Près de 20 000 personnes perdent la vie chaque année sur les routes européennes, rappelant l’urgence de mesures concrètes pour améliorer la sécurité routière. Le Parlement européen vient d’adopter une révision majeure des règles de conduite dans l’Union. De nouveaux contenus d’examen, un permis numérique optionnel, des contrôles médicaux renforcés et des sanctions transfrontalières constituent le cœur d’une réforme destinée à sauver des vies. Le texte, présenté comme un jalon de la « Vision zéro », vise l’objectif d’éradiquer, d’ici 2050, les accidents mortels sur les routes. Les États membres disposent de quatre ans pour appliquer ces dispositions.
La formation des candidats au permis de conduire sera enrichie d’enseignements spécifiques sur les angles morts, les systèmes d’aide à la conduite et l’ouverture sécurisée des portières. Les risques liés à l’utilisation du téléphone au volant seront intégrés, tout comme la protection des usagers vulnérables : piétons, cyclistes et enfants. Comme le souligne Jutta Paulus, rapporteure du texte au Parlement européen : « La formation des conducteurs comportera davantage d’éléments relatifs à la sécurité des piétons et des cyclistes. »
La validité du permis et des contrôles de santé
La durée de validité des permis sera plafonnée à quinze ans pour les voitures et les motos, cinq ans pour les poids lourds et les autocars. Les conducteurs âgés de 65 ans et plus pourront se voir imposer des visites médicales ou des stages de remise à niveau plus fréquents, selon les États membres. Avant l’obtention ou le renouvellement du permis, un contrôle médical, incluant des examens ophtalmologiques et cardiovasculaires, sera obligatoire ; toutefois, certains pays pourront proposer une auto-évaluation pour les permis voitures et motos.
Un encadrement des jeunes conducteurs et un accès précoce à la profession
La réforme prévoit une période probatoire de deux ans au minimum pour les jeunes conducteurs, assortie de règles de sécurité renforcées, notamment en matière d’alcoolémie et de ceinture de sécurité. Les sanctions en cas d’infraction seront alourdies. Les jeunes dès 17 ans pourront passer le permis voiture, mais devront conduire accompagnés jusqu’à leur majorité.
L’accès à la formation professionnelle est également facilité pour pallier la pénurie : Les titulaires d’un certificat d’aptitude professionnelle pourront conduire un camion dès 18 ans ou un bus dès 21 ans.
Un permis numérique pour l’Europe, mais pas pour tous
La directive introduit le permis numérique comme format principal, tout en garantissant aux citoyens le droit à une carte physique sur simple demande.
Jutta Paulus précise : « Avec la nouvelle directive européenne sur le permis de conduire, les citoyens auront la liberté totale de choisir entre une application sur leur smartphone et une carte physique. »
Des sanctions et une surveillance transfrontalières
En cas d’infractions graves ( conduite sous l’emprise de substances, accidents mortels, excès de vitesse d’au moins 50 km/h au-dessus de la limite ) le retrait ou la suspension du permis seront notifiés au pays émetteur du document pour renforcer la coordination.
Matteo Ricci, rapporteur sur la suspension du droit de conduire, affirme : « En introduisant des critères plus clairs et mieux définis pour la suspension des permis de conduire en cas d’infractions graves, cette mesure vise à protéger non seulement les conducteurs responsables, mais aussi la collectivité tout entière. » Et d’ajouter : « Un système de surveillance et d’application renforcé et plus efficace contribuera à prévenir les accidents et à sauver des vies. »
La directive entrera en vigueur vingt jours après sa publication au Journal officiel de l’Union européenne, puis chaque État membre disposera de trois ans pour la transposer, et d’un an supplémentaire pour l’appliquer. La réforme est inscrite dans le plan global pour la sécurité routière présenté par la Commission en 2023. La volonté politique est désormais affirmée où il s’agit de transformer durablement la culture de la conduite pour tendre vers l’objectif de zéro décès sur la route d’ici 2050.











