Rivasi : “malheureusement, encore une fois, la complaisance a été de mise”

Mardi matin, la Commission Industrie, Recherche et Énergie (ITRE) du Parlement européen a voté le rapport Romana JORDAN révisant la directive européenne sur la sûreté nucléaire.

Pour les écologistes, le Parlement s’est encore illustré dans sa "complaisance inégalable" à l’égard de l’industrie nucléaire, alors qu’il avait pourtant l’occasion d’adresser "un signal fort" à la Commission et aux États membres.

Pour Michèle Rivasi, eurodéputée EELV et co-rapporteure du projet de directive, les représentants du peuple européen n’ont pas rempli leur rôle de contrôle : "Face au danger potentiel que représente l’industrie nucléaire, les parlementaires doivent exiger le maximum de garanties pour empêcher le pire d’arriver. Malheureusement, encore une fois, la complaisance a été de mise et les autorités de sûreté nucléaire (ASN) n’auront pas les compétences nécessaires pour empêcher les opérateurs de prendre des risques insensés".

"Sur ce texte, comme sur l’ensemble des textes touchant au nucléaire, le Parlement européen ne bénéficie pas de la codécision, il n’est que consulté: nous avions demandé un changement de base juridique remettant en cause le Traité Euratom, nous avons perdu. Et alors que la Commission nous proposait un texte peu contraignant, la rapporteure a encore réussi à l’affaiblir. La Commission proposait que l’ASN soit clairement séparée de toute entité s’occupant de la promotion ou utilisation de l’énergie nucléaire ou de la production d’électricité, finalement la séparation ne sera que juridique".

"La commission ITRE s’assoit par ailleurs sur la résolution du Parlement européen de mars 2013 sur les stress tests. Le Parlement reconnaissait les besoins d’amélioration de sûreté à la lumière des stress tests effectués, pourtant ceux-ci ne seront pas forcément suivis d’effets car il faudra désormais prouver que les investissements réalisés ont un impact mesurable sur la sûreté au regard des sommes investies. Aussi, si la revue par les pairs constate des défaillances, les mesures de sûreté n’auront pas à être mises en œuvre immédiatement. Et puisque la Commission ITRE a refusé que les ASN soient dotées d’un véritable pouvoir de sanction, elles ne seront pas capables de contraindre les opérateurs efficacement".

"On pourrait se réjouir de l’inclusion d’une référence à la Convention d’Aarhus sur la participation du public au processus décisionnel, mais les amendements que nous avions déposé pour favoriser la participation du public ont été rejetés. Plus que contradictoire. Pire, la proposition d’inclure des experts indépendants de la société civile dans les revues par les pairs (1) a été rejetée. Ce vote représente finalement très bien l’image que tout un chacun a du nucléaire: un milieu fermé, hermétique à tout contrôle extérieur et à tout droit de regard des citoyens".

(1) Les revues par les pairs sont des contrôles effectués par des experts de pays tiers.

         

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Bomberos

Michele Rivasi parle de complaisance de la commission ITRE à l’égard de l’industrie nucléaire. Il ne s’agit plus de complaisance mais de corruption. Quand on connait le nucléaire au vu des catastrophes passées, présentes ou à venir on ne peut être que contre cette énergie mortifère. Si on est pour c’est que l’on “travaille” pour cette industrie.

Stocharbi

Si on qualifie le nucléaire d’énergie mortifère,que dire alors du charbon,lignite,pétrole,gaz,conventionnels et non conventionnels,qui sont chacun encore bien pires au niveau pollution et innombrables morts et maladies engendrés,que ne le sera jamais l’électronucléaire dans toute son histoire.

jmdesp

Rivasi parle d’expert indépendants de la société civile, en réalité ce qu’elle souhaite n’est pas des expert indépendants mais des experts intrinséquement liés aux ONG qui ont fait de leur opposition totale au nucléaire un leitmotiv inébranlable. On le voit bien à travers le témoignage de quelques anciens de Greenpeace qui disent que le jour où ils ont commencé à douter de la position de l’ONG sur le sujet, ils savaient qu’ils était temps pour eux d’en partir, qu’ils ne pourraient jamais exprimer librement cette idée en restant dans le groupe. Elle déclare que si la revue par les pairs constate des défaillances, elles ne pourront être corrigées. En réalité, si la défaillance est réelle, la corriger aura automatiquement un impact mesurable sur la sûreté, et justifier les fonds ne posera pas de problème. Par exemple l’ASN n’a pas eu de difficulté à exiger qu’EDF renforce le radier de Fessenheim, ni ne crée la FARN, ni ne place des diesels d’ultime secours. Et au fait, où sont passées les déclarations des écologistes d’il y a quelques années comme quoi ce renforcement à Fessenheim était impossible, et donc que la fermeture s’imposait ? Le débat sur le fond est toujours les même, arriver à mettre un niveau d’exigence impossible sur le nucléaire, et ne jamais exiger la même chose des autres industries dangereuses, comme le charbon ou la chimie. Au total, un tel déséquilibre entre ce que l’on demande d’un coté et de l’autre renforce le risque, puisqu’on va finir par privilégier le coté le plus facile, même s’il est en réalité plus risqué. Il y a quelques jours une violente explosion de gaz tuait 6 personnes à New York, on se souvient de Reims l’an dernier en France, ces incidents sont en réalité aussi constant que vite oublié et font au final plus de morts qu’un Fukushima dont la médiatisation est disproportionnée au nombre de victimes réelles.

