Projets énergétiques : les dépassements pourraient coûter des milliards

En interrogeant plus de 60 cadres dirigeants du secteur de l’énergie, responsables de projets d’investissement d’au moins 1 milliard de dollars dans 21 pays, le groupe Accenture estime dans son étude que les retards et les dépassements de budgets des projets d’investissement pourraient se traduire par des pertes de plusieurs milliers de milliards de dollars pour les compagnies pétrolières, gazières et les Utilities (fournisseurs d’électricité, de gaz et d’eau).

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit près de 38 000 milliards de dollars d’investissement cumulé dans des projets à l’échelle internationale d’ici à 2035*, principalement pour entretenir les installations existantes telles que les oléoducs et les réseaux électriques et pour construire de nouvelles infrastructures.

L’Innovation Center for Energy and Utilities d’Accenture a réalisé cette étude dans le but d’évaluer le montant du surcoût pour les compagnies pétrolières, gazières et les Utilities en cas de non-respect des délais et des budgets des grands projets d’investissement. S’appuyant sur des hypothèses prudentes, Accenture estime que les dépassements de budgets pourraient représenter environ 13 % de l’ensemble des budgets des projets d’investissement du secteur de l’énergie, soit 5.000 milliards de dollars sur les 38.000 milliards envisagés par l’AIE.

Pour échafauder ses hypothèses, Accenture se réfère aux informations suivantes : seules 34 % des personnes interrogées ont déclaré avoir mené à bien l’ensemble des projets dans une fourchette de 25 % du budget prévu et moins d’un tiers (32 %) affirment avoir respecté les délais.

Invités à nommer les obstacles au lancement des projets dans les temps, les répondants ont le plus souvent cité les exigences réglementaires (49 %) et la disponibilité de la main d’œuvre et des compétences (25 %).

« La taille et la complexité toujours croissantes des grands projets engendrent des difficultés supplémentaires pour les entreprises du secteur de l’énergie et ce dans le monde entier, affirme Jean-Marc Ollagnier, directeur général monde d’Accenture en charge des secteurs de l’énergie et des ressources naturelles. Il est vital pour ces dernières d’intégrer dans la gestion de ces projets une stratégie de leur gestion du capital humain et des relations avec les fournisseurs et autres parties prenantes. »

Accenture formule différentes recommandations qui visent à optimiser la planification en amont, développer et fidéliser les talents et améliorer la transition entre la phase de construction et la mise en service de l’infrastructure opérationnelle. Ces recommandations, basées sur les résultats de l’étude et l’expérience d’Accenture auprès de ses clients du secteur de l’énergie, portent sur :

· La gestion des risques. Les risques ne sont pas isolés : un problème rencontré sur une partie du projet affecte souvent d’autres parties ; c’est pourquoi il est primordial de disposer d’informations complètes et transverses. Les entreprises doivent adopter une démarche rigoureuse d’évaluation des risques – tant au niveau d’un projet que du portefeuille de projets – ainsi que des procédures strictes de suivi et de limitation des risques.

· La collaboration accrue avec les fournisseurs. La hausse des coûts de construction des installations accroît la pression pour atteindre l’excellence opérationnelle. Les Utilities, par exemple, font appel à des sociétés spécialisées dans les contrats EPC (engineering, procurement, construction) pour la réalisation de projets clés en main. Quel que soit le nombre de sous-traitants ou de fournisseurs, il convient de décider dès le début de la planification des modalités de collaboration et des méthodes de transfert de données.

· L’analyse des données. Les entreprises doivent se doter des capacités adéquates pour pouvoir collecter et exploiter les données dont elles disposent à tous les niveaux. A un premier niveau, il s’agit déjà de pouvoir comparer les devis des projets précédents, d’examiner les écarts de budget et d’identifier les raisons de ces écarts pour éviter de les reproduire.

· Le cycle de vie du projet. L’un des domaines clés à améliorer est le passage de la phase de construction à l’entrée en fonctionnement de l’installation. Cette transition requiert une meilleure collaboration entre les équipes, entre celles responsables de la planification et de la construction jusqu’à celles en charge de la réalisation et de la mise en service du projet.

· Le recrutement. La mise en place le plus tôt possible d’une stratégie de recrutement des talents est indispensable. Plusieurs facteurs doivent être pris en compte dont l’encadrement, la culture et la structure organisationnelle.

« Pour faire face à ces grands projets d’investissement, les entreprises du secteur de l’énergie vont devoir absolument continuer à travailler au développement des talents, à l’augmentation de la réserve de main d’œuvre et à l’acquisition de compétences dans la direction de projet, la construction et la gestion d’infrastructures », souligne Jean-Marc Ollagnier.

Méthodologie de l’étude

Réalisée par L’Innovation Center for Energy and Utilities d’Accenture, l’étude a été pilotée par un comité de direction dirigé par Lord John Browne of Madingley et des cadres de grandes entreprises industrielles. Le rapport s’appuie sur des interviews téléphoniques réalisées entre novembre 2011 et février 2012 auprès de 61 cadres du secteur du pétrole, du gaz et des Utilities. Toutes les personnes interrogées sont des cadres dirigeants et des décideurs ou des personnes influentes amenées à prendre des décisions liées à la gestion des projets d’investissement de leur entreprise – des projets dotés d’un budget de 1 milliard de dollars minimum et nécessitant plus d’un an de travaux. Les projets d’investissement du secteur de l’énergie concernent une vaste gamme d’opérations dans l’amont, les oléoducs, le gaz naturel liquéfié, le raffinage et la chimie. Les personnes interrogées sont originaires des pays suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie Saoudite, Brésil, Canada, Chine (y compris Hong Kong), Danemark, Emirat Arabes Unis, Espagne, Etats-Unis, Finlande, Grèce, Hongrie, Inde, Irlande, Italie, Pays-Bas, Portugal, Singapour, Suisse, Royaume-Uni.

*World Energy Outlook 2011© OECD/International Energy Agency 2011.

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