ENR, contradictions et contraintes
Paradoxalement, l’attrition du budget alloué aux ENR est marquée ; 14% de baisse en 2012 par rapport à 2011, à 8,2 milliards d’euros. La France se doit néanmoins de tenir les engagements pris auprès de l’Union Européenne sur la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique national à l’horizon 2020, sous peine de sanctions.
Les chantiers en découlant ne manqueront pas de faire la lumière sur les opportunités de développement des ENR. De nombreux enseignements peuvent d’ores et déjà être tirés des projets menés dans des pays en pointe sur le sujet, et notamment l’Allemagne. La politique énergétique allemande a très tôt infléchi vers l’affranchissement des énergies fossiles et les titanesques projets entrepris à cette fin ont révélé les écueils qui ne manqueront pas de surgir ailleurs.
Les défis des ENR
Le dénominateur commun à la plupart des pays est que la production d’ENR est éloignée des bassins de consommation, industriels notamment. Ne pouvant, contrairement aux énergies fossiles, en rapprocher la production, il est nécessaire d’améliorer les moyens de transport d’énergie. Il s’agit d’un défi requérant des technologies de pointe pour transporter l’énergie sur de très longues distances, en limitant les pertes, soit un réseau de transport nouveau à bâtir ainsi que des SI adaptés à ces problématiques inédites.
Le financement des projets tourne au casse-tête insoluble. Le tournant énergétique allemand nécessiterait 335 milliards d’euros, somme colossale qui fait même hésiter certains partenaires de projets. L’assurance du risque sur les champs d’éoliennes du conglomérat RWE en mer du Nord – plus gros champ offshore mondial – a ainsi échaudé le groupe Allianz. Néanmoins, malgré les montants en jeu et les réserves de certains acteurs, la mise en œuvre de grands chantiers ENR n’est pas compromise, car les installations et le réseau une fois mis en place constituent une rente fiable et vouée à des décennies d’exploitation.
L’apport des SI
Les technologies Smart Grids peuvent être un levier puissant de développement des ENR, d’où les nombreuses expérimentations lancées, en France notamment. L’approche adoptée est également intéressante, puisqu’elle consiste à prendre du recul par rapport à ce qui peut déjà se faire dans le monde. Le projet iGreenGrid, par exemple, vise la comparaison et l’évaluation des différentes solutions existantes d’intégration des énergies renouvelables. Il s’agit d’un projet européen, preuve de la coopération énergétique impulsée par la Commission Européenne.
D’autres axes principaux sont naturellement explorés, afin de définir des schémas représentatifs des différents comportements propres à certains types de populations. Chacun de ces axes principaux est ensuite décliné en une myriade d’autres sujets : intégration de la production des ENR, gestion des comportements des utilisateurs, pilotage de la production…
– Axe Rural : le projet Venteea se penche sur la problématique de l’intégration des fortes capacités de production sur un réseau rural, capacités inhérentes à la géographie permettant l’installation d’éoliennes, de bâtiments photovoltaïques par exemple.
– Axe Urbain : Lyon Confluence étudie le déploiement d’une flotte de véhicules électriques en auto-partage, sur le principe d’Autolib à Paris, mais avec une alimentation photovoltaïque. Le projet inclut aussi le déploiement d’Energy Box pour le suivi et la maîtrise de la consommation, ainsi que la mise en place d’un outil de gestion et de contrôle des données liées à la consommation énergétique.
– Axe Mixte : le projet NiceGrid consiste en l’évaluation de la contribution d’un quartier solaire intelligent à la gestion des pics de consommation. Bien qu’initié à Nice, le principe est repliable à tout quartier résidentiel. Les pics de consommation étant contre-balancés par des achats d’énergie sur un marché européen, ce NiceGrid est un projet précurseur et commun à l’UE.
Entre difficultés et promesses des ENR , le SI comme trait d’union
Les SI jouent un rôle primordial dans le succès de l’intégration des ENR. La manipulation d’une forte volumétrie de données et le besoin de fonctionnalités d’optimisation et d’analyse nécessitent le développement de nouveaux SI et ceux-ci doivent être capables de gérer différentes problématiques comme les pics de consommation et le pilotage des consommations.
Les SI se révèlent indispensables à l’intégration des énergies renouvelables. L’intermittence de la production (absence de vent, ciel couvert…) impose une gestion fine de la demande et des sources alternatives de production. On rejoint ici la nécessité pour les SI de soutenir un modèle de comptage intelligent, qui outre la simple gestion des consommations client ouvre la porte à la génération de modèles statistiques.
Face aux changements énergétiques à l’œuvre aujourd’hui, les SI sont la pierre d’angle des interactions entre les différents blocs du paysage énergétique du futur.
[ Archive ] – Cet article a été écrit par Charles Caillon