“Oubliez Fukushima : place au divertissement pour faire diversion”

L’État japonais a décidé de séduire le Comité International Olympique (CIO) pour entraîner le pays entier dans "une liesse d’insouciance".

Une posture qui fait grincer des dents la députée européenne du parti écologiste EELV, Michèle Rivasi, car selon elle, les bonnes vieilles recettes ne changent pas : "pour détourner l’opinion publique d’enjeux importants et de long terme, l’Empire romain employait déjà le cirque comme arme de diversion massive."

"La semaine dernière le gouvernement japonais et Tepco ont entamé une danse du ventre assez invraisemblable. Pendant que Tepco se livrait à un exercice de communication plus que choquant concernant la situation ‘contrôlée’ à Fukushima, le gouvernement japonais débloquait (enfin!) 360 millions d’euros pour tenter d’endiguer la fuite quotidienne de 300 tonnes d’eau extrêmement contaminée dans l’océan Pacifique. Dans le même temps, les officiels japonais s’employaient à convaincre le conclave du CIO que le risque nucléaire était maîtrisé. Tous ces évènements ne seraient que pure coïncidence, un hasard fortuit comme le disent les officiels japonais? Comment ne pas s’offusquer d’une telle mascarade? Personne, car la bienséance veut que l’on laisse les Japonais sortir de cette crise coûte que coûte" a t-elle dénoncé.

Avant d’ajouter : "Alors que la situation est intenable à Fukushima et que l’État japonais se refuse toujours à laisser la communauté internationale intervenir pour la sécurité mondiale, le gouvernement annonce la création d’un fonds spécial de 4,5 milliards d’euros pour les JO. Pendant ce temps, Tepco tente de réparer avec des bouts de ficelle et sous-investit dans la sécurité du site de Fukushima. Nous ne savons même pas quelle sera la situation là-bas en 2020, alors comment peut-on accepter de la laisser traîner ainsi ? (…) Les retombées radioactives de Fukushima continuent et les Japonais sont obligés de mesurer eux-mêmes la radioactivité de leurs aliments s’ils veulent s’assurer de manger sainement.Comment vont faire les athlètes sur place? Accepteront-ils de se mettre à la diète radioactive ? Les délégations nationales feront-elles confiance à un gouvernement qui n’a jusqu’ici pas protégé correctement sa population ?".

Et de conclure : "Si cette décision d’attribuer les Jeux Olympiques à Tokyo est irrévocable, alors profitons-en pour clarifier la situation à Fukushima. C’est pourquoi je demande à l’ensemble des membres du CIO, ainsi qu’au président de la Commission européenne et du Parlement européen, de faire pression sur le gouvernement japonais afin qu’une délégation internationale d’experts et d’élus soit dépêchée à Fukushima afin d’aider à la compréhension de la situation, des problèmes afférents et des solutions à y apporter. Je vais d’ailleurs lancer une initiative allant dans ce sens cette semaine: sans poser de telles conditions préalables, nous serions tous complices d’une situation politique inacceptable. Il n’y a pas qu’une crise nucléaire au Japon, il y a une crise politique, une volonté d’étouffer toute contestation contre la reprise du programme nucléaire."

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Tech

obliger les membres du CIO et leurs familles à s’installer à fukushima jusqu’ à la date des jeux!

Devoirdereserve

Pour info, la FIS avait déjà organisé à Fukushima même une étape du circuit de la coupe du Monde de ski Freestyle. La brochure officielle avec les cartes de dosimétrie est ici. Quelques images ici. On peut penser ce qu’on veut des J.O., mais globalement les montagnards en général (dont les Freestyler) ont une conscience environnementale plutôt aigüe. Le discours de Mme Rivasi s’apparente à jetter un mauvais sort aux Japonais. Maudire, c’est dire du mal. En enfermant tout le Japon dans l’image d’un espace irrémédiablement contaminé, potentiellement destructeur de toute l’Humanité, elle entretien la crise psychologique. Or, il n’y a pas de population dans les zones où la contamination présente un risque sanitaire. Le périmètre de ces zones est réduit, mois après mois, comme Enerzine le relate régulièrement. Certes, on peut questionner le niveau de contamination des marchandises et/ou productions agricoles issues des zones voisines. Mais les solutions existent et sont simples : il suffit de contrôler leur activité, comme cela est fait par exemple dans les ports, aéroports, dans les décharges de déchets etc. : là aussi Enerzine relate des histoires de détection inattendues de produits contaminés. Nier les solutions, c’est condamner les populations à cesser toute activité économique, les frapper d’oprobre, les isoler… Surtout dans une société comme le Japon ! Et les gens jetés dans la misère, deviennent des victimes réelles d’effets sanitaires réels. Tandis que les habitants de villes plus au nord, comme Sendai, où des centaines de milliers de personnes ont été déplacées, sans abri, à cause du seul tsunami, ont pu se relever, malgré des nombres de morts et de victimes considérables. En ce sens, les J.O. sont une bénédiction : l’occasion de relancer l’activité collective et économique, projeter de l’optimisme, regarder l’avenir. Voilà le travail du Politique. Le gouvernement est pleinement dans son rôle en conjurant la malédiction jetée par Mme Rivasi.

Kiki

Je suis d’accord avec Michèle Rivasi. Tokyo est contaminée comme Kiev en Ukraine. Association pour le Contrôle de la Radioactivité de l’Ouest ↓

christiana

Encore une fois, on voit qui joue au marchand de peur. Mme Rivasi est dans son rôle.