A l’occasion de la célébration des 30 ans de la coopération franco-chinoise dans le nucléaire civil, le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault a visité le chantier de construction des deux EPR de Taishan.
De son côté, Areva a annoncé la signature d’une série d’accords-clés pour le développement du partenariat franco-chinois dans le nucléaire civil et dans les énergies renouvelables avec les entreprises China National Nuclear Corporation (CNNC) et China General Nuclear Power Corporation (CGN)
Dans le détail :
>> Areva, en consortium avec Siemens, a signé un contrat pour la fourniture de systèmes de contrôle-commande pour équiper les réacteurs 5 et 6 de la centrale chinoise de Fuqing.
China Nuclear Power Engineering, filiale de CNNC, prévoit de débuter les travaux de construction de ces deux réacteurs à eau pressurisée de 1000 MWe en 2014 pour le réacteur n°5 et l’année suivante pour le réacteur n°6. Les futurs réacteurs seront équipés du contrôle-commande numérique de sûreté TELEPERM®XS fourni par Areva.
>> Areva et CNNC ont signé une lettre d’intention dans l’amont du cycle du combustible afin d’étudier la création d’une co-entreprise visant à doter la Chine d’une usine de fabrication et de transformation d’alliages de zirconium. Il s’agit d’étapes clés dans la métallurgie de ce matériau de référence, nécessaire à la production d’assemblages de combustibles nucléaires. La société pourrait produire, pour le marché chinois, jusqu’à 600 tonnes d’alliages de zirconium par an à l’horizon 2017.
Cette accord s’inscrit dans le cadre d’une coopération industrielle et technologique amorcée par les deux groupes en 2010 avec la création de la co-entreprise CAST destinée à fabriquer les tubes de gainage en alliage de zirconium.
>> Areva et CGN ont signé un accord de coopération dans le secteur des énergies renouvelables.
Selon les termes de cet accord, Areva identifiera avec CGN les opportunités commerciales dans l’éolien en mer, la biomasse, le solaire à concentration thermique et le stockage d’énergie. C’est dans le secteur de l’éolien en mer que les deux groupes collaboreront en priorité. Areva apportera son expertise en tant que fabricant d’éoliennes marines et CGN contribuera en tant qu’investisseur, développeur et opérateur de parcs pour de futurs projets, prioritairement en Chine et en Europe.
Areva bénéficie d’une expérience significative dans le secteur des renouvelables avec plus de 2.500 MW déjà installés dans la bioénergie, 300 MW de projets dans le solaire à concentration et 600 MW en cours d’installation dans l’éolien en mer.
"Ces nouveaux accords illustrent la vigueur des relations qu’Areva entretient avec ses partenaires historiques chinois" a déclaré Luc Oursel, Président du Directoire d’Areva. "Ils soutiendront le développement des énergies nucléaires et renouvelables en Chine tout en renforçant la présence du groupe sur des marchés créateurs d’emplois en France et en Chine."
Je me demande pourquoi la géothermie profonde n’est pas + en vogue… c’est bien plus propre que les autres sources d’énergie il me semble. Ce n’est sans doute pas suffisement spectaculaire? Il faudrait revoir ça:
reva arrive aà faire le grand écart avec le nucléaire d’un côté et les énergies renouvelables de l’autre. Le tout avec l’ami incontournable chinois. Comme Airbus et d’autres. A Bastookada: le petit film américain traduit par le belges fait peur. Quand est ce que les Chinois vont faire ce film chez eux ? Ils ont des croissances à 2 chiffres ! Et la conclusion: préparez vous à la décroissance… Dur, dur…
Areva vend ce qu’on veut bien lui acheter: du nucleaire, du renouvellable. Il n’y a rien de choquant a cela. Areva ne fixe pas la politique energetique de la Chine.
C’est un peu facile de dire qu’ils construisent à perte, la construction est une activité à faible marge et gros risques, donc les industriels détestent, mais si le chantier ne dérape pas, elle n’est pas directement à perte. Les ventes de combustibles sont beaucoup plus rentables, et presque sans aucun risque, mais Areva gagne aussi beaucoup d’argent à vendre du service, ils ont signé énormément de contrat pour la sécurité depuis 2 ans. Et ici on les voit vendre un controle/commande pour une centrale de techno 100% chinoise (sauf que la techno en question est dérivée des anciens réacteurs français, d’où la légitimité d’Areva sur le C&C). Et puis le sarcasme sur le fait que le nucléaire ça ne vaut pas le coup puisque les Chinois vont reprendre la techno pour faire eux même, c’est l’hopital qui se moque de la charité quand on voit ce qu’il se passe sur le marché du solaire et de l’éolien. Pour l’éolien, les constructeur ont gagné un peu de répit car les chinois ont du mal sur la qualité, mais ça ne va pas durer, tiens dernière nouvelle un Chinois qui prend une part d’enercon :
Comment les Russes ont fait pour rafler la centrale de Jordanie à Areva ? Ils ont offert d’en financer 49%, laissant juste le 1% pour que les Jordaniens restent majoritaires. Comment on a fait pour vendre en Turquie ? Grâce à la collaboration avec Mitsubishi la banque du Japon a apporté son financement, elle n’est pas limitée par les règles de l’UE elle, et les Coréens n’ont rien pu faire, leur banque nationale étant trop stricte pour faire l’équivalent. Donc en fait la Coface, c’est petit joueur par rapport à ce que font d’autres.
