Les schistes bitumineux : l’avenir du pétrole ?

Face à une forte volatilité du prix du baril et une diminution des découvertes de champs classiques de pétrole, les groupes pétroliers se tournent vers des sources non-conventionnelles. Aux côtés des sables pétrolifères et de l’offshore profond, les schistes bitumineux bien que relativement peu connus sont de plus en plus convoités.

Les volumes de pétrole que l’on peut obtenir à partir de schistes bitumineux sont aujourd’hui estimés à environ 2500 milliards de barils, soit environ deux fois supérieurs aux sources conventionnelles. Une grande partie de ces ressources se trouve aux Etats-Unis.

Les schistes bitumineux sont des roches sédimentaires qui contiennent de la matière organique : le « kérogène ». Il est transformé par traitement thermique, afin d’obtenir des hydrocarbures – donc du pétrole. Deux techniques de transformation, in-situ et ex-situ, sont utilisées en fonction de l’endroit où le traitement thermique est appliqué. Dans l’exploitation in-situ, la conversion se déroule directement dans le dépôt après injection d’air de combustion. L’exploitation ex-situ, qui représente la principale voie d’exploitation aujourd’hui, consiste au contraire en une extraction minière de la roche pour ensuite appliquer le traitement thermique dans des usines à la surface. Dans les deux cas, les hydrocarbures produits nécessitent un traitement supplémentaire de raffinage afin d’enlever des impuretés.

L’exploitation de schistes bitumineux est donc un processus complexe. Deux défis majeurs sont à relever si l’on veut en favoriser le développement : diminuer des coûts de production qui sont élevés, et réduire les fortes émissions de gaz à effet de serre associées au traitement thermique. De plus, dans le cas de l’exploitation ex-situ, la consommation en eau et la pollution des sols sont à considérer.

Les différents chocs pétroliers ont initié puis dynamisé ponctuellement l’exploitation des schistes bitumineux. Cependant, la hausse du prix du baril de 2004 à 2008 a relancé l’intérêt pour cette ressource non conventionnelle, mais l’industrie reste aujourd’hui encore jeune et peu mature. Parmi les projets lancés, un grand nombre a été abandonné. Aujourd’hui, trois principaux sites d’exploitation continuent de fonctionner au Brésil, en Estonie et en Chine.

"L’industrie des schistes bitumineux est en train de se structurer. On assiste aujourd’hui à l’émergence de nouveaux projets, notamment aux Etats-Unis, en Chine et en Jordanie, avec des acteurs industriels qui cherchent activement des partenaires ", commente Christian Oeser, consultant au sein de l’activité Energie d’ALCIMED **.

Les procédés de traitement thermique sont également en plein développement, afin de gagner en maturité :

  • En effet, les sites d’exploitation à grande échelle existant (Brésil, Estonie et Chine) s’appuient sur des procédés ex-situ développés spécifiquement pour tenir compte des caractéristiques propres aux roches locales. Or, la composition géologique et chimique des schistes bitumineux dépend notamment de la localisation géographique du dépôt et peut fortement varier d’un dépôt à l’autre. Les acteurs possédant des technologies comme Petrobras au Brésil visent à « exporter » leur technologie et à l’adapter à d’autres dépôts.
  • En parallèle, de nouveaux procédés se développent avec des acteurs ayant très souvent comme objectif principal de limiter les impacts sur l’environnement. Le développement du procédé « Rendall » en Australie en est un exemple.

Le nombre croissant d’acteurs se positionnant sur des projets d’exploitation laisse augurer un développement important des schistes bitumineux, source de pétrole prometteuse en raison de ses ressources considérables.

"On estime aujourd’hui que la production de pétrole à partir de schistes bitumineux devient économiquement viable si le prix de baril se situe autour de 80 dollars. Néanmoins, la maîtrise des impacts sur l’environnement et la réduction des coûts représentent des défis majeurs à relever", conclut Vanessa Godefroy, responsable de l’activité Energie d’ALCIMED.

** ALCIMED  est une société de conseil et d’aide à la décision spécialisée dans les sciences de la vie (santé, biotech, agroalimentaire), la chimie, les matériaux et l’énergie ainsi que dans les industries de hautes technologies. La société dont le siège est à Paris, est présente à Lyon et à Toulouse et a ouvert trois filiales en Europe (Espagne, Allemagne, Suisse).

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towcool

le pétrole n’a plus d’avenir et l’on s’obstine l’argent investie dans ces recherche  serait beaucoup plus profitable a la planet si cela était dans le renouvelable le petrole n’est pas encore suffisament cher et l’on devrait obliger ces compagnies a reinvestir tout ou partie de leur profit dans le renouvelable

Gregorief

Encore du carburant classique jusqu’à peu près l’an 2100 environ … On peut  rouler sans crainte de pénurie(peak-oil & companie)… Et ça serait dommage de se priver .

nahouhak

Désolé towcool, mais l’avenir, c’est le pétrole et encore plus le charbon malheureusement. La seule vraie question est quelle pourcentage d’énergies nouvelles on aura, et lesquelles.

Stnley

Si on capte suffisament de CO2 et  que l’on reboise à tire larigot, je pense que l’on peut tenir un sacré bout de temps encore sur le pétrole. Et c’est d’autant plus vrai que de moins en moins d’hydrocarbures seront utlisés pour fabriquer de l’electricité !

Co2 only ?

