Polémique autour du bioéthanol japonais

Alors que la mise en vente de biocarburant va débuter ce 27 avril dans 50 stations service de Tokyo, la polémique autour du bioéthanol japonais ne fait qu’augmenter.

A partir de cette fin de semaine, il sera possible pour les habitants de Tokyo de se procurer du biocarburant dans 50 stations essences. Cette initiative sera étendue au mois d’août à la région d’Osaka où le biocarburant pourra être vendu à des municipalités ou à des entreprises privées.

La forme de biocarburant promue par le gouvernement japonais est un mélange direct d’essence à 97% et de bioéthanol à 3%. Le biocarburant sera vendu au même prix que l’essence jusqu’en 2008 grâce aux subventions publiques prévues à la promotion des énergies renouvelables. A partir de 2009, le prix du biocarburant dépendra du cours du bioéthanol. Actuellement, le litre de bioéthanol coûte 30 yens (20 centimes d’euro) de plus que celui d’essence.

Cette campagne de promotion est très mal vue par la Petroleum Association of Japan (PAJ) qui commercialise d’ores et déjà une autre forme de biocarburant, un mélange d’essence et d’ETBE (Ethyl Tertio Butyl Ether) obtenu à partir de bioéthanol. La PAJ prévoit de développer son réseau de distribution en fournissant 100 stations service dans la région de Tokyo pour 2008.

La PAJ affirme que le bioéthanol se lie facilement avec l’eau et qu’il peut de ce fait devenir corrosif s’il se sépare de l’essence. Elle encourage donc la diffusion de la formule contenant l’ETBE. Le gouvernement qui a réalisé des études préliminaires entre 2005 et 2006, assure au contraire que le mélange direct avec le bioéthanol est stable et que sa distribution ne peut causer de dommages aux équipements.

Au niveau mondial, les Etats-Unis, la France ou la Chine ont choisi l’incorporation directe de bioéthanol, et il semblerait que les pays européens qui avaient préféré l’ETBE aient changé de position. Le vice-ministre de l’environnement japonais déclare que "chacune des formes de biocarburant peut se diffuser librement" mais que, le Japon étant en retard dans ce domaine, "il serait plus efficace de diffuser le mélange direct puisque c’est dans ce sens que va la norme internationale".

Par ailleurs, des ONG telles que FoE Japan ont alerté le gouvernement du risque environnemental et agronomique que représentait la diffusion de bioéthanol, produit actuellement à partir de canne à sucre et de maïs. Elles craignent la surexploitation des terres agricoles ou pire encore une pénurie de denrées alimentaires comme cela est arrivé pour le maïs américain dont le prix a doublé en un an, provoquant une crise alimentaire au Mexique. Elles souhaitent donc que ce soit la biomasse non-alimentaire qui soit utilisée prioritairement dans la production de bioéthanol.

Le Japon s’est engagé dans le protocole de Kyoto à diminuer ses émissions de CO2 de 6% d’ici 2012. Il est alors nécessaire que d’ici 2010, 500 millions de litres de carburant soient verts. L’objectif de la PAJ est de commercialiser 210 millions de litres. Même en rajoutant la part subventionnée par l’Etat, le Japon n’atteindra pas ses objectifs. Il est donc grand temps de mettre en place une initiative nationale efficace.

 
BE Japon numéro 441 (27/04/2007) – Ambassade de France au Japon / ADIT – http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/42482.htm

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