Il y a notamment l’usine de retraitement, la petite soeur de la Hague (contrat d’environ 15Mds d’€). Le modèle « nespresso » ne s’applique pas uniquement au combustible mais aussi sur les services, la maintenance et le suivi de l’ingénierie. Puis d’ici à ce que les chinois soient autonomes en uranium et combustible (ce qui ne devrait pas , autant qu’ils l’achètent à AREVA plutôt qu’à un concurrent. Et si vous pensez vraiment qu’Areva « donne » quoi que ce soit aux chinois, il faut bien comprendre que dans l’industrie, rien n’est donné ! Tout est fait par intérêt, et dans le nucléaire, l’intérêt peut être financier, politique ou industriel. Avec les français, les chinois ont récupéré des licences pour développer le CPR1000 (sur la base des 900) qu’ils construisent aujourd’hui seuls (et versent des droits à Areva, ce sera également le cas pour l’EPR). Mais ça n’empêche que 10 ans plus tard, ils reviennent toquer à la porte des français pour l’EPR ! Les chinois savent copier, mais l’innovation reste leur talon d’Achile. Vu leur ingénierie d’aujourd’hui, je ne serai pas étonner que dans 10-20 ans, le même scénario se reproduise. Sans oublier qu’en Chine, il y a plusieurs exploitants ! EDF et AREVA ne se gènent pas pour faire jouer cette « concurrence », puisque les différents acteurs industriels (principalement CNNC et CGNPC) ne partagent pas tout. Enfin, AREVA doit finalement être bien content de ces EPR chinois. Ils sont non seulement une vitrine industrielle (délais et budget respectés) et ces pojets (avec les tranches 3 et 4) ont certainement pesé dans la balance lorsque les chinois ont sorti leur porte monnaie pour le projet UK.
La coface est un assureur, il ne finance pas les contrats mais intervient seulement en cas de défaut du client. En l’occurrence, les Chinois devraient avoir les moyens de payer et n’ont pas plus besoin qu’on les aide à financer leurs centrales contrairement à d’autres. Bien sur, l’escroquerie de l’argument de Chelya, c’est que la Coface assure toutes les exportations françaises, quelque soit leur nature.
« reste à savoir si Areva pourrait vendre du nucléaire à la Chine sans les garanties de la COFACE portées par le contribuable français. » Rappelons que les garanties de la COFACE (Compagnie Française d’Assurance pour le Commerce Extérieur, l’Etat) se font sous la forme d’une assurance, pour laquelle Areva et Mitsubishi payent.
Est que dans tout ceci les chinois ne commandent toujours pas une suite aux deux premiers EPR, alors que pour les AP1000 américains, au delà des 4 déjà en construction, il y a déjà 8 de plus de prévus. Il est vrai que Westinghouse a accepté de leur céder presque tous les droits. Et vu les déclarations d’aujourd’hui le gouvernement français est complètement à la ramasse sur ce qu’il faut faire pour que les chinois lancent cette commande. Dans tous les cas ils construiront du nucléaire, mais que ce soit des EPR n’est visiblement pas gagné.
Les chinois ont déjà affiché leur volonté de construire deux EPR supplémentaires sur le site de Taïshan mais attendent qu’au moins un démarre. Vu que cela devrait se faire sous 2-3 ans. Ca leur permet de sécuriser l’investissement avec un délai acceptable.
J’avais déjà lu l’article en question, intéressant, mais ne change rien au fait que les Chinois n’ont pas l’intention de passer une commande ferme EPR pour l’instant, et le font pour les AP1000. Et pourtant d’après le calendrier annoncé pour l’instant, ça se joue à peu de chose près pour savoir lequel démarrera le premier, l’EPR de Taishan 1 garde des chances de démarrer avant le premier AP1000 de Sanmen 1 bien que celui ci soit plus petit et a démarré sa construction 6 mois plus tôt.