La pollution n’est pas qu’une histoire d’émissions de CO2, ce n’est qu’un critère parmis d’autres mais un critère aujourd’hui accepté par tous. Impossible de parler d’avenir pour le pétrole, ni pour le charbon (ressources limitées), l’avenir est dans le renouvelable. Il vaudrait mieux s’arrêter de prendre à la Terre ce qu’on n’est incapable de lui rendre. Certe, sans pétrole aujourd’hui, le choc serait violent. Mais commençons par utiliser d’autres sources d’énergies là où on sait le faire (même si cela coûte plus cher aujourd’hui) et tentons de trouver des solutions là où nous n’en avons pas encore. Ce discours peut sembler “utopique” mais sans conviction, on n’arrive à rien. Ps: Quelle expérience a été retenue de l’exploitation désastreuse des sables bitumineux au Canada ? (Autre qu’une histoire de fric…)

christian

Je reprends à mon compte l’exclamation de  M. Prévot  “Trop de pétrole !” L’échéance pour éviter l’irréversibilité d’un changement climatique désastreux est proche, et certains veulent continuer jusqu’en 2100 ?! Stnley, reboiser est dérisoire face à la quantité de CO2 que nous rejetons, (et de plus cela prend un temps fou). Quant à la capture du CO2, c’est pour l’instant un doux rêve, au mieux. Pour résumer la problématique scientifique du stockage :on ne peut se contenter d’un stockage physique -réversible-, qui se viderait à la moindre occasion, avec des conséquences dramatiques alentours, il faut un stockage chimique -irréversible-, qui aura donc, hélas, un grand coût énergétique, ce qui biaisera considérablement le bilan.  Mais celui pour lequel je me fais du soucis, c’est Grégorief : croyez-vous vraiment que les prix resteront ce qu’ils sont ? Le transport aérien de masse (si l’on s’en tient au pétrole), c’est fini. La bagnole pour faire 3 km, ce sera ridiculement inaccessible. Le réveil risque d’être douloureux. Dans ce registre, les chambres de commerces et les syndicat professionnels (pêcheurs, routiers, agriculteurs) devraient, s’ils avaient du bon sens et de la sagesse, investir dans la recherche de solutions durables au lieu de râler pour qu’on diminue les taxes (comme l’avaient fait par exemple les emballeurs qui ont subventionné les travaux qui ont débouché sur le film plastique d’amidon de maïs biodégradable alors qu’ils étaient condamnés à terme par l’interdiction des sacs en polyéthylène). D’ailleurs, les habitudes des français (comme les américains) ont changé leurs habitudes pendant le “pic” de prix l’année dernière, et ne semblent pas près de revenir dessus…

francky

moi, j’habite la région parisienne et honnêtement je ne vois pas de grands changements dans les habitudes de transport des franciliens,dés qu’il fait beau airparif nous prédit que l’on va être gazer. je suis plutôt pessimiste pour l’avenir

renewable

Amusant, tant que l’on ne parle pas de nucléaire je suis tout à fait d’accord avec vous! Mais je suis plus pessimiste que vous sur le transport aérien (par exemple) car n’oublions pas que plus de 70% du prix du pétrole provient des taxes et qu’il est donc “artificiellement” haut…il faut vraiment un baril à plus de 100$ pour voir les choses bouger un peu! A quand des taxes environnementales sur le nucléaire pour intégrer ses nuisances à l’environnement? 😉

Lauret

A quand des taxes environnementales sur les photopiles et éoliennes fabriquées au charbon Chinois trés polluant et avec d’autres combustibles fossiles ailleurs dans le monde;pour intégrer leurs nuisances à l’environnement? 😉  

Lauret

Fabriquées aussi en partie à l’électricité nucléaire (avec les déchets qui vont avec)pour fabriquer de l’acier ou des cellules photovoltaiques .Ces intrications énergétiques sont inextriquables et votre mauvaise foi n’y peut rien, mr Renewable .Quand aux “travailleurs” de 14ans ,faites confiance aux mines de charbons chinois aussi (et autres charbons asiatiques , sans oublier les charbons africains) .Ils ne se genent jamais pour exploiter les enfants et jeunes ados pour les charbons de ces régions là .

towcool

avant 5 ans le baril sera a 250$ et j’espere que les taxes seront inchange et elles serviront pour autre chose par exemple le renouvelable on peut toujours rever!!!!

Nowok

c’est du rêve, la crise pourrait durer plus de 5 ans aprés tout .

Fati schistes

je fais un recherche sur les propriètés physico chimiques des schistes bitumineux

Villageplanet

L’extraction et le rafinage de cette source de carburant fosile implique un traitement thermique pour séparer le “petrole” du “sable” cela coute 30% de la production. Pitié tout mais pas çà!!

Lolo77

Salut, maintenant, on sait. Les ravages de la combustion des énergies fossiles, on est au courant. Cessons d’ouvrir de nouvelles boîtes de Pandor ! Il y a tout à faire dans le domaine des énergies renouvelables, notamment solaire, et on a tous à y gagner, en particulier nos descendants. Ces exploitations de schistes bitumineux sont juste l’occasion pour certains de faire du fric à court terme, dans le mépris le plus total des générations futures et de notre environnement à tous. De toutes façons, on arrivera à la fin du pétrole bientôt. Alors plutôt que de continuer à émettre des gaz à effet de serre, gaspiller d’énormes quantités d’eau et polluer les sous-sols (ne pas oublier qu’on la boit, l’eau des nappes phréatiques !!), passons dès maintenant aux énergies renouvelables, elles aussi nous permettent de créer des emplois, et dans le durable ! On n’est quand même pas obligés de cramer à tout prix tout le pétrole existant sur la planète avant de s’y mettre ! Grégorief, Naouhak et Stnley, quand vous expliquerez ça plus tard à vos enfants, ça fera très mal !!!