nous aurons des voitures qui volent… Sérieusement, ce genre d’infos sur « comment nous serons dans 20 ou 30 ans », avec des idées délirantes, me fait bien rire.