Ce que réalise Westing est très fort en terme de planning. Sortir une tête de série en si peu de temps est une prouesse industrielle. Cependant, une énorme différence subsiste entre les AP1000 et EPR chinois : L’AP1000 de Sanmen 1 est une tête de série ! Du coup, c’est au rythme des « exigences » de l’autorité de sûreté chinoise que la construction progresse. Pour l’EPR, les chinois ne se fatiguent pas trop : ils veulent la copie de FA3, y compris une partie des modifications imposées par l’ASN. Ca complique forcément la tâche, d’autant que l’EPR est beaucoup plus gros et complexe que l’AP1000, qui n’est qu’un deux boucles (petits joueurs ^^). Certains émettent d’ailleurs quelques critiques envers la sûreté de l’AP1000 (même en Chine !) : Quoi qu’il en soit, même s’il est certain qu’un engagement rapide ferait du bien (surtout pour le cash), vu l’ampleur du programme chinois, il y a largement la place pour plusieurs acteurs (avec Kepco et Rosatom). Il faut aussi relativiser l’intérêt financier de réacteurs supplémentaires, quand on voit que le réacteur 2 de Taïshan est déjà essentiellement du « made in china ». Avant Fukushima, « finir le premier » était vraiment un atout commercial et industriel. Aujourd’hui, l’intérêt est réduit (surtout que les deux réacteurs sont quasiment sur le point de démarrer) et les arguments marketing sur la sûreté jouent de plus en plus ! Surtout que ces deux réacteurs ciblent les marchés à hautes exigences de sûreté (Europe, US, …). Au final, l’AP1000 n’est validé qu’en Chine et aux US, alors que l’EPR lui, a déjà été validé par les autorités réputées les plus intransigeantes (STUK, HSE, NRC, ASN). Cela pourrait relever du détail pour certains marchés cela a de l’importance, surtout en Europe. Par exemple d’ici 2015, GDF et Iberdola devraient annoncer le réacteur qu’ils choisissent pour le site de Moorside en GB (3.6GW soit 2 EPR ou 3 AP1000). Si l’AP1000 ne valide pas le GDA très rapidement (ils ont d’ailleurs déjà eu qq soucis lien), ils n’auront du coup plus du tout le choix et opteront forcément pour 2 EPR (l’inverse serait de toute manière étonnant puisqu’AREVA est partenaire d’Iberdola dans l’éolien et de GDF dans l’éolien et le nucléaire turc puis l’EPR a déjà une longueur d’avance en GB). Au final, sur les grands marchés, une logique de dessine : – Westinghouse aux US (marché historique) et en Chine – Rosatom en Russie, en Chine et un peu en Europe (surtout à l’Est), – AREVA en Europe et en Chine. (si on considère la Turquie comme européenne plutôt qu’asiatique). – Kepco en Asie. Un marché important semble très incertain (à mes yeux) : l’Inde (le jour où ils se décideront ^^). Mais là aussi, l’ampleur du programme laisse penser qu’il y a suffisament pour en laisser un peu aux autres 😉
Je ne pense pas que la logique telle que dessinée soit exacte. On peut seulement dire que 1) sur leurs marchés historique les OEM restent maitres 2) sur les autres marchés, la compétition est importante avec 4 acteurs globaux (Rosatom, Kepco, T/W, et ponctuellement Areva). CNNC et CGN ne sont pas encore sortis de Chine. Actuellement l’AP1000 est en meilleure position que l’EPR (pb OL3, FA3 et bientot TSN !). Aussi évitons de dénigrer l’AP1000.
« Actuellement l’AP1000 est en meilleure position que l’EPR » je ne vois pas en quoi. L’AP1000 n’est présent que sur 2 marchés dont son marché historique, à savoir les US (où les restrictions juridiques pour les exploitants sont aussi un frein pour les autres concepteurs). Ce que Westinghouse a réussi en Chine sur ses premiers AP1000 reste un exploit industriel (sortir une tête de série en 6 ans, c’est vraiment fort !). Peut être que certains exploitants seront sensibles à cet argument, mais la question du licencing restent très sensible, surtout en Europe. Et cette étape peut prendre beaucoup de temps, comme en GB où le processus a pris plus de 5 ans pour l’EPR. Et aujourd’hui l’AP1000 est en retard sur ce point ! Je ne cherche pas à dénigrer l’AP1000, c’est simplement un constat sur les processus en cours. Par ailleurs, sur le plan purement commercial, l’AP1000 est vendu clé en main par Westing, sans support d’un exploitant. Ils se privent donc des marchés « émergents » (exemple : la Turquie, qui n’a pas l’expérience du nucléaire). L’EPR lui, peut être proposé clé en main (ex : OL3), ou avec l’appui d’un exploitant comme EDF (ex : UK, Chine). Les grandes faiblesses de l’EPR sont sa complexité et sa puissance (et par conséquent son coût et les délais qui vont avec). D’autant que les acteurs français ne disposent pas d’une force financière équivalente à celle des chinois, des japonais ou des russes, parfois nécessaire pour initier un projet (comme on a pu le voir en GB). Cela étant dit, malgré Fukushima, il devrait y avoir suffisament de place pour tout le monde sur les marchés déjà annoncés (Chine, Turquie, GB, …) et ceux qui devraient suivre (Inde, US, …) ! Surtout quand on voit que les marchés sont très souvent attribués sur des critères qui vont au dela des considérations purement technique/commerciales. Juste une question :qu’est ce qui vous fait penser qu’il y aurait des problèmes du côté de Taïshan ?