Zenattitude

Je lis ” mortifères ” Si l’on cumule les morts du nucléaire on arrive a combien ? ( TMI + tchernobyl + fukushima ) pour le charbon et les mines ? pour le gaz ? J’ai lu un chiffre sur le nombre de morts dans les accidents de la circulation …je n’ose meme pas vous le donner tellement il est grand … recherchez ! Les morts n’ont pas tous la meme valeur ….

Dan1

C’est vrai que la valeur des morts est extrèmement variable selon les causes. Et on peut dire qu’un mort nucléaire, ou mieux un mort de radioactivité nucléaire est bien mieux reconnu qu’un mort du charbon… même si c’est à cause des particules. Donc à choisir sa mort, autant que ce soit à cause de radioactivité nucléaire car on a l’assurance d’être connu et reconnu. Tout est fonction du fameux coefficient de pondération médiatique :

Stocharbi

…J’ai lu un chiffre sur le nombre de morts dans les accidents de la circulation … Et n’oubliez pas non plus:Alcool, tabac, cocaine,héroine,mdma,etc….Là aussi vous n’oserez meme pas le donner tellement il est grand … recherchez encore! Vous qui vous sentez si Zen .

alain38

@ Mme Rivasi Madame : si vous étiez honnête, vous ajouteriez qu’aucun de vos reproches ne s’adresse à la France, pays que vous devez pourtant bien connaître. En effet : – L’ASN de notre pays est totalement indépendante, et pas seulement juridiquement, de l’exploitant et même du pouvoir exécutif (c’est bien ce qui ennuie Hollande, qui ne peut arrêter Fessenheim, quand l’ASN le peut) – L’ASN française est pourvue d’un pouvoir de sanction vis-à-vis de l’exploitant qui n’obéit pas à la réglementation ou à ses mises en demeure – La transparence de l’industrie nucléaire est totale dans notre pays : tout écart est déclaré et mis en ligne, le public a donc accès à ces informations ; les comptes-rendus d’inspection de l’ASN et ses conclusions sont également accessibles au public sur internet. Des commissions (CLI) où participent les élus locaux sont en charge du suivi de l’exploitation des centrales et de l’information du public, et il y a une CLI auprès de chaque centrale. Pour ma part, je suis outré de voir comment EELV et ses représentants ne cessent de mentir sur la réalité du nucléaire en France. Il serait souhaitable qu’il existe une instance nationale ou supranationale qui contrôle les affirmations de ces responsables politiques, et les sanctionne quand elles mentent ou agissent contre l’intérêt général.

pierreerne

Les écolos sont des trouillards compulsifs. Si vous analysez bien leur discours, vous constaterez que celui-ci est essentiellement animé par la peur : peur des gens, peur des objets, peur de l’avenir. Ils transpirent de peur, et essaient de conjurer cette peur en la communiquant aux autres personnes.

Dan1

Je crois qu’on ne peut plus faire confiance au nucléaire. En effet, malgré les accidents gravec nous ne sommes plus très sûr qu’il soit mortifère :

christiana

Tout fout le camp. De toute façon, on est déjà morts à cause de Fukushima, non?

Dan1

On avait déjà plus confiance dans le nucléaire, mais là je crois qu’il est définitivement hors jeu : C’est l’hécatombe. La pollution extérieure et intérieure aurait fait 7 millions de morts en 2012. Mais il faut surtout remarquer que ce serait le double de 2008. A ce rythme de croissance là on va tous mourir avant la fin du siècle. Et le pire c’est qu’on meurt plus à l’intérieur de la maison qu’à l’extérieur. Vous vous rendez compte pendant la durée de vie d’un réacteur nucléaire (mettons 40 ans), la pollution aurait fait 280 millions de morts. A ce rythme là, comment voulez-vous que le nucléaire soit compétitif avec un accident tous les trente ans et des promesses de cancers pas toujours tenues. M’enfin faudra s’y résigner, c’est pas avec le nucléaire électrogène qu’on réglera le problème des retraites. D’autant qu’en France, les 12 000 milliards de kWh déjà produits ont permis d’économiser l’émission de 12 milliards de tonnes de CO2 et de pas mal de tonnes de particules (par rapport à une solution charbon). Heureusement qu’on a le diésel. Mais même là, je commence à avoir des doutes car apparemment ça meurt comme des mouches dans des pays où il n’y a pas autant de diéel qu’en France. Alors on meurt de quoi dans le monde aujourd’hui ?