Quand l’or noir libère un gaz bien plus dangereux

Quand l'or noir libère un gaz bien plus dangereux

La récente étude dirigée par l’Université de Stanford met en lumière les émissions de méthane issues des opérations pétrolières et gazières aux États-Unis, révélant des chiffres bien au-delà des estimations gouvernementales. Cette recherche souligne l’importance cruciale d’une évaluation précise pour la lutte contre le changement climatique.

Un constat alarmant sur les émissions de méthane

Les opérations pétrolières et gazières à travers les États-Unis libèrent plus de 6 millions de tonnes de méthane par an, un gaz à effet de serre dont l’impact sur le réchauffement climatique est bien documenté. Ces émissions, résultant à la fois de fuites intentionnelles et accidentelles, représentent une perte de valeur commerciale estimée à 1 milliard de dollars pour les producteurs d’énergie. Lorsque l’on prend en compte les dommages économiques et sur le bien-être humain, le coût annuel s’élève à 10 milliards de dollars.

L’étude, basée sur environ 1 million de mesures aériennes dans six des régions les plus productives des États-Unis, montre que les estimations actuelles des émissions et de leurs coûts sont environ trois fois supérieures aux niveaux prédits par le gouvernement américain. Ces régions incluent le bassin Permien et Fort Worth au Texas et au Nouveau-Mexique, le bassin de San Joaquin en Californie, le bassin de Denver-Julesburg au Colorado, la section de Pennsylvanie du bassin des Appalaches, et le bassin d’Uinta en Utah.

Des disparités régionales préoccupantes

Les émissions dans trois des six régions étudiées étaient bien au-dessus des valeurs attendues, avec le Nouveau-Mexique se détachant comme le plus grand émetteur. Cependant, certaines régions ont montré des taux d’émission bien inférieurs aux estimations nationales, suggérant que l’adoption de bonnes pratiques peut réellement réduire les émissions de méthane.

Le méthane se décompose plus rapidement que le dioxyde de carbone, mais il est environ 80 fois plus puissant que le CO2 pour piéger la chaleur dans notre atmosphère durant ses premières 20 années. Les dommages climatiques des 6 millions de tonnes de méthane émises annuellement sont comparables aux émissions de carbone de toutes les utilisations de combustibles fossiles au Mexique pendant un an.

Des yeux dans le ciel pour une meilleure compréhension

En démontrant que les fuites coûtent à l’industrie plus d’un milliard de dollars par an, les chercheurs espèrent attirer l’attention des producteurs et les motiver à stopper volontairement les émissions dans leurs installations comme mesure d’économie. De plus, cette étude souligne que moins de deux pour cent des émetteurs sont responsables de 50 à 80% des émissions dans toutes les régions étudiées, à l’exception du bassin de Denver-Julesburg au Colorado et du bassin d’Uinta en Utah.

La recherche combine des mesures aériennes directes avec un outil de simulation des émissions pour estimer les émissions trop petites pour être détectées de manière fiable par les avions. Cette méthode offre une voie vers une amélioration significative des inventaires d’émissions, essentielle pour suivre les réductions d’émissions critiques pour les engagements nationaux de mitigation.

Cette étude met en évidence la nécessité d’une évaluation précise des fuites de méthane pour prédire les impacts du changement climatique et vérifier les réductions d’émissions. Elle appelle à une action ciblée sur un nombre relativement restreint d’opérations pour obtenir des bénéfices considérables dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Légende illustration : Les chercheurs ont utilisé deux approches différentes mais complémentaires pour mesurer les émissions de méthane provenant d’installations spécifiques à l’aide de capteurs aéroportés. (Crédit d’image : Carbon Mapper)

Article : “US oil and gas system emissions from nearly one million aerial site measurements” – DOI: 10.1038/s41586-024-07117-5

[ Rédaction ]

         

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