Quelques remarques : – Ici on ne parle pas de l’ATMEA, pourtant il peut souvent répondre aux questions de complexité, de financement, et aussi d’intégration dans le système électrique. Même l’Angleterre est obligée de modifier ses règles de capacité de réserves pour recevoir les 1,6GW de l’EPR. – C’est aussi ces mêmes points qui rendent souvent l’AP1000 attrayant. D’ailleurs l’actualité toute récente d’aujourd’hui AM est qu’ils ont gagné en Bulgarie, et vont donc compléter les 2 VVER existants de capacité très proche. Et apparement ils sont assez bien placés chez les Tchèques. – L’EPR doit donc démontrer être moins cher au MW qu’un réacteur plus petit pour exister. Ce n’est pas gagné pour l’instant, en particulier quand on voit Hinkley. – On ne parle pas ici explicitement du moyen-orient pourtant c’est un marché absolument majeur, dont les besoins électriques sont en croissance rapide, et à chaque fois que pétrole/gaz augmentent d’1 €, c’est pour eux simultanément 1€ d’amélioration du différentiel prix du nucléaire et de gain pour son financement. – A coté des grands et gros marchés, la WNA identifie un nombre très significatif de plus petits pays qui s’intéressent au nucléaire. La tendance qui se dessine, tout à l’opposé de ceux qui déclarent le nucléaire mort, est d’un nombre significatif de pays qui n’en ont jamais fait qui ont vraiment envie de se lancer. Mais il leur reste dans l’ensemble difficile de trouver une solution dans laquelle ils soient suffisamment accompagné et pris en main. De ce coté je pense qu’il faut une stratégie de rupture et qu’avec tous les pays qui ont un accès à la mer, on a une carte très intéressante à jouer, celle-ci :
– oui il y a aussi l’ATMEA qui est au catalogue AREVA. Mais il me semble impensable qu’EDF le propose un jour, étant donné qu’ils ont quand même largement contribué au design de l’EPR et que ce réacteur constitue leur « vaisseau amiral » pour l’export. Le marché turc était un peu inesperé et l’ATMEA doit sa « victoire » grâce à sa certification au séisme ! Ce contrat pourrait permettre son décollage commercial (après la déconvenu jordanienne), surtout si GDF s’y associé en offre intégrée. – Pour la Bulgarie, j’ai l’impression que l’AP1000 était le seul réacteur en lice. Les Russes avaient déjà été désignés pour le site de Belene (soit dit en passant, AREVA est aussi partenaire de ce projet : lien). – pour la rep tchèque, ce serait une surprise totale que ce ne soit pas les russes (en partenariat avec le tchèque Skoda), qui remportent l’appel d’offre ! Les dés de ce marché ont été pipés dès le départ, mais c’est là les aléas du nucléaire. – Il y a effectivement beaucoup de pays « émergents » qui souhaiterait accéder aux nucléaires. Mais comme je l’ai dit plus haut, l’AP1000 ne se présente pas, car contrairement aux offres coréennes, russes, françaises, ce réacteur ne fait partie d’aucune offre intégrée (avec un exploitant partenaire). Ca réduit forcément les possibilités. Puis comme en turquie, au final, le gateau était assez gros pour le partager en deux (moitié russe, moitié français). A ce petit jeu, AREVA dispose a présent de deux partenaires de poids : EDF et GDF ! Ca multiplie les possibilités. Quoi qu’il en soit, avec son modèle intégré, AREVA a quasiment toujours un intérêt, de près ou de loin, dans un projet nucléaire, même si ce n’est pas un de ses réacteurs qui est choisi. Au final, AREVA a conçu 1/4 des réacteurs dans le monde, mais intervient sur plus de la moitié !