Le 30 décembre 2012, Luc Oursel, Président du Directoire d’Areva a pris la parole dans le Journal du dimanche et a fait le point sur la polémique naissante quant aux accords passés avec la Chine en matière de nucléaire et sur les contreparties autorisées.
Que prévoit l’accord signé entre Areva, EDF et la Chine ?
"Il lance une phase de concertation pour l’étude d’un nouveau modèle de réacteur de troisième génération. Nous allons voir si nous pouvons nous mettre d’accord sur ses spécificités. Nous n’en sommes qu’à un stade préliminaire. Nous verrons au premier semestre 2013 où ces discussions nous mènent. Areva pose plusieurs préalables. Ce nouveau réacteur devra converger vers notre réacteur « maison » (ATMEA), avoir accès au marché chinois et apporter à la France des retours industriels concrets. Si on n’arrive pas à se mettre d’accord, on arrêtera".
Le gouvernement était-il au courant de cet accord ?
"Bien sûr, nous avons travaillé le contenu de ce texte avec toutes les administrations concernées. Le gouvernement comme le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) l’ont validé. Il respecte la ligne définie lors du conseil de politique nucléaire fin septembre: « Le développement d’un partenariat durable et équilibré », dans le respect du principe de priorité accordée à la sûreté".
Quelle place tient la Chine dans votre industrie ?
"La Chine tient une place majeure. D’ici à trente ans, elle pèsera pour la moitié du marché mondial des nouveaux réacteurs, et plusieurs dizaines de centrales y seront construites. La relation avec la Chine a créé beaucoup d’emplois en France et profite à sa balance commerciale. Outre les centrales, nous vendons de l’uranium naturel et enrichi, fournissons de la maintenance, de l’ingénierie. Des dizaines de PME ont pu s’installer là-bas et se développer dans notre sillage".
Risque-t-on de transférer des technologies à la Chine ?
"Nous n’en sommes pas là. Trouvons d’abord un accord sur le réacteur et nous pourrons étudier les questions commerciales et de propriété intellectuelle. Jusqu’à présent, nous avons su nous développer en Chine en protégeant nos savoir-faire. Nous n’aborderons pas ce partenariat à n’importe quelles conditions. Certaines technologies peuvent être partagées, d’autres pas. Qu’il s’agisse des conceptions, des logiciels ou des composants, cela se regarde au cas par cas. En 1995, nous avions transféré les plans de centrales aux Chinois pour qu’ils construisent les leurs. Mais l’accord stipulait qu’ils n’avaient pas le droit de les utiliser à l’export".
Vos salariés s’inquiètent de voir des activités quitter la France, et des emplois avec…
"Leurs préoccupations sont légitimes et nous y répondrons. Lors des trente dernières années, travailler avec la Chine a beaucoup apporté à Areva. Si nous les aidons à construire leurs centrales, il y aura de nouveaux emplois créés en France. Construire les deux EPR chinois de Taishan nous a permis de recruter en France pour l’ingénierie ou la conception des réacteurs".
Avez-vous eu le sentiment qu’EDF a voulu vous isoler en signant seul avec la Chine en 2011 ?
"Je n’ai jamais eu l’impression qu’Areva était hors jeu. Je ne connais pas l’accord dont la presse a parlé entre EDF et CGNPC. Attendons le rapport de l’Inspection générale des finances. Areva est considéré comme un acteur essentiel par les Chinois. Nos relations avec EDF se sont considérablement améliorées depuis dix huit mois. Nous avons une équipe commune pour vendre l’EPR en Pologne et en Arabie Saoudite".
L’avocat de Maureen Kearney, la syndicaliste agressée il y a deux semaines, dit qu’elle subissait des pressions de la part de la direction. Que lui répondez-vous ?
"Cette agression nous a beaucoup touchés et nous la condamnons vigoureusement. Il n’y a eu aucune pression. Maureen Kearney était très préoccupée par le partenariat avec la Chine, et il est normal qu’il y ait eu sur ce sujet comme sur d’autres des échanges sincères, parfois vifs, comme c’est souvent le cas entre direction et partenaires sociaux. Je suis en totale confiance avec les syndicats. Nous avons beaucoup travaillé ensemble, notamment au redressement de l’entreprise. Sur les questions d’ordre stratégique, nous sommes convenus avec eux de passer par des experts indépendants. Je me suis engagé à ce que l’expert désigné ait accès dès janvier à cet accord".
[DVID]
Après l’ICE qui leur a permis de développer le 1er réseau de lignes a grande vitesse du monde, après l’Airbus qui leur permet de développer leur moyen courrier intérieur livrable en 2015, voici venue l’heure des centrales atomiques dont il ne manqueront pas d’inonder (et polluer) le monde entier dans quelques années. Nous décidémment, nos gouvernants sont des crétins.
Ah bah oui, on aurait mieux fait d’attendre qu’ils nous piquent la technologie ou bien que quelqu’un d’autre la leur vende ! Comme ça, non seulement on aurait abouti exactement au même résultat, mais en plus on aurait évité de gagner de l’argent. Ca aurait été tellement mieux !
L’EPR constitue actuellement le summum de la technologie atomique maitrisée. Des réacteurs surs et puissants. Le problème en est le prix de revient. Soyons réalistes, on ne peut plus se permettre ce luxe. Alors peut être vaut t’il mieux se resigner à céder cette technologie à la Chine, qui elle, peut les financer.
« Soyons réalistes, on ne peut plus se permettre ce luxe. » Ah bon, on ne plus se permettre de financer un système qui produit 720 milliards de kWh sur 60 ans pour un investissement initial de 6 milliards D’Euros (voire 8 ou 12 avec les frais financiers). Et ben y-a du souci à se faire pour le financement des énergies renouvelables : Mais je reste optimiste car on trouve toujours les moyens de financer le photovoltaïque (avec des engagements sur 20 ans) à plus de 450 Euros le MWh (indexé) et l’éolien à 87 Euros le MWh.
N’empêche que sans faire injure aux chinois, on peut quand même regretter l’absence de partenariat au niveau européen sur le nucléaire … Après, il me semble que les partenariats avec d’autres pays sont aujourd’hui indispensables au développement d’une filière aussi capitalistique que le nucléaire
On peut le regretter mais il faut savoir que l’EPR est né dans les années 90 d’un partnariat franco allemand ! Le trigramme EPR signifie (signifiait en fait) European Pressurized Reactor. Il est né d’un mix du Konvoi allemand (Siemens) et du N4 français (Framatome, maintenant Areva). Jusqu’à ce que l’Allemagne fasse son caprice (électoral ?) et claque la porte à l’atome … Quelques activités de conception (notamment la partie classée du contrôle commande), se trouvent tout de même encore en Allemagne (côté Siemens et Areva) mais vont tendre à disparaître. Je pense donc qu’un partanariat industriel pour la conception est désormais à exclure sauf si de très solides garanties politiques sont données (donc ça n’arrivera jamais ^^). Puis il faut aussi considérer le fait que les pays européens disposant d’un savoir fait de concepteur (et même d’exploitant) ne sont pas légion. Enfin il faut aussi voir que l’Europe reste le premier marché pour l’EPR puisque 2 réacteurs y sont construits actuellement, 4 le seront en GB (à 99%) et d’autres sont en